Des scientifiques haitiens ne cessent non plus d’alerter sur les dangers qui pèsent sur le Cap Haitien et d’autres régions du Nord du pays, ayant été par le passé terriblement affectés par d’importants séismes.
Se défendant de chercher à alarmer la population, Michel Saint Croix dit vouloir attirer l’attention face à la menace. Il s’agit selon lui, d’être vigilant et d’avoir une attitude responsable capable de réduire la vulnérabilité et diminuer des pertes éventuellement considérables en vies humaines.
La faille septentrionale traverse le Grand Nord jusqu’à la ville de Santiago en République Dominicaine. Une bonne partie est située sous la mer. Lors de la dernière rupture de cette faille, en 1842, un gigantesque séisme suivi d’un raz de marée ont balayé la ville du Cap, tuant la moitié la population.
Depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010, les autorités locales n’ont cependant pris aucune mesure de prévention. Leur action se limite à des alertes, à l’image de celles lancées par le maire Michel Saint Croix.
Aucune institution n’est garante du respect des normes d’urbanisme et les constructions anarchiques se multiplient. Des individus continuent de mettre des déblais à l’embouchure de la rivière du Haut du Cap, le long du bassin « Haut do », dans l’idée de construire des maisons (zone de Lafossette jusqu’à Bas Vertières). Les anciennes maisons en bois sont transformées en demeures en béton sans respect des principes de construction parasismiques.
Le Cap Haïtien offre l’image d’un théâtre architectural de catastrophe. La population semble en même temps tout à fait sereine et continue à vivre dans cet environnement hautement vulnérable.
La semaine écoulée, l’ingénieur Claude Prepetit a une fois de plus tiré la sonnette d’alarme pour le Nord et invité à la mise en en œuvre sans délai du plan de contingence, proposé par le ministère de l’intérieur.
Ce plan a été lancé il y a près de deux mois par ce ministère en compagnie du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) ainsi que les autorités locales. Il devrait s’étendre sur 3 ans et est financé par le PNUD à hauteur de 9 millions 969 mille dollars américains. Le plan de contingence vise à réduire la vulnérabilité du département du Nord aux aléas sismiques, en renforçant la résilience des infrastructures. Il devrait aussi permettre de minimiser les pertes économiques et humaines en cas de catastrophe naturelle.
Parallèlement, des activités sont réalisées au niveau de la société civile. L’organisation Oxfam GB vient ainsi de clôturer son projet de renforcement des capacités de préparation (Top Project).
A travers ce projet, des activités de formation pour le comité départemental de gestion de risques et désastres, de sensibilisation dans les écoles autour des menaces sismiques et de la vulnérabilité du département du Nord aux catastrophes naturelles, ont eu lieu. Des documents relatifs aux méthodes de prévention ont été distribués également, et des messages de sensibilisation diffusés à la radio.
L’église Catholique pour sa part, compte sensibiliser ses fidèles pendant la période pascale, à travers des conférences, débats publiques, et marches pacifiques. Ces activités prévues toucheront aux thèmes de la dégradation de l’environnement et ses conséquences ainsi que le rôle des différentes composantes de la société.