Ce samedi ramenait le dixième anniversaire de l’assassinat du directeur de Radio Haïti Inter, Jean Léopold Dominique, et du gardien de la station, Jean-Claude Louissaint, tous deux exécutés par un commando le 3 avril 2000.
Aucune cérémonie n’a été organisée pour marquer les dix ans de la brutale disparition du plus célèbre journaliste haïtien alors que le dossier judiciaire, déjà dans l’impasse, n’a vraisemblablement pas été retiré des décombres du Palais de justice de Port-au-Prince détruit par le séisme du 12 janvier.
Répondant aux questions de Radio Kiskeya, le président de l’Association nationale des médias haïtiens (ANMH), Jacques Sampeur, a qualifié de "honte nationale" le sort réservé à un cas aussi révoltant pour l’opinion publique.
Déplorant l’absence de la "volonté politique" des autorités de rendre justice aux victimes, il reste toutefois persuadé que tout n’est pas fini pour Jean Dominique et Jean-Claude Louissaint.
Egalement PDG de Radio-Télé Antilles, M. Sampeur, qui n’écarte pas l’éventuel effet du tremblement de terre sur la conservation des différentes pièces du dossier, croit qu’avec une certaine volonté politique le jugement des assassins du propriétaire de Radio Haïti Inter demeure tout de même possible.
Plusieurs juges d’instruction en charge de cette encombrante affaire politico-judiciaire se sont succédés sans pouvoir donner le moindre résultat. Parmi eux l’actuel secrétaire d’Etat aux affaires pénales, Claudy Gassant.
Preuve des graves entraves ayant marqué l’évolution d’un processus judiciaire scabreux, la plupart des suspects ou témoins-clés sont décédés après s’être mystérieusement évadés de prison ou lors d’un séjour à l’hôpital.
L’un des seuls à avoir échappé à cette mystérieuse série noire, le nommé Markenton Philippe, s’est réfugié en Argentine pour des raisons restées jusque là inconnues.
Au moment de sa mort, Jean Dominique était un influent conseiller du Président René Préval (premier mandat, 1996-2001), en plus d’être son ami proche.
Radio Haïti est fermée depuis plusieurs années et la veuve du journaliste, Michèle Montas, elle-même aussi journaliste et ancienne porte-parole du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, vit aujourd’hui à l’étranger.
Dix ans après, les proches des victimes du double attentat du 3 avril 2000 attendent toujours l’identification et le procès de leurs assassins.
La situation n’est guère différente pour Brignol Lindor, Jacques Roche et d’autres confrères tombés dans l’exercice de leur profession.