Mise à jour le 18 décembre
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Se procurer les moyens de ses intentions

Une série de rencontres organisées par les actionnaires du mouvement créole haïtien : Sosyete Koukouy Monreyal - Kanada

par Marie Flore Domond

Quiconque banalise le fondement de la créolité haïtienne fait fausse route, semble t-il. Selon un des organisateurs du colloque littéraire qui a eu lieu à la Maison d’Haïti le 8 juillet 2006, « lang pa inosan » / « une langue n’est guère innocente ». C’est ce qu’a fait ressortir Emmanuel Eugène alias Manno Ejèn, le maître de cérémonie, à l’ouverture de cet événement. L’ancrage de l’inoffensivité du créole haïtien précisément annonçait un exposé complexe, pour ainsi dire parabolique, du professeur Maximilien Larochede l’Université Laval.

Le second panéliste n’était autre que Michel-Ange Hyppolite, un membre actif de la Sosyete Koukouy. Maggy Métellus, la grande diseuse et femme engagée de la communauté, assurait le rôle de modérateur lors de la séance des échanges.

Emmanuel Eugène n’a pas raté l’occasion de faire valoir son point de vue à l’effet qu’il n’hésite pas à organiser ce genre d’activité avec d’autres collaborateurs tels : Edisyon Lagomatik, Société paroles, Magluv Communications, Édition Mémoire d’encrier, Édition Sorhica, Éditions Cidihca, Maison d’Haïti, dans l’espoir de se procurer les moyens et pour pouvoir concrétiser des intentions communes. Suite à plusieurs interventions pertinentes des conférenciers, les assistants pouvaient procéder au principe d’échanges nommé en créole braselide.

Le premier intervenant, Michel-Ange Hyppolite, a fait mention de l’oraliture de l’époque précolombienne qui est à la base des trois grandes périodes de la littérature créole. Ceux qui veulent en savoir davantage sur cette époque, peuvent se référer aux travaux littéraires de Saint-John Kauss (La poésie haïtienne d’expression créole, in Le Nouvelliste, 10-11 novembre 1998 ; in Les Cahiers de Poésie, nos 6-7, France, 2006) et à l’ouvrage collectif sur Jacques Stéphen Alexis (Présence de Jacques Stéphen Alexis, Publication du CRESFED - Centre de recherche et formation économiques et sociales pour le développement, Port-au-Prince, sans date de parution).

En ce qui concerne l’évolution des périodes énumérées, on peut retenir la période d’imitation située dans l’émergence de la fondation de la Capitale d’Haïti, Port-au-Prince, en 1749), la période d’autonomie qui a débuté dans les années 1950 et qui s’est terminée en beauté avec l’officialisation de l’orthographe du créole haïtien en septembre 1979, sans oublier le programme bilingue qui a eu une incidence sur le plan de la production. De 1980 à nos jours, on identifie la période d’orientation où les groupes, les écoles expérimentent leur idéologie propre en tout genre (la poésie, le roman, le théâtre, etc.). L’intervenant prévoit une période de défi à multiples vitesses. En premier lieu, la vulgarisation ; et, en second lieu, le défi des nouvelles catégories des histoires-contes, des histoires courtes, des histoires tout simplement, de la philosophie et des lettres (correspondances), sans oublier le défi du renouvellement de la poésie dans un contexte socioculturel, le défi de faire avancer ou accepter la littérature créole dans les écoles, le défi de cibler les lieux et types de rencontre afin d’assurer le relais de la nouvelle génération.

L’intervention du professeur Maximilien Laroche était particulièrement intéressante. Car elle comportait plusieurs volets de réflexions. L’écrivain- observateur avait choisi pour thème de discussion l’ambivalente situation dans laquelle est plongée Haïti : son pays d’origine, visiblement sous développée, a-t-il relaté, mais qui manifeste toutes les caractéristiques d’un pays post-moderne. De fil en aiguille, il est parvenu à définir le « prensip marasa nan kreyasyon litérè kreyol » (sèvi ak de men, sèvi ak de je). Que peuvent signifier, selon vous, ces énoncés paraboliques ? C’est l’application du principe de la vigilance de chaque écrivain à travers LA DOUBLE SCÈNE DE LA REPRÉSENTATION. C’est d’avoir du flair, de savoir analyser toutes les perspectives en hauteur et en profondeur, en longueur comme en largeur. Il s’agit pour le créateur de prendre conscience de sa situation, de définir ses droits et ses responsabilités.

Le professeur a en outre souligné que, dans le processus de la création et de l’invention, il existe la malicieuse manœuvre de l’ostracisation, un phénomène d’exclusion des créateurs entre eux que le chanteur Marc Yves Volcy surnomme la conspiration du silence. Il était temps que quelqu’un du milieu explique en dévoilant ce cynique mécanisme dans l’intérêt de la communauté littéraire, cette dimension étant déjà trop répandue. Cependant, a-t-il ajouté, le rejet ou le mépris des œuvres d’un auteur ne veut pas nécessairement dire que son produit soit insignifiant. Il arrive que l’injustice soit réparée tardivement, d’autres fois que la victime sombre dans l’oubli. Telle est l’impitoyable loi de la sélection manipulée par des écrivains-diffuseurs.

Pour conclure, il a établi la différence entre les facteurs de la mode et la beauté en signalant que la mode peut être éphémère tandis que la beauté a une destinée beaucoup plus durable, voire permanente.

« Lamòd pase, bèlte rete ».




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