L’histoire d’Athènes, la cité grecque qui propulsa la citoyenneté à la dimension d’un sacerdoce, nous offre un exemple exaltant de patriotisme et de fidélité à la légalité démocratique.
Socrate, le philosophe, présenté par l’oracle de Delphes comme le plus sage des hommes, inconditionnellement assujetti à l’ordre de la Cité, a été écroué et condamné à mort sous la férule d’une loi injuste…
Pressuré par ses amis de s’évader de prison, il préféra la mort à l’idée d’enfreindre les lois d’Athènes qui lui avaient permis de s’épanouir, d’enseigner, de philosopher, de rechercher la vérité. Pour Socrate, la liberté de penser est sans bornes, alors que la liberté d’agir est toujours limitée et soumise aux lois. Il faut obéir en actes et non en pensée aux prescrits des pouvoirs établis. L’esprit critique n’est pas l’esprit de rébellion. Il ne s’oppose pas au premier devoir du citoyen à l’égard de la Cité : l’obéissance.
Qui aujourd’hui refusait de se soumettre à l’ordre démocratique ?
Qui sont ceux qui font souffler un vent de fronde au sommet de l’État ?
Cette adresse part du constat que les espaces de pouvoir, chez nous, dans notre Pays, sont habités par la déraison qui, si elle ne devait pas arrêter au plus vite, menace de précipiter la population haitienne dans le dernier désarroi. Voilà deux années déjà depuis que notre terre a tremblé pour apporter à nos malheurs des pertes si énormes que le reste de l’humanité n’a pas hésité à admettre avec nous l’idée de la reconstruction nécessaire. Un tel contexte devrait suffire pour motiver les hommes et les femmes d’Etat dans ce qui constitue leur tache, celle qui appellerait à son tour à des discours, des comportements et des actes en conformité avec les urgences de l’heure. Mais, voilà que nos élus, au lieu de s’y faire, ont préféré développer une familiarité avec l’idée de manquer aux engagements publics, par la crainte des sacrifices, par lacheté ou par cupidité. Cette irresponsabilité vaut au Pays et au peuple une série de débats tumultueux, vides, sans portée, sans conséquences qui versant dans la trivialité ou le terre à terre en marge des interêts nationaux. L’impression des citoyens, aujourd’hui, est qu’ils ne sont pas gouvernés, que le present est insaisissable et l’avenir hypothéqué.
Cette situation de grande inquiétude détourne l’attention de la population, dérange les capacités et empêche les hommes et les femmes de se mettre au travail dans leur pays qui attend d’être reconstruit. Ce conditionnement compris de la sorte doit être contourné et là où l’Etat menace de céder, il appartient aux citoyens d’assumer pour obliger ou forcer les dirigeants à assumer leur role.
La société civile, à travers ses structures organisées, ne devrait pas non plus attendre la catastrophe qui peut être prévenue. Convaicus de cette gravité, le Président du Sénat de la République et celui de la Chambre des Députés croient utile de lancer un appel urgent à la vigilance des citoyennes et des citoyens qui sauront veiller à coté de leurs mandataires pour éviter le pire .
Cette demarche, inscrite dans la grande sagesse, prévoit le grand effort d’exiger que les dirigeants se mettent effectivement à l’oeuvre sous l’empire de la Constitution en tenant compte de leurs prerogatives et de leurs limites. Puisque la loi mere prévoit les mécanismes qui indiquent aux hommes et aux femmes comment ils doivent servir la cause publique. Il est important que ceux-ci sachent et retiennent que la nation souffre à les voir offrir ce spectacle hideux de vils gladiateurs qui luttent d’imputations et d’intrigues , sans lumières et sans talents.
Cette forme de déconstruction dangereuse porte en elle-même des germes contagieux susceptibles d’atteindre la terre fertile au sein du Parlement. Notre société aujourd’hui est grosse d’évenements majeurs et personne, absolument personne, ne peut se replier dans un silence sans être complice. Il y va de nous tous, Haitiennes et Haitiens, de nos propriétés et de notre honneur . Haiti est en danger !
Comment le secteur privé des Affaires peut-il subir la dégradation des conditions de l’existence et des relations sociales sans comprendre que la creation des richesses et de l’emploi sont impossibles quand la gouvernance ne répond pas.
Comment l’Université reputée espace de reflexions, de débats et de recherches peut elle s’epanouir dans des conditions hypothétiques qui expriment l’essence meme du rétrograde. Comment les secteurs religieux, au regard de ce qu’ils véhicuelent comme valeurs peuvent ils assister silencieusement à cette gestion de la politique dans une société qui a de plus en plus besoin de reperes.
Comment les socio professionnels peuvent ils souffrir en silence les derives de nos hommes d’Etat, tels les barreaux de la République qui seraient si utiles avec leurs points de vue d’experts.
Enfin , les differents groupes organisés, tels les Partis politiques aussi faibles soient-ils, ont pour obligation d’intervenir pour en appeler aux uns et aux autres, pour que le respect des lois redevienne norme dans notre société qui se cherche .
NATION HAÏTIENNE, CONCITOYENNES ET CONCITOYENS, c’est pour nous, leaders du Parlement, un devoir sacré et un honneur particulier d’affirmer à la face du monde que vous êtes une entité emblématique chargée d’histoire.
Vous étiez debout en 1804, en 1934, en 1986 et en 1990. Soyez debout aujourd’hui pour le respect du préambule de la Constitution de 1987 et le respect des lois votées par le Parlement !
Soyez debout pour appeler le Président de la République au respect de son serment d’observer et de faire observer fidèlement la Constitution et les lois de la République !
Soyez debout pour sauvegarder les acquis démocratiques, en exigeant des élections libres, honnêtes et démocratiques dans les délais prescrits par la loi et la Constitution. Le Parlement, gardien de la légitimité démocratique, co-dépositaire de la souveraineté nationale veille.
Que Dieu protège Haïti !
Simon Dieuseul Desras "Président du Sénat"
Levaillant Louis-Jeune"Président de la Chambre des Députés"