Parfaire sa croyance pour déjouer les initiés de mauvaise foi
Le Peuple Haïtien se travestit culturellement, folkloriquement depuis très longtemps dans un duo de prière christiano-vodouïsane ou AYBOBO et AMEN s’entrechoquent sans jamais atteindre le point de convergence de l’universalité. Le débat est officiellement lancé dans le cadre religieux en projection de la foi et de la croyance haïtienne. Car l’auteur Jean Fils-Aimé ose dévoiler certaines tendances fallacieuses dans le domaine théologique. De toute évidence, il a consenti d’être le paratonnerre de ceux qui ne veulent plus risquer d’être frappé de la cécité dogmatique. Nous avons adressé une série de questionnements à madame Yolande Montreuil reconnue ouvertement comme une prêtresse sacrée du vodou pour avoir accordé plusieurs entrevues à la télévision et dans plusieurs revues. 14 mai 2000, elle a fait la page couverture de La Gazette version anglaise. Deux mois plus tard, soit 29 juillet de la même année, le magazine Dernière heure publie ses déclarations. Radio-Canada a déjà fait appel à ses connaissances en matière du vodou. Les chaînes de télévision telles : Vox 9, Canal D sans compter les ressources universitaires qui se fient à ses propos. Elle organise à l’occasion des séminaires sur le vodou afin de dissiper les préjugés qui persistent à montrer surtout la face obscure de cette religion.
Courtoisie de monsieur Leverge Ronan directeur adjoint du site www.caraibeexpress.com
Q. madame Yolande, depuis notre première rencontre dans le cadre de l’entrevue, j’ai l’impression que vous avez certaines réponses du bout des lèvres. Est-ce des hypothèses ou des enseignements provenant des oracles communément nommés loas ?
R. Dans le milieu mystique, les hypothèses des humains ne tiennent pas. On est là pour suivre les consignes des esprits. Et tout doit être enseigné par les esprits. Certains adeptes cependant ne se gênent pas pour émettre des hypothèses en les faisant passer pour des enseignements aux profanes ou aux non initiés.
Q. Approuvez-vous cette définition personnelle suivante que j’ai de la religion vodouesque ? Le mambo ou le hougan est un intermédiaire privilégié, un médium qui uni le monde invisible à celui des humains.
R. Certainement. Le médium est définitivement un intermédiaire privilégié. Il est là pour transmettre des messages aux humains. Les esprits mettent en application le principe de chevauchement. L’humain devient alors sa monture. En tombant en transe, il parvient à communiquer avec l’esprit. L’esprit peut entrer aussi en communication avec le médium au moyen des songes afin d’envoyer des messages aux humains. Il existe plusieurs modes de communications surnaturelles : la clairvoyance, la clairaudience, la télépathie, le voyage astral. – Le voyage astral fait-il également partie des rituels du vodou ? Absolument. Sauf que certains réseaux de culte l’utilisent de façon plus complexe que dans le vodou. Il m’est déjà arrivé de traverser la mer noire pour aller visiter un lieu spécifique au Japon dans le but de fournir une information précise à un visiteur. Ce dernier était étonné de l’exploit puisque je n’ai jamais voyagé physiquement sur cette Île.
Q. Est-ce parce que le vodou a une dimension pratique singulière où les adeptes exercent des cures, des traitements, connaissent également le secret des sorts, des envoûtements que la majorité des gens a tendance à le cataloguer dans le rang du maléfice et de la superstition ?
R. Il est évident que le vodou souffre d’une mauvaise réputation. Et ce marché obscur est aussi imputable aux nombreuses catégories de hougans et de mambos qui pratiquent le vodou. En réalité, toutes les religions comportent leur bon et mauvais côté. Ceux qui pratiquent le vodou selon les règles mystiques sont des êtres choisis qui sont investis des dons nécessaires pour fonctionner dans le respect de la tradition. Ceux-là mis à part, il faut compter les curieux, les égoïstes, les paresseux et principalement les charlatans qui s’infiltrent dans le milieu pour discréditer le milieu vodouesque et par surcroît laisser une mauvaise impression des véritables hougans et mambos.
Q. Vous parlez de la nécessité des dons. Pouvez-vous les énumérer ?
R. Les dons de base nécessaires sont : le pouvoir de voyance et de guérison. Quand ce sont les esprits qui choisissent, ils prodiguent à l’initié le maximum des dons qui sont au nombre de sept. Le hougan ou mambo moyen possède au moins quatre. On compte : la double vue, la clairvoyance, la clairaudience, la télépathie, le voyage astral, le pouvoir curatif ou don de guérison qui sert à des traitements, à la recherche des ingrédients et le secret des sciences occultes, et finalement le don de l’intuition et de discernement.
