En effet, M. Seitenfus, dans un entretien qu’il a accordé au journal Le Temps et repris par une pléiade de médias, y compris le notre, a été très critique envers l’ONU et les ONGs évoluant dans le pays. Il a été interrogé par le journaliste suisse Arnaud Robert
« (…) S’il existe une preuve de l’échec de l’aide internationale, c’est Haïti. Le pays en est devenu la Mecque. Le séisme du 12 janvier, puis l’épidémie de choléra ne font qu’accentuer ce phénomène. La communauté internationale a le sentiment de devoir refaire chaque jour ce qu’elle a terminé la veille. La fatigue d’Haïti commence à poindre », a déclaré le spécialiste d’Haïti, auteur de plusieurs ouvrages sur le pays.
De l’avis de M. Seitenfus, on ne va rien résoudre dans le pays si on est pressé. « Haïti est trop complexe pour des gens qui sont pressés ; les coopérants sont pressés. Personne ne prend le temps ni n’a le goût de tenter de comprendre ce que je pourrais appeler l’âme haïtienne », a-t-il déploré.
« Je crois qu’il y a trop de médecins au chevet du malade et la majorité de ces médecins sont des économistes. Or, en Haïti, il faut des anthropologues, des sociologues, des historiens, des politologues et même des théologiens », a rappelé le représentant de l’OEA. L’ex envoyé spécial du président brésilien Lula en Haïti pense qu’« Haïti, sur la scène internationale, paie essentiellement sa grande proximité avec les États-Unis ».
Ricardo Seitenfus, diplômé de l’Institut de hautes études internationales de Genève, a été mandaté en 2008 par l’Organisation des États américains, très impliquée dans le processus électoral en cours. Celle-ci, à l’instar de l’ONU, tente de sauver la face dans un contexte de crise électorale risquant de déboucher sur une crise politique de longue durée.