Mise à jour le 18 décembre
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Martelly : des déclarations qui provoquent

Les multiples déclarations de Monsieur Michel Martelly font penser à l’implantation d’un régime dictatorial. D’autant plus qu’elles ne cadrent pas avec les prescrits de la Constitution. Certains parlementaires pensent que le président fait de l’agitation en vue de les contraindre à ratifier son prochain premier-ministre désigné. Ils demandent au chef de l’État de continuer les démarches légales afin de gagner du temps. Car, disent-ils, le pays ne peut plus attendre.

Par Jose Flécher

La constitution en vigueur délimite clairement les différents pouvoirs. Le président de la République est alors appelé à veiller à la bonne marche des institutions. Cependant, Les multiples discours du chef de l’État interpellent toutes les filles et tous les fils du pays. Il se montre très souvent très récalcitrant en ce qui a trait au respect des prescrits de la loi-mère. Il a manifesté son désir de diriger par décret ce qui a semé la pagaille dans toute la société. Il est maintenant bruit que le chef de l’État a fait état aux présidents des deux chambres de son intension de nommer de nouveaux ministres et directeurs généraux bien avant l’investiture d’un nouveau cabinet ministériel.

Selon une source concordante, toute une série de consultations ont été opérées auprès des groupes au parlement, par la nouvelle équipe présidentielle en vue de les convaincre de la nécessité de nommer certains ministres. Il s’agirait du ministre de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle afin de faire atterrir son plan national de l’Éducation (PNE). Elle pourrait en profiter pour nommer le ministre de la Justice et de la Sécurité publique sans oublier le ministre de la Culture et de la Communication. De fait, M. Martelly essaierait de former un gouvernement ce qui n’a rien à voir avec les prescrits légaux.

Les ordonnances de la Constitution de 1987 sont claires, la nomination des ministres, mis à part le Premier ministre, ne relève pas du chef de l’État. C’est une attribution intégrale du chef du gouvernement. Cependant, la composition du Gouvernement pourrait être orientée par les choix présidentiels.

Il est pénible, dit-on, de croire à une telle initiative de la part du garant des institutions du pays. D’ailleurs, l’article 136 de la Constitution, jusqu’à présent en vigueur, stipule que le chef de l’État se doit de veiller au respect et à l’exécution de la Constitution et à la stabilité des institutions. Dans un souci de préserver ces acquis, plusieurs voix se sont élevées pour forcer le président à ne plus songer à se lancer dans une telle aventure. Car au cas où cela passerait, on ne pourrait plus parler de la Constitution en vigueur mais d’une pièce rafistolée de toutes parts de la part d’une présidence coincée par le parlement.

D’aucuns pensent qu’il s’agit là d’une plaisanterie. De très mauvais goût ! Certains parlementaires comme Anacassis Jean Hector et Moïse Jean-Charles croient que le président n’a pas besoin d’un chef de gouvernement. « Son dessein est de placer la population en face d’un fait accompli qu’il taille, lui-même, de toute pièce » ont-ils fait savoir. De l’avis de la politologue, Cassandra Honorat, il s’agirait d’une erreur de la part de M. Martelly de croire qu’il peut agir de la sorte. L’article 158 de la Constitution est clair, c’est le pouvoir exécutif qui choisit les membres du cabinet ministériel. Les membres de ce dit cabinet doivent être recevoir l’approbation de l’assemblée des parlementaires. Et, selon l’article 133 de cette même charte, le pouvoir exécutif est constitué du président de la République, le chef de l’État et le premier-ministre, le chef du gouvernement. C’est une attribution concertante. « Dans le cas où il y aurait vacance ministérielle, le président ne peut en aucune façon remplacer un ministre démissionnaire car selon les prévisions de la Constitution, le premier ministre remplace automatiquement un ministre démis de ses fonctions volontairement ou involontairement » a fait remarquer la politologue.

Tout compte fait, les déclarations et tentatives du président Michel Martelly posent problème. On croit, dans une grande mesure, qu’il s’agit de la provocation. Le président voudrait alors forcer le parlement à ratifier son prochain premier ministre désigné. Cependant, plusieurs parlementaires de « Inite » faisant partie du Groupement des Parlementaires pour le Renouveau (GPR) dont le chef de fil, Joseph Lambert, affirment qu’ils ne se laisseront pas ébranler « Le président sait ce qu’il faut faire pour que son homme bénéficie de l’aval du parlement. C’est le partage des responsabilités » martèle l’élu de Lespwa du Sud-est, un discours qui est repris par bon nombre de ses alliés. Un bras droit de Michel Martelly a affirmé qu’il ne lâchera pas prise. C’est alors un duel à toute épreuve. Seule la population sortira perdante car, chaque jour, elle espère des conditions de vies meilleures, espoir qui semble s’éloigner.




BÔ KAY NOU


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