Mise à jour le 18 décembre
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Haïti obtient des donateurs 9,9 milliards de dollars sur plus de trois ans

Des promesses de fonds pour la reconstruction post-séisme assorties d’une "clause anti-corruption" et qui ouvrent la voie à une commission intérimaire mixte dominée par un "club de puissants donateurs"

La conférence internationale des donateurs s’est achevée mercredi soir à New York sur des promesses de dons de 9,9 milliards de dollars en vue de la reconstruction d’Haïti dévastée par le violent séisme du 12 janvier, un engagement dont s’est félicité le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, qui estime que les "donateurs sont allés au-delà de toute attente".

Le montant total annoncé lors d’une conférence de presse finale portera sur plus de trois ans et incluera 5,3 milliards de dollars de dons de gouvernements et partenaires internationaux pour les 24 premiers mois du processus de reconstruction.

Ces fonds sont nettement supérieurs aux attentes du gouvernement haïtien qui avait sollicité une première tranche de 3,8 milliards.

Cependant, l’ONU avait chiffré cette semaine à 11,5 milliards de dollars sur dix ans la facture totale de la reconstruction d’Haïti où des infrastructures essentielles ont été détruites par le tremblement de terre, outre les 230.000 morts, 300.000 blessés et environ 1,5 million de sinistrés officiellement recensés.

La communauté internationale s’est mobilisée "de façon significative et en solidarité avec le peuple haïtien", a déclaré, satisfait, Ban Ki-moon, qui s’exprimait en compagnie du Président haïtien René Préval et de la Secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, à la fin de la conférence organisée au siège des Nations Unies.

En début de matinée, devant les représentants de quelque 130 pays et institutions internationales, les trois responsables avient donné le coup d’envoi de l’événement accueilli de façon mitigée en Haïti où divers secteurs de la société civile ont indiqué que le plan du gouvernement Préval/Bellerive, validé officiellement mercredi, ne reflétait pas les aspirations profondes de la population.

Les Etats-Unis et l’Union européenne font figure de poids lourds parmi les donateurs. Hillary Clinton a annoncé une contribution de 1,15 milliard de dollars sur les deux prochaines années tandis que la haute représentante de l’UE pour les relations extérieures, Catherine Ashton, a promis une enveloppe de 1,24 milliard d’euros (environ 1,5 milliard de dollars).

Présenté en 55 pages, le plan de reconstruction dévoilé à New York prévoit notamment un appui budgétaire direct de 350 millions de dollars à l’Etat haïtien, en difficulté depuis la catastrophe de janvier.

Le représentant par intérim du Secrétaire général de l’ONU pour Haïti, Edmond Mulet, avait jugé cette assistance cruciale pour le maintien des services publics.

"Rêvons d’une nouvelle Haïti dont le destin repose sur un nouveau projet en faveur d’une société sans exclusion, qui a vaincu la faim, où tous ont accès à un abri sûr et (...) aux soins de santé", a répété René Préval dans son intervention transformée en un véritable plaidoyer pour des investissements massifs dans l’éducation avec le soutien actif de la communauté internationale.

Le chef de l’Etat haïtien a aussi confié à l’assemblée qu’il caressait un second rêve, celui de voir le monde converger vers une civilisation fondée sur l’humanité et la solidarité.

M. Préval, qui entame la dernière ligne droite de son deuxième mandat de cinq ans, a profité de sa présence à la tribune de l’ONU pour remercier les partenaires du pays qui avaient fourni une assistance humanitaire importante au lendemain du séisme. Il a aussi salué le courage des compatriotes qui avaient spontanément volé au secours des nombreux rescapés coincés sous les décombres.

"Il faut qu’Haïti réussisse", avait, pour sa part, affirmé Hillary Clinton la secrétaire d’Etat américaine, en soulignant que la conférence visait également à soutenir le pays "de façon plus intelligente". Comme d’autres orateurs qui sont intervenus après elle, le chef de la diplomatie américaine a habilement évoqué la question de la corruption considérée comme l’un des fléaux qui rongent Haïti depuis des décennies. Elle a appelé les dirigeants nationaux à garantir une "reconstruction transparente" et la communauté internationale à "changer ses vieilles habitudes en travaillant avec le gouvernement plutôt qu’en le contournant".

Parmi les autres intervenants, citons le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, le directeur général du Fonds Monétaire International, Dominique Strauss-Khan, le président de la Banque intéraméricaine de développement, Luis Alberto Moreno et Bill Clinton, l’ex-Président américain et envoyé spécial de l’ONU pour Haïti.

La gestion des 9,9 milliards de dollars sera confiée à la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (IHRC), chargée justement par les bailleurs de fonds de garantir l’utilisation efficiente de l’argent donné. Dotée de 23 membres, cette structure de pilotage des différents projets prévus sera coiffée par le Président Préval (avec droit de veto), co-présidée par Bill Clinton et le Premier ministre haïtien Jean-Max Bellerive, aux côtés de représentants des présidents de la Chambre des Députés et du Sénat, des autorités locales, des syndicats et du patronat.

Mais, la IHRC comptera aussi dans ses rangs les représentants majoritaires des pays ayant accordé au moins 100 millions de dollars à Haïti ou allégé sa dette de 200 millions. Ce club est pour l’instant constitué des Etats-Unis, du Canada, du Brésil, de la France, du Venezuela, de l’UE ainsi que de la BID, de la Banque mondiale et de l’ONU.

A l’expiration de son mandat de 18 mois, cette commission mixte très controversée -en raison de la prédominance des étrangers et de l’étendue de ses pouvoirs- passera le relais à une nouvelle entité dénommée Régie de développement d’Haïti qui devrait être intégralement haïtienne dans sa composition, selon des sources officielles. spp/Radio Kiskeya




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