Cette prose coupable que je remets entre les mains du sacrilège d’oublier
l’élan doux
des morphèmes
l’accoutumance dans la mélasse des porteurs d’échéance
cette mâle prose au-delà de toute parenthèse
port d’attache un arbre-à-lettres des timoniers / de ceux qui démaquillent les saisons en prédisant le grand chapitre des poètes sans nom porteurs
d’angoisses démesurées au gel des légendes
gobeurs de mots et d’instants qui dévisagent la préposée aux interrogatoires des grandes
inquisitions inachevées dans la rumeur des condamnés à renommer au-delà d’insaisissables
montées de haine
pâle grandiloquence de l’orateur maquillé mais qui a soif d’otages du grand large
qui joue au défilé
de fous et à la marelle comme un enfant
du gué des paumes de la main et en amont des genoux de rebelles qui parlent de liberté
dans le souffle des harangues de troupe jusqu’aux foulées des promesses de mariage
et de baptême des vivants
place au levain dans le défi des conjonctions assoiffées de liaisons qui miment la rhétorique des poètes
en instance de révolte
haute lecture cadenassée dans l’halitose des regards d’îles femelles / jumelles à toute éructation
de la rose née dans la douleur d’être seule parmi les pierres affranchies du cri de l’enfant
place aux témoins à charge dans mes démarches de naufragé sans boussole
de vigie sans bilan de navires
entre elles et moi
l’appel au timon des rêves sans frontières
d’une ossature ancrée et mémorable
poète marginal dans le registre des évasions
poète doux sur la page des coeurs
sois où elles auront besoin de vigiles tendresses
dans l’attelage des mots qui réclament un poème
va où elles seront le premier mot à toute épreuve
la première lettre à toute réponse
la première plante à toute saison
le premier cri à toute naissance
la première phrase du livre de la vie
ce livre qui n’est que monologue infini dans l’aphorisme d’une cicatrice
de l’arc-en-ciel
en bretelles absolues
Montréal, novembre 2003
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