Les états-majors des deux protagonistes de l’élection présidentielle, Michel Martelly et Mirlande Manigat, ont chacun réaffirmé vendredi leur détermination à accéder au pouvoir alors que le candidat-chanteur s’est autoproclamé vainqueur du second tour malgré une atmosphère extrêmement tendue observée à travers le pays, à la veille de la publication lundi des résultats préliminaires.
Sur son compte Twitter, M. Martelly a déclaré jeudi l’avoir emporté haut la main avec un score de 69,74% des voix.
Le Conseil électoral provisoire n’avait pas encore réagi vendredi à cette violation de la loi électorale qui interdit aux candidats de déterminer et publier eux-mêmes les résultats du scrutin.
Citée par le quotidien dominicain Listìn Diario, la démocrate-chrétienne Mirlande Manigat a, de son côté, indiqué qu’elle attendait "avec confiance et sérénité les résultats du Conseil électoral".
Réagissant au communiqué de cinq organes nationaux d’observation électorale selon lequel l’un des deux rivaux bénéficierait d’un "écart significatif" dans la tabulation des votes, le Sénateur Evallière Beauplan a fait savoir qu’en tant que citoyens les responsables de ces organisations ont leur sensibilité politique.
Il rappelle que le Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP) et ses alliés avaient compilé des données sur de nombreuses fraudes et irrégularités recensées à travers le pays, lors du scrutin du 20 mars.
Le parlementaire du nord-ouest, qui se dit curieux de voir si les observateurs électoraux seront capables d’accepter des résultats entachés de fraudes et d’irrégularités, estime que si les recommandations techniques de l’OEA sont appliquées la victoire ira sans aucun doute à Mirlande Manigat.
Pour sa part, Me Grégory Mayard Paul, conseiller de Michel Martelly dit "Sweet Micky", croit que la déclaration du Conseil national des observateurs électoraux (CNO), de l’Initiative de la société civile (ISC) et de trois autres partenaires constitue une "traduction de la réalité du vote populaire".
Selon l’avocat, son camp dispose des mêmes informations que les groupes d’observateurs et plus rien ne devrait pouvoir affecter la supposée "tendance pro-Martelly" du second tour de scrutin.
Grégory Mayard Paul est aussi parfaitement d’accord avec le CNO et compagnie qui affirment péremptoirement qu’aucun parti ne devrait avoir la majorité absolue à la Chambre des Députés. Aussi, du point de vue de Repons Peyizan, toutes les dispositions doivent être prises afin d’éviter un éventuel trucage des résultats des législatives.
A environ 72 heures du jour J, la tendance est à la confrontation dans certains milieux populaires. Les partisans de Martelly et de Manigat sont hyperactifs et multiplient les déclarations intempestives dans la presse dont certaines renferment des menaces à peine voilées.
Malgré l’appel au calme et à la non-violence lancé aux uns et aux autres par des représentants de la communauté internationale comme l’ambassadeur américain, Kenneth Merten, et le chef de la Mission de stabilisation de l’ONU (MINUSTAH), Edmond Mulet, des médias et journalistes de Port-au-Prince et de la province continuent d’être menacés de représailles au cas où Michel Martelly ne deviendrait pas le nouveau Président d’Haïti.