La candidate Mirlande Manigat, vainqueure du premier tour des présidentielles très controversées du 28 novembre, a attribué la détérioration de la situation post-électorale à une "crise de confiance" de la population vis-à-vis du Conseil électoral et s’est déclarée prête à gouverner avec d’autres partis en cas de victoire.
"Maintenant, nous sommes dans une situation qui n’a aucun type de relation ni avec la constitution, ni avec la loi électorale", a fait remarquer dans une interview à AP la démocrate-chrétienne avant de poursuivre "j’aimerais voir mon pays s’orienter vers une véritable démocratie et personnellement toute cette situation me préoccupe".
Consciente de la potentielle atmosphère de crise dans laquelle elle pourrait accéder au pouvoir, si elle devait l’emporter, Mme Manigat se montre disposée à trouver un accord avec les partisans de ses rivaux Jude Célestin et Michel Martelly. Un tel pacte n’impliquerait pas nécessairement les deux candidats eux-mêmes, souligne-t-elle.
Très critique envers le CEP, la secrétaire générale du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes croit qu’il souffre d’un déficit de crédibilité aujourd’hui presqu’insurmontable.
"Personne n’a confiance dans le CEP. Personne en Haïti", dit-elle expliquant les raisons pour lesquelles elle a refusé d’intégrer la commission chargée de vérifier les résultats des élections.
"Je ne pouvais pas accepter cette proposition, il n’y avait aucune précision sur le lieu de rencontre de la commission, ses modalités de fonctionnement, sa composition, etc, etc".
Mirlande Manigat ne cache pas non plus sa surprise d’avoir été invitée à rejoindre la commission par courrier électronique. L’e-mail lui a été envoyé sur son compte universitaire à cinq heures du matin, déplore la professeure de droit constitutionnel.
"Dans mon opinion, ça a été une mauvaise manière de communiquer avec quelqu’un qui est une candidate et potentiellement la prochaine Présidente d’Haïti", a jugé Mme Manigat qui a recueilli 31% des voix au premier tour d’un scrutin présidentiel dont l’organisation chaotique, le 28 novembre, a précipité le pays dans une grave crise électorale sur fond de violences politiques.