Avec la Russie, Joe Biden a parlé d’une « nouvelle détente » en annonçant le développement du bouclier anti-missile prôné par l’administration Bush, si et seulement si il était économiquement viable.
Toute chose qui nous apparait, dans l’immédiat, fort peu probable, quant on songe à l’état flageolant d’une économie américaine qui s’enfonce dans la déprime. De plus, l’Amérique abandonne l’idée de commencer un tel projet sans consultation avec les experts russes. Dont acte de la part de Sergei Ivanov, influent ministre russe des affaires étrangères qui annonce pour dans un mois des négociations pour la limitation des arsenaux nucléaires des deux pays.
Voilà donc un langage nouveau qui nous éloigne de la langue de bois des néoconservateurs à Washington et du coquerico guerrier des militaires du Kremlin au cours de ces dernières années.
Mais il reste et demeure bien enfoncées dans les talons de la nouvelle administration des épines douloureuses comme celles de l’Irak et de l’Afghanistan. Et elle ne pourra que changer son fusil d’épaule en se concentrant un peu plus sur l’Afghanistan en lieu et place de l’Irak que Washington envisage de quitter sur la pointe des pieds pour ne pas provoquer de nouveaux éboulements à caractère ethnique.
Dans cet ordre d’idée, la première année du gouvernement Obama se révèlera particulièrement difficile, du fait qu’il sera obligé de trainer encore quelque temps dans les escarpins diplomatiques de l’administration Bush.
Pour l’heure, le général Petraeus, commandant des troupes américaines à Kaboul a annoncé sans trop de détails que la politique américaine dans la région était « under review », tout en entamant une tournée dans les capitales occidentales. On parle de revoir à la baisse les prétentions américaines pour la région, désormais il ne sera plus question d’implanter un projet démocratique de type jeffersonien mais de faire du « containment » anti-terroriste.
Il est clair que tout en annonçant un ton nouveau dans ses relations avec le monde, le gouvernement américain cherche encore ses marques. Il s’agit d’ajuster la nouvelle diplomatie US à l’aune d’une relecture moins polarisante des rapports de force sur la planète. Sans renoncer aux intérêts supérieurs d’une Amérique habituée à mener le monde, bref sans que « l’aigle ne se transforme en hirondelle ».
Quoiqu’il en soit, la nouvelle administration semble bon gré malgré jusqu’ici du moins dans les grandes lignes tenir ses promesses de campagne, en dépit de quelques hésitations envers un Ahmadjinedad difficile à manœuvrer.
Madame Clinton au Département d’Etat parait pour l’heure afficher une efficace discrétion et les querelles d’égo n’ont pas commencé au sein d’une administration qui réunit autant de personnalités de premier plan de la trempe d’un Richard Holbrooke ou d’un Georges Mitchell.
De ce côté du continent américain, l’attente donne lieu à toutes sortes de spéculations sur ce que sera la nouvelle politique américaine vis-à-vis d’une région dont les relations avec le puissant voisin du Nord sont d’une grande complexité.
On a hâte de lire « le chapitre Amérique latine » du nouveau livre blanc de la politique étrangère américaine.