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Mardi 19 mars 2024 12:19 (Paris)

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Haïti : un an après le tremblement de terre

Ce 12 janvier 2010, Haïti commémore le premier anniversaire du tremblement de terre. Pour bon nombre d’organisations non-gouvernementales le bilan de cette première année est catastrophique : rien ou presque n’a été fait et quand cela a été fait, c’est souvent mal fait. Deux émissions spéciales seront consacrées à cet anniversaire ce mercredi sur RFI, de 12h à 12h40 TU et de 17h à 19h TU.

Il a suffit de 90 secondes pour mettre Haïti à genoux. 90 secondes interminables pendant lesquelles plus de 200 000 personnes ont été tuées, plus de 100 000 habitations totalement détruites, plus du double inutilisables en raison des fissures. Au total ces 90 secondes ont jeté par terre 20 millions de m3 de gravats, « de quoi remplir suffisamment de camions-bennes mis bout à bout pour couvrir la moitié de la terre », écrit dans son rapport Oxfam. Ensuite il y a deux façons de voir : optimiste avec un verre un peu rempli et pessimiste avec un verre complètement vide.

La Fédération internationale de la Croix-Rouge rappelle pour sa part les efforts réalisés : 170 000 familles hébergées dans des abris d’urgence, du matériel pour 160 000 familles de la nourriture pour près de 200 000, de l’eau ou des latrines pour plus de 300 000 et des messages par téléphone portable pour donner à plus d’un million de personnes, des informations cruciales concernant la santé, le ravitaillement ou la sécurité.

Un million de personnes dans des abris précaires

Même vu sous cet angle résolument optimiste, la Fédération internationale de la Croix-Rouge est bien obligée aussi de constater que, sur un million 300 000 personnes qui étaient sans abri au lendemain du tremblement de terre, il en reste un million dans des abris précaires.

Pour Oxfam, l’urgence c’est avant tout de déblayer : seulement 5% des gravats ont été évacués depuis un an, or l’expérience prouve que le déblaiement est le préalable absolu à toute reconstruction.

Deuxième priorité concrète pour les ONG : restaurer les infrastructures, routes, fourniture d’eau potable et assainissement. L’eau était déjà un problème avant le tremblement de terre, elle l’est d’autant plus depuis le séisme et surtout l’apparition du choléra mi-octobre. C’est l’un des rares points positifs que souligne Oxfam dans son rapport : la DINEPA, la Direction nationale de l’eau potable et de l’assainissement, créée un an avant le séisme, a parfaitement fonctionné et réussi tant bien que mal à restaurer un système de fourniture d’eau potable.

Un gouvernement haïtien dans l’attente

Au niveau des institutions, la priorité selon tous les observateurs, c’est une bonne gouvernance de l’Etat haïtien. Le manque de confiance dans les institutions et l’administration, fait que les Haïtiens ne se tournent pas vers leurs gouvernants pour solliciter de l’aide, les organisations humanitaires évitent de s’appuyer sur les responsables locaux quant aux donateurs n’ayant pas confiance dans les institutions, ils passent outre et préfèrent s’appuyer sur les organisations humanitaires. Dans ce contexte, le gouvernement haïtien se retrouve privé de ses moyens de décisions, d’action et ne peut que constater impuissant à des décisions prises par ce que certains appellent déjà « une république d’ONG ».

Ces organisations non-gouvernementales, déjà très présentes avant le tremblement de terre, sont devenues omniprésentes. Bien que faisant partie du paysage, Oxfam n’épargne pas les critiques : elles doivent faire preuve de plus de transparence sur leurs financements et leurs programmes afin qu’il puisse y avoir une coordination globale entre leurs différentes actions.

Il y a là, une réelle responsabilité des donateurs internationaux. Réunis à New York en mars 2010, ils avaient promis plus de deux milliards de dollars, dont seulement 45% sont arrivés un an après.

La Commission provisoire particulièrement critiquée

L’organisation Oxfam est particulièrement critique sur l’action de la Commission provisoire de reconstruction d’Haïti créée en avril et dirigée par Bill Clinton et le Premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive. « La Commission a échoué jusqu’à présent à se montrer à la hauteur de son mandat », écrit Oxfam qui lui demande d’en finir avec « le bouclier d’indécision et de retard » qui caractérise son travail. Le rapport cite l’exemple des fonds qui ont été versés par la Commission pour la construction de logements provisoires alors que rien n’a été débloqué pour déblayer le site !

Il n’y aura pas de reconstruction en Haïti sans les Haïtiens, écrit en substance Oxfam. Tous les programmes d’aide doivent tenir compte de leurs points de vue et de leurs besoins. Il faut reconstruire un tissu social qui commence par un logement et un travail. Pour cela il faut accélérer la formation d’ouvriers haïtiens afin qu’ils disposent d’un travail qui aide à la reconstruction des infrastructures et aider les femmes à travers du microcrédit, là encore pour leur assurer un moyen de subsistance. Le résultat de l’élection présidentielle attendu d’urgence

Le représentant spécial des Nations unies en Haïti, Edmond Mulet estime que la reconstruction en Haïti entrera dans une phase décisive seulement après le changement de gouvernement car « seules des institutions fortes de l’appui du peuple haïtien seront à même d’assurer le leadership nécessaire à la reconstruction du pays ». Or d’un point de vue politique, le pays piétine aussi.

La mission de l’Organisation des Etats d’Amérique (OEA) continue de recompter les procès-verbaux du premier tour et le second qui devait avoir lieu le 16 janvier a été repoussé à une date indéfinie. Or quel que soit le nouveau résultat annoncé, il ne pourra que déplaire aux différents camps politiques. Parmi les trois candidats arrivés en tête selon les résultats annoncés fin décembre, ni Mirlande Manigat, ni Jude Célestin, ni Michel Martelly ne sont en mesure de rassembler derrière un pouvoir fort et populaire.

Dans un pays ultra moderne comme le Japon, il a fallu 7 ans pour reconstruire Kobé après le tremblement de terre de 1995. La Nouvelle-Orléans est loin d’être reconstruite 5 ans après le cyclone Katrina. La reconstruction d’Haïti ne pouvait donc pas se faire en un an. Mais le rythme actuel n’est pas acceptable pour tout un peuple qui n’attend pas que la reconstruction des dégâts du tremblement de terre, mais une reconstruction du pays, tout court.




BÔ KAY NOU


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