Depuis Port-au-Prince, la journaliste donne des informations très concrètes sur la situation par « clavardage », c’est-à-dire qu’elle « chat » via internet. Elle décrit évidemment « le traumatisme physique, psychologique et émotionnel que vit la population haïtienne » mais elle insiste surtout sur un phénomène : de nombreuses personnalités ont disparu, la Minustah a été décapitée, « l’archevêque de la capitale est décédé, deux sénateurs sont morts, deux ministres sont en deuil… » Liliane Pierre Paul conclut : « cette situation laisse le pays dans un état de quasi vacance décisionnelle ». L’Agence Haïtienne de presse enfonce le clou : « De nombreuses institutions publiques et privées se sont effondrées totalement ou en partie (…) le Palais national, le Parlement, le ministère de l’Intérieur, le Palais de justice, de la direction générale de la police nationale, plusieurs commissariats, des banques, des supermarchés, des écoles et des universités ».
Les survivants s’entassent dans les parcs publics
A la une d’Haiti press network, la photo d’un jardin public bondé. « A Port-au-Prince, la rue, les places sont prises d’assaut par des milliers de personnes (...) L’affluence est visible même dans les jardins du bureau du Premier ministre et à proximité du Palais national (...) Chaque heure qui passe apporte son lot d’émotions et des nouvelles encore plus démoralisantes d’un ami, d’une connaissance décédés ou portés disparus. » Metrople Haiti rappelle qu’un satellite, « le SPOT 5 a été programmé pour obtenir dès aujourd’hui des images de la zone sinistrée. La mobilisation de la communauté spatiale devrait permettre de fournir une cartographie de référence pour les secours ». Enfin sur le site du Nouvelliste, les articles datent du 11 janvier (NDLR : veille du tremblement de terre), le quotidien haïtien invite ses lecteurs à se connecter à Facebook pour partager des informations.
Une nation pleure et demande de l’aide
Aux Etats-Unis comme au Canada, on se sent très concerné par la catastrophe. « Haïti Ground Zero », titre Le Devoir, « 2 millions de personnes sont sans abri ». « Une nation pleure et demande de l’aide », renchérit Globe and Mail tandis que le New York Times propose un reportage poignant devant l’hôpital de Médecins sans frontières, à Port-au-Prince. Les « french doctors » sont débordés par le flux de blessés. Au milieu du chaos, « un homme essaie désespérément d’attirer l’attention, il veut récupérer le corps de sa femme mais il n’a pas le courage d’entrer dans la pièce où ont été déposé des dizaines de cadavres ». Autour du bâtiment « des voix retentissent, comme une litanie pour donner du sens à la folie ambiante : " Beni swa leternel ". » Le Miami Herald joue la carte efficacité, le site du journal propose une rubrique baptisée « Haiti connect ». Là, les Haïtiens de la diaspora peuvent poster la photo, le nom et la description d’un proche disparu. On y trouve aussi un forum, des adresses d’organismes qui récoltent des dons. Certains articles sont en créole " Kote nou ka bay pou ede Ayiti ".
Maintenant et plus tard…
Bill Clinton, l’envoyé spécial de l’ONU pour Haïti signe un des éditoriaux du Washington Post. « Que pouvons nous faire pour aider Haïti, maintenant et plus tard ? », s’interroge l’ancien président américain. « Au moment où j’écris, dit Bill Clinton, nous ne connaissons pas encore l’étendue des dégâts mais les premières estimations laissent à penser que près de 3 millions de gens, un tiers de la population haïtienne va avoir besoin d’aide ». L’ex-chef d’Etat établit la liste des priorités : « retrouver les survivants, enterrer les morts, restaurer le pouvoir politique, remettre les routes en état et bien sûr fournir aux survivants de l’eau, de la nourriture et des abris ». Bill Clinton veut aussi garder espoir, « à plus long terme, dit-il, en nettoyant les gravats nous allons construire des lendemains meilleurs pour Haïti, des bâtiments solides, de meilleures écoles, un meilleur système de santé ». Le New York Times est moins optimiste dans son éditorial : « Haïti : la colère de Dieu (...) Si Dieu existe il a des comptes à régler avec le pays. C’est ce que pensent aujourd’hui les Haïtiens », affirme l’éditorialiste. Le séisme est interprété comme une punition divine, collective et les survivants chantent dans les rues : « Pardonne-moi Jésus (...) Pourquoi se tourner vers un dieu qui semble, au mieux absent, au pire vengeur ? Les Haïtiens n’ont pas d’autres options », conclut le journal.
Acte de générosité
A la une du Los Angeles Times un chiffre : « 400 000 dollars de dons ont été recueillis en 24 heures » suite à l’appel lancé par le chanteur Wyclef Jean. La campagne « Give on the go » est simple, les Américains sont invités à envoyer le message Yele (NDLR : le nom d’une association) depuis leur mobile. Ce texto est facturé 5 dollars et l’argent servira à aider les victimes du tremblement de terre en Haïti. Objectif « récolter 1 million de dollars par jour ».