Port-au-Prince, le 30 décembre 2015
Monsieur Peter F. MULREAN
Ambassadeur des ETATS-UNIS en Haïti
En ses bureaux.-
Monsieur l’Ambassadeur,
Permettez que je vous rappelle que vos dernières déclarations dans la Presse selon lesquelles les accusations de fraudes massives au cours des élections de 2015 ne sont fondées sur aucune preuve, constituent une violation flagrante de l’article 41-1 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques du 18 avril 1961, boussole de tous les diplomates du monde civilisé :
« Sans préjudice de leurs privilèges et immunités, toutes les personnes qui bénéficient de ces privilèges et immunités ont le devoir de respecter les lois et règlements de l’Etat accréditaire. Elles ont également le devoir de ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures de cet Etat ».
Vous vous êtes érigé en Juge Suprême de la Nation haïtienne comme vos ancêtres colons aux temps forts de l’esclavage et de l’occupation américaine en feignant d’oublier que ces fraudes électorales sont des faits infractionnels dont la qualification et le mode de poursuite relèvent des Codes de lois pénales haïtiennes et non du Code noir ayant enlevé à mes Pères toute Humanité et toute Dignité.
Monsieur l’Ambassadeur,
Permettez que je vous rappelle également que des accusations gravissimes font état de la participation d’agents de la Communauté Internationale notamment onusiens, Membres du CORE GROUP, dans ces fraudes électorales massives réalisées au profit de criminels de toutes sortes liés au trafic de drogue et au blanchiment d’argent, principaux viviers du terrorisme.
En ce sens, seule une Justice indépendante peut statuer sur l’existence ou l’absence de preuves et non un Ambassadeur avec des prétentions proconsulaires.
Le Peuple Haïtien a conquis par son sang le droit d’entrer par la grande porte dans le concert des Nations civilisées en abolissant à jamais l’inhumaine loi de l’esclavage imposée jadis à l’Humanité par vos Pères colonisateurs comme facteur civilisateur.
N’en déplaise à ses actuels dirigeants qui se comportent comme des fonctionnaires de la Communauté Internationale, des Défenseurs indécrottables des intérêts des Puissances étrangères naguère colonialistes et aujourd’hui nostalgiques de ce passé ignoble, le Peuple Haïtien à travers ses fils authentiques sait identifier ses Intérêts supérieurs et ses vrais amis, défendre sa Dignité et son Honneur.
Monsieur l’Ambassadeur,
Souffrez enfin que je vous rappelle que la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques du 18 avril 1961 est une conquête de l’humanité dans sa lutte continue pour la sauvegarde du Droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes. Les Peuples Haïtien et Américain ont par leur histoire sans précédent et le courage de leurs Pères Fondateurs combattu pour une Société mondiale de droit, d’égalité et de liberté. Agir de la sorte et à l’instar de la plupart de vos prédécesseurs constitue un barbare recul de l’Histoire.
En attendant que le Département d’Etat et le Congrès des Etats-Unis soient formellement saisis de votre ingérence qui constitue un usage personnel des fonctions diplomatiques en Haïti, je vous préviens d’ores déjà que ce dossier sera également porté par devant les prochains Pays où vous serez accrédité. Ce, aux fins de droit.
Newton Louis ST JUSTE, Avocat