Une artiste accomplie En vérité, la reine de cœur a conservé jalousement au cours de sa carrière la boussole de sa dynastie patriotique. Quelle soit notre idole ou pas, personne ne peut nier la maturité de son inspiration qui a longtemps atteint un niveau de spiritualité hors du commun. Pour ainsi dire, plusieurs de ses compositions s’expriment comme des prières sur des mélodies infernales. Sous le thème de la Foi, l’artiste accomplie, Émeline Michel a dégagé une énergie digne d’une femme de conviction. Dans son répertoire, elle a puisé : Beni yo, Pè étènèl, le classique Misè a fini pou nou et Marie Sella entre autres. De surprise en surprise Alors que les spectateurs attendaient l’apparition de la Diva directement sur la scène, un coup de théâtre s’est produit. La reine de cœur est arrivée à la porte principale, de sa voix retentissante forçant l’assistance à faire demi tour de leur siège pour la regarder s’approcher dans l’allée avec son tcha tcha en main et le micro à la portée de sa bouche. Décor simple, parure de luxe Le charme de la vedette ne s’arrêtait pas à la limite de sa voix, mais aussi par son allure quasi excentrique. Vêtue d’un ensemble trois pièces de couleur flamboyante : d’un jaune citron, d’une teinte rouge fuchsia exotique et d’un motif rose bohémien. Ce dernier tissu vaporeux couvrait la robe de gala de deux tons. La finition était assortie d’un vèvè en forme de cœur et autres configurations. Le schéma représentait sans nul doute le symbole de la déesse de l’amour, ma maîtresse Erzulie Fréda. Progressivement, au cours du spectacle, la tunique et le foulard ne faisaient plus partie du décor. Prestations de qualité Au milieu du spectacle, un des invités spéciaux s’étaient manifesté. A l’une des pièces qu’il exécutait avec les musiciens de la chanteuse, on aurait dit que Daniel Bernard Roumain, DRB, virtuose du violon s’était aventuré au cœur d’une forêt sauvage et qu’il entendait apprivoiser les créatures avoisinantes. Cependant, le cri strident d’un oiseau de proie revenait momentanément revendiquer la suprématie de son territoire. Et là, chaque musicien était maître de son instrument.
Sur un autre élan musical, Toto Laraque a brandi de sa chaise pour se mesurer d’égal à égal accordant ainsi sa guitare en notes majeures avec l’instrument du violoniste de renom qui lui tenait tête. Cette scène spectaculaire a soulevé l’enthousiasme du public en délire. Soudain, instinct maternel de la hôte s’était aussitôt manifesté afin de protéger son aîné de sa propre désinvolture, en raison que ce dernier a été victime d’un accident qui l’empêchait de trop bouger et de se déhancher comme à la coutumée. La troupe EKSPRESYON quant à elle a agi comme des bulbes qui font pétiller le champagne. Toujours fidèle à la tendance spirituelle déjà propagée dans l’enceinte, la prestation très éloquente d’une danse favorite d’un dieu ancestral : le samba a été offerte au public. Et bien que cette expression soit réputée pour son déhanchement osé, les artistes l’ont exprimée avec élégance et grâce pareille à l’allure prestigieuse de la boisson. Témoignage fraternel de reine de coeur Émeline en a profité pour rendre un vibrant hommage à ses parents, sa famille, son fils Julien y compris. Elle a particulièrement encensé sa sœur Émeraude Michel pour son support, son dévouement, son Amour inconditionnel à son égard. L’artiste a déclaré que sa sœur représentait véritablement pour elle une pierre précieuse qui décore joliment et agréablement sa vie de tous les jours. C’est une façon de dire que sa famille est tricotée serrée. D’autres autres preuves de reconnaissance ont été dirigées vers Ralph Boncy, pour son implication dans sa vie artistique, Nancy Roc, pour son esprit de l’initiative, Maguy Métellus, pour sa chaleur, Henri Salgado, pour ses inspirations et sa générosité. Maggy et Henri qui ont d’ailleurs assuré l’ouverture du spectacle en affichant tant de désinvolture… L’humour de la diva L’interaction entre la chanteuse et le public a suscité quelques répliques bien senties de la part de cette dernière. Ce fut un humour mordant qui exprimait le genre politiquement incorrect. Comme l’interaction était palpable entre l’artiste et son public, elle a eu l’idée de demander à l’assistance quelle est la chanson qu’elle voudrait entendre. Bien entendu, chacun dictait sa préférence dans une telle cohue que l’artiste rétorqua : « Je réclame silence dans la salle s’il vous plait. Et si je n’obtiens pas satisfaction, je sors une arme, je tire en l’air. »
Voilà le fin fond de l’histoire !