Cela se passe dans un climat de suspicion vis-à-vis du pouvoir qui, en plus de l’accusation de dérives totalitaires, donne très peu d’informations sur les actions de reconstruction envisagées, au moment où se précise une nouvelle menace d’intempéries (les conditions météorologiques sont favorables à des précipitations, sur tous les départements géographiques, entre le vendredi 21 mai et le mercredi 26 mai 2010), parallèlement à la poursuite des répliques du séisme du 12 janvier.
Cette volonté affichée semble traduire une détermination à engager le processus électoral, crucial pour le départ de l’actuel président René Garcia Préval au terme de son mnadat constitutionnel, le 7 février 2011.
Même si cela ne fait pas partie de sa mission, l’actuel Conseil électoral provisoire (Cep), qui avait décidé, en octobre 2009, de programmer des sénatoraiales pour février 2010, annonce avoir entamé des dispositions pour la tenue de compétitions générales suivant cette échéance. Une campagne, pour encourager les électrices et électeurs, devrait être initiée en juillet 2010, tandis que les listes électorales seront mises à jour incessament, de concert avec l’office national d’identification (Oni).
Les listes électorales doivent être obligatoirement revues, vu le nombre de personnes décédées (officiellement plus de 300 mille), de personnes blessées et de déplacées dans le tremblement de terre du 12 janvier 2010.
L’organisation des Etats américains (Oea) affirme sa capacité à fournir un appui technique dans le prochain processus électoral et à délégeur une mission d’observation crédible.
L’organisation des Nations Unies (Onu), qui avait dépêché une commission d’investigation sur le terrain, n’a pas encore publié les conclusions de cette investigation sur les possibilités de réalisation des élections dans le délai convenu.
La mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah), déployée depuis juin 2004 en Haïti, fait part, quant à elle, de sa disponibilité à garantir la sécurité du processus, qu’elle souhaite voir aboutir aux élections générales le dimanche 28 novembre 2010.
Reste à savoir comment susciter la confiance des électrices et électeurs pour une participation massive et pertinente au processus, dans un contexte où la plupart des partis politiques, concernés en priorité, doutent beaucoup de la sincérité des autorités à tenir parole après le vote de la loi d’urgence et l’autorisation accordée à Préval de se maintenir au pouvoir au-delà du 7 février 2011 (jusqu’au 14 mai 2011), au cas où les élections ne sont pas organisées à temps (avant la fin de l’année 2010).
Depuis plusieurs semaines, un mouvement de désobéissance civile est orchestré par plusieurs partis politiques, associés à certaines organisations, en vue d’obtenir la démission de Préval, qualifié de “dictateur” et de violateur des prescriptions de la Constitution du 29 mars 1987.
Ces partis politiques, qui dénoncent le refus de dialogue du gouvernement du premier ministre Joseph Jean Max Bellerive avec les secteurs vitaux du pays (y compris avec eux-mêmes), réclament un compromis pour changer les dirigeants de l’actuel Cep, initier un processus électoral transparent, mais pas avec l’equipe au pouvoir maintenant.
4 mois après le tremblement de terre du 12 janvier, les dirigeants n’ont point consulté les secteurs sociaux sur le plan de reconstruction à établir.
N’hésitant pas à parler d’absence d’organisations véritables dans la société haïtienne, ils se complaisent plutôt à rechercher les faveurs de la communauté internationale et à continuer de pratiquer une politique d’exclusion.
Aucune organisation sociale nationale ne sera représentée au prochain sommet sur la reconstruction du pays, devant se tenir à nouveau, le 2 juin 2010, en République Dominicaine (à Punta Cana), suivant les informations disponibles.
Une stratégie, qui serait appliquée, consisterait à mettre hors jeu non seulement les partis politiques, afin de discréditer le futur processus électoral et du coup porter au pouvoir des partisans ciblés à différents postes (les élections auront alors eu lieu avec le satisfecit de la communauté internationale, tant pis pour les partis et regroupements qui n’auront pas embarqué dans le train), mais aussi et surtout les organisations sociales, lesquelles viendraient toujours jeter des notes discordantes dans le ballet financier (et de projets) de la reconstruction.
Ronald Colbert