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Un jour... Tes pantoufles / L’apprentissage du cri ou l’expérience des douleurs ?

Les mots ont toujours joué un rôle important dans nos rapports d’êtres doués de bon sens et d’intelligence. Éléments fondamentaux dans la transmission de la pensée et des sentiments humains, l’homo sapiens, utilise les mots depuis la nuit des temps pour dire ses plus simples besoins et ses sentiments les plus profonds.

Texte proposé par Roosevelt Boncoeur via le Coin des Lecteurs .

Toujours est il que certains hommes ont bâti avec le temps une relation un peu particulière avec les mots. On les appellent, ces hommes-là : Amoureux des mots, hommes de lettres, sages, poètes etc.

Jeanie Bogart est de la trempe de cette catégorie d’humain. Son premier recueil de poème confirme cette communion presque sacrée qu’elle entretient avec le verbe.

Dans son recueil, Jeanie emploie les mots comme matériaux, tel le peintre, le sculpteur, ou l’artisan utilise les couleurs, l’argile ou le fer pour créer une œuvre d’art de toute beauté.

C’est cette œuvre finie, façonnée par les mains de la poétesse que j’ai le plaisir de commenter sous le titre : Un jour… Tes pantoufles / L’apprentissage du cri ou l’expérience des douleurs ?

Dès l’introduction du recueil, la poétesse avoue entrer dans le monde de l’écriture avec toute son insouciance et sa détermination avec des mots qui parlent d’eux-mêmes. Lorsque les lèvres se serrent. Pas que la poétesse veut crier ses douleurs, ses peurs, ses espérances … de femme à tout bout de champ. Au contraire, elle accouche par pure nécessité.

Elle écrit dans son prologue :

« L’écriture pour moi est un besoin naturel. Elle vient dans les moments de pure nécessité »

« Elle reviendra toujours brusque tenaillant
Cette envie de dire ce qui n’est rien…

Elle reviendra toujours cette envie d’aligner les mots
Dans le désordre rien que des mots bizarres…
 »

Quels autres mots pourraient mieux traduire ce besoin de dire, d’accoucher, de crier ses maux, ses joies, ses passions, ses folies… sinon que ses mots-la ?

Ces mots qui mordent. Du moins, ces mots qui laissent leurs morsures sur la main de la poétesse. Qui déshabillent l’écriture, pour dévoiler les ÊTRES. Pour montrer la femme telle qu’elle est : Libre. Candide par moment. Sensuelle. Et follement femme.

« J’assume l’innocente manipulation des mots et des êtres semés un peu partout sur ma vie » écrit Jeanie.

Des mots pleins de sens, qui comme bien d’autres tortillent sous la main de la poétesse quand la plume n’a rien à cacher mais tout à écrire.

Je suis telle que je suis…

Je vais toujours à contre sens
Entre le dit et l’interdit…

Divisées en clans sur la balance des lendemains
Les étoiles parlent le langage des sans-abri…

Quel peut-être la couleur de nos désir ... ( ?)

Là où les mots se balancent entre deux folies…

Néanmoins, chaque mot compte. Chaque mot tient une place importante dans cette coulée d’émotion. Chaque mot a un poids unique. Chaque phrase peut susciter des lots de questionnements. Le plus pertinent serait de se demander si tous ces mots qui nettoient, grattent, frottent, lissent, caressent… pour reprendre les propres termes de la poétesse ne sont pas nés de ce que j’appelle : l’apprentissage du cri ou l’expérience des douleurs  ?

Comment ne pas interroger ces vers : « j’aurais voulu enlacer l’horizon jusqu’à l’étrangler. Faire éclater mon avenir anémié ».

Comment ne pas s’extasier quand Jeanie écrit : « J’ai mangé mon silence »

Ou quand elle dit : « si tu bois la vie à petites cuillerées, si tu lèches le bonheur à grands coups de langue assure-toi que tout ce que tu bois, manges, lèches n’est autre qu’un homme ».

La poésie de Jeanie charme. C’est le moins que l’on puisse dire. Et cette escapade dans l’art poétique délicieusement mûr de cette femme me laisse la sensation que même avec la force extraordinaire qu’on reconnaît aux mots, il est souvent péniblement dificile de tout exprimer par les mots.

Dans ces circonstances-là, sans nul doute qu’un cri suffirait…

Roosevelt Boncoeur
Connecticut le 20 octobre 2008




BÔ KAY NOU


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