Mise à jour le 18 décembre
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Mirlande Manigat hausse le ton : pas de second tour à trois, ni un tour unique à 17

Optimiste et ferme, la candidate du RDNP s’accroche aux dispositions constitutionnelles sur les modalités du second tour et refuse toute "solution politique imposée" ; elle se moque du projet mort-né de création d’une commission de vérification des résultats du scrutin controversé du 28 novembre, dément l’arrivée de deux nouvelles missions techniques de l’OEA, annonce le début du compte à rebours pour Préval et prédit des changements importants en matière de gouvernance dès son accession, dit-elle, à la Présidence

La candidate démocrate-chrétienne Mirlande Hyppolite Manigat, arrivée en tête du premier tour des présidentielles contestées du 28 novembre, est passée à l’offensive vendredi en écartant deux des scénarii évoqués ces derniers jours pour sortir Haïti de la crise post-électorale : un deuxième tour entre les trois concurrents les mieux placés ou un tour unique avec les 17 prétendants en lice.

S’arc-boutant aux prescrits de la constitution pour tenter de marquer son territoire, la dirigeante du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP) a prévenu qu’elle n’accepterait pas de s’associer à une recherche de compromis politique contraire à la loi.

"Devan devan nèt (le leader tient sa place)", a lancé lors d’une conférence de presse Mme Manigat en s’appropriant une expression créole très populaire.

En clair, elle est prête à affronter au second tour, prévu le 16 janvier, un seul adversaire, mais pas deux.

Parlant de manière très nuancée et sans nommer ses deux principaux rivaux, le représentant du pouvoir, Jude Célestin et le chanteur Michel Martelly, respectivement deuxième et troisième (selon les résultats préliminaires), la candidate a rappelé que, dans sa diversité, "le peuple savait pour qui il avait voté" et a suggéré que dans une compétition le second pouvait toujours se retirer au profit de son dauphin.

Dans la foulée, l’épouse de l’ancien Président Leslie Manigat (fév-juin 1988) a remercié vivement ses électeurs qui, croit-elle, sont nettement supérieurs aux 337.000 voix qui lui ont été attribuées officiellement avec un score de 31%.

"Je ne veux pas qu’on m’impose une solution politique", a poursuivi la constitutionnaliste sur un ton ferme avant d’indiquer qu’en tant que citoyenne soucieuse d’aider le pays à trouver une issue à l’impasse actuelle elle restait "ouverte à d’autres propositions plus proches de la constitution".

D’autre part, Mirlande Manigat a souligné s’être opposée à toute éventuelle sanction contre ses rivaux Michel Martelly (Repons Peyizan) et Charles-Henri Baker (RESPE).

Les deux hommes avaient largement enfreint les dispositions de la loi électorale en se pavanant dans les rues à la tête d’une foule de plusieurs milliers de manifestants déchaînés, le jour du scrutin avant même la fermeture des bureaux de vote.

La secrétaire générale du RDNP révèle avoir été contactée par deux ambassadeurs en poste à Port-au-Prince qui voulaient avoir son avis sur cette affaire devenue alors préoccupante.

Sur un autre plan, elle confirme son refus d’intégrer la commission multipartite dont le Conseil électoral avait annoncé la création en vue de vérifier les résultats des élections à l’origine de violentes manifestations de rue.

Désignant implicitement le candidat de la plateforme présidentielle INITE, Jude Célestin, comme l’unique bénéficiaire des fraudes massives ayant marqué la journée électorale, la juriste déclare qu’on cherchait à la porter à entériner les opérations de bourrage d’urnes et le comptage des procès-verbaux rédigés sur mesure, mais de manière grossière.

A ce propos, le secrétaire général adjoint de l’OEA, Albert Ramdin, aurait confié à Mirlande Manigat, lors d’une rencontre, que l’organisation régionale n’a pas dépêché deux missions techniques en Haïti pour superviser le recomptage des voix contrairement à une annonce officielle de la Présidence.

Enfin, l’incontournable sujet d’actualité de cette fin de semaine a été abordée lors de la conférence de presse, la comparution au parquet de Port-au-Prince sous l’accusation d’association de malfaiteurs de Patrice Dumont, journaliste sportif et surtout porte-parole de la campagne de Mme Manigat.

Celle-ci a déploré le "montage politique" dont a été victime son ami et collaborateur soupçonné d’avoir planifié l’incendie des locaux de la Télévision nationale. Egalement visé dans cette affaire sordide, le RDNP n’entend point se laisser intimider, assure la responsable politique.

"Il ne reste plus au Président René Préval que 52 jours à passer au pouvoir avant de partir le 7 février. Et à compter de cette date, avec mon arrivée à la Présidence, les choses vont changer", affirme Mirlande Manigat qui a souhaité que dans l’intervalle ceux qui commettent des abus de pouvoir se ressaisissent.

La candidate démocrate-chrétienne s’est adressée à la presse entourée, à son bureau, de son état-major de campagne composé des parlementaires du COREH et des dirigeants et alliés du RDNP.




BÔ KAY NOU


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