Enseignant, chanteur, comédien, dramaturge, écrivain et peintre, Frankétienne a été sélectionné, en août 2006, comme le nouveau récipiendaire de ce prix pour la culture et le développement, d’un montant de 25.000 euros.
L’écrivain Frankétienne est l’un des onze lauréats du Prix Prince Claus en Hollande, attribué également au designer graphique iranien Reza Abedini. Ce prix rend hommage à Frankétienne « pour tout ce qu’il a accompli dans le domaine artistique, dans un contexte politique d’une grande complexité », déclare Joop Van der Laar, chargé d’affaires à l’ambassade des Pays-Bas en République dominicaine.
Un homme, une oeuvre
Ce prix récompense l’usage poétique que Frankétienne fait de la langue, « son engagement en faveur des langues locales et l’importance de sa contribution exceptionnelle à la littérature et à la culture régionales », révèle le chargé d’affaires.
Ce créateur est non seulement « un artiste mais un penseur parce qu’il a contribué à l’émergence de la culture contemporaine. Cette grande voix de la Caraïbe représente toute une conscience nationale », ajoute Joop Van der Laar.
En cette occasion, le ministre de la Culture et de la Communication, Daniel Elie, a adressé quelques mots. « C’est difficile de rendre hommage à ce grand homme, représentant de toute une conscience nationale, mais ce n’est pas impossible. C’est l’une des plus grandes valeurs que le pays ait jamais connues », s’est réjoui le ministre Elie.
L’air souriant et accueillant, Frankétienne dit avoir trouvé sa source d’inspiration dans sa « terre natale, sève nourricière ». Il a profité de l’occasion pour remercier ses amis, ses lecteurs, ses confrères et la Hollande.
Pour mettre de l’ambiance à la remise du prix, l’artiste, accompagné de Pierre Rigaud Chéry à la guitare, a interprété « M se zèb a tè ». Un morceau qu’il avait appris à l’âge de 24 ans.
Des créateurs honorés par ce prix
Neuf autres créateurs, de plusieurs continents, sont également honorés, par ce prix qui existe depuis 11 ans. Les domaines retenus sont les arts visuels, l’écriture, l’édition, le théâtre, l’éducation et le patrimoine culturel. Le jury international de ce prix est présidé par le photographe Niek Biegman, ancien ambassadeur auprès des Nations unies.
Depuis 1997, les Prix Prince Claus ont été décernés chaque année à des artistes, des intellectuels et des organisations culturelles en Afrique, en Asie, en Amérique latine et dans les Caraïbes.
Au cours de la remise de ce prix, les récentes productions littéraires de ce créateur le plus prolifique de la Caraïbe étaient disponibles en vente-signature. L’auteur vient de publier trois nouveautés « La Diluvienne », « Galaxie, Chaos et Babel » et « Brèche ardente » dédiée au poète Jacques Roche, kidnappé et assassiné en 2005. En plus « Adjanoumelezo » et « Fleurs d’Insomnie », deux oeuvres qu’il a récrites.
Prix et distinctions littéraires
En avril 2006, l’écrivain avait remporté à l’unanimité le 16e Prix international de l’Union latine des littératures romanes. Le jury, qui lui avait décerné ce prix, était composé de neuf écrivains et de représentants de six langues latines (espagnol, catalan, français, italien, portugais et roumain).
En août 2005, il était lauréat du Grand Prix des Iles Ponant avec son ouvrage ’’Anthologie secrète", publié aux Editions Mémoire d’encrier au Québec. Ce prix avait été décerné à l’occasion de la 7e édition du Salon du Livre Insulaire d’Ouessant en France.
Né le 12 avril 1936 à Ravine Sèche, une section rurale de l’Artibonite, suite au « viol d’une paysanne haïtienne de 13 ans par un vieil industriel américain », Benjamin Liles, Frankétienne s’est taillé une place de choix dans la littérature haïtienne.
Frankétienne est le principal créateur de la Spirale, une méthode qu’il considère comme une tentative de trouver le mouvement infini de la vie.