Le Président René Préval s’est engagé mardi "par sagesse" à abandonner le pouvoir à son successeur le 7 février 2011, même si à cette date il n’aura pas accompli intégralement les cinq ans du mandat présidentiel prévus par la constitution en raison de son intronisation, le 14 mai 2006, avec plus de trois mois de retard.
"Vous voyez dans quel embarras nous a précipités cette constitution qui dit clairement que le Président est élu pour cinq ans", a lâché avec une pointe d’agacement le chef de l’Etat, lors d’une conférence de presse organisée en marge d’un entretien avec la Première dame du Mexique, Margarita Zavala de Calderòn et la ministre des affaires étrangères, Patricia Espinoza.
Pourfendeur de la charte fondamentale qu’il n’a cessé de présenter tout au long de son deuxième et dernier quinquennat comme une "source d’instabilité", René Préval a regretté le départ le 10 mai prochain de la 48e législature sans qu’elle n’aura pu entériner le projet d’amendement constitutionnel introduit en 2009. Il souligne que d’autres consultations électorales devront se tenir en 2011 et pendant les années suivantes alors qu’il avait proposé un cycle d’élections générales tous les cinq ans afin d’éviter des séquences électorales rapprochées génératrices de violences partisanes et d’instabilité politique.
Renouvelant sa ferme volonté d’organiser des élections présidentielles à la fin de l’année, M. Préval a estimé que la pire des choses qui pourrait arriver au pays serait de retrouver à sa tête, le 7 février 2011, un régime provisoire non élu.
"Seul un gouvernement légitime, avec un Président, un Premier ministre et des ministres légitimes, peut engager la nation", a insisté le Président qui souligne que le non-respect des échéances constitutionnelles pourrait mettre en péril l’aide de 9,9 milliards de dollars sur plus de trois ans promise par la communauté internationale lors de la conférence sur la reconstruction d’Haïti tenue la semaine dernière à New York.
Sur demande de René Préval, une mission internationale technique de l’ONU et de l’OEA doit arriver incessamment à Port-au-Prince pour procéder, de concert avec le Conseil électoral provisoire, à une évaluation des conditions de faisabilité des prochaines élections.
Dans un élan d’anticipation à peine contenu, le chef de l’Etat a déclaré que si le séisme du 12 janvier avait gravement touché l’ouest où la relance du processus électoral s’annonce compliquée avec plus de 200.000 morts et d’importants dégâts matériels, en revanche les autres départements épargnés pourraient aisément organiser des élections.
En réponse à une question sur la "participation des exilés politiques" à la reconstruction, Préval, très abondant, a expliqué qu’il n’avait exilé personne depuis son retour au pouvoir et que les haïtiens séjournant à l’étranger étaient libres de regagner leur pays.
Enfin, le chef de l’Etat s’est félicité des résultats de la conférence de New York tout en évoquant un devoir de réserve sur la présence de l’émissaire de l’ONU et ex-Président américain Bill Clinton à la présidence de la commission mixte intérimaire (CIRH) chargée du pilotage du processus de reconstruction pour une période de 18 mois. M. Préval rappelle que l’entrée en scène de cette commission, par ailleurs très controversée, reste suspendue à la ratification du Parlement.
Pour la Président, Haïti est un "Etat faible", mais, n’a pas "renoncé à sa souveraineté" en acceptant la création de la CIRH dont Clinton partagera la direction avec le Premier ministre Jean-Max Bellerive.
Divers secteurs de la classe politique et de la société civile ont dénoncé la nette prédominance étrangère au sein d’une structure dont les tenants et aboutissants échappent largement à l’opinion publique haïtienne.