Q. Comment peut-on mesurer le degré de pouvoir d’un hougan ou d’une prêtresse ?
R. Entre eux, les initiés peuvent mesurer leur force mystique. Ainsi, quand les esprits le veulent, l’initié exécute ses pouvoirs d’emblée et de façon efficace. Les gens se plaisent à dire qu’il n’y a pas de hougans supérieurs à d’autres. C’est absurde. Le fait est que certains sont habités par des esprits enfants que d’esprits adultes. Cela ne veut pas dire pourtant que les esprits enfants n’ont pas toutes leurs puissances mystiques – Pouvez-vous m’expliquez ce phénomène ?- L’ensemble de la force agissante est répartie en 21 nations. Et si l’initié possède plus d’esprits enfants, il est dans la catégorie des hougans ou mambos moyen. Et ceux qui sont gouvernés par des esprits adultes font partie des hougans ou mambos supérieurs. Le fait est que l’esprit enfant dépend de l’adulte. Hiérarchiquement, l’enfant doit obéir à l’adulte. Je vous le répète, il existe une marche à suivre, une discipline stricte dans le rituel vodou que les gens ont tendance à prendre à la légère par leur ignorance. Parmi les esprit adultes on trouve : Ogou, Demballah etc. Quant aux esprits enfants on compte Jean Polisson, marassa créole, marassa bois, marassa caille etc. Toutefois, la vieillesse ne diminue pas pouvoir de l’esprit.
Q. Quel est le rôle des esprits vodou ? ? Voulez-vous faire le parallèle entre la magie noire et la magie blanche ? Cette dernière a-t-elle que des répercussions bénéfiques ?
R. Ce qu’il faut comprendre principalement des esprits vodou, c’est qu’ils ont une mission sur terre. C’est pour cette raison qu’ils chevauchent les humains afin d’accomplir à chaque fois une mission. Dans les autres religions par contre, les maîtres évoquent des esprits par des procédés de la magie blanche. Je précise que l’interpellation ne conduit pas nécessairement à la descente de l’esprit invoqué sur terre. Lorsqu’on détient le pouvoir surnaturel, on a le choix de l’utiliser pour le bien comme pour le mal. Et ce, dans toutes les religions du monde. Même si la magie blanche sous-entend la pureté, une magie propre, certains l’utilisent dans l’intention de causer du tort aux autres. La magie noire pour sa part, comme son nom l’indique, son effet c’est d’évoquer les démons, manipuler la sorcellerie. Le Vodou comme tel n’a rien à voir avec les deux tendances mystiques.
Q, Considérez-vous la Bible comme un outil de magie blanche ?
R. Tout comme les autres ouvrages de sciences occultes, la bible est un outil qu’il faut utiliser avec prudence et discernement. Mais je ne la considère pas comme un outil de magie blanche pour autant.
Q. En dehors des objets fétiches et des symboles qui suscitent certaines craintes, pensez-vous que le vodou peut survivre ?
R. D’après les rituels vodouesques, les esprits exigent des objets pouvant leur symboliser. C’est une façon comme une autre de les distinguer et de les catégoriser. Le clairin, le rhum, les cigares, les mouchoirs sont en quelque sorte des accoutrements. En cas d’urgence ou de danger, l’esprit peut facilement se dispenser de ces objets fétiches comme vous le précisez pour venir accomplir sa mission sur terre.
Q. Envoûtements et sorts sont-ils synonymes du vodou ou de n’importe quel culte religieux ?
R. L’envoûtement implique un mauvais fluide et une sensation de malaise permanente ou temporaire en raison que l’esprit est mauvais et malicieux. Il résulte à des contrariétés inexplicables. Tout se passe dans la dimension invisible. Alors que le sort peut se manifester physiquement par l’envoi d’une maladie, une déformation de la personne. Les deux constituent la somme des nuisances visant à nuire au bien être de celui ou celle qui en est victime.
Q. Quels comportements sont les plus néfastes pour la religion vodouesque : la dissidence des décideurs ou le fait que ceux qui ignorent totalement son fondement le considérant comme une secte satanique ?
R. Les deux comportements sont néfastes pour la pratique vodouesque. S’impliquer dans le vodou par ruse ou feindre de ne pas faire partie c’est le lot des traîtres qui ont des comptes à rendre envers Dieu et envers les esprits.- D’après vous, Dieu est en communion avec les esprits vodou ?
Oui, je l’affirme parce que les esprits sont en mission sur terre. Ils sont de Dieu. Et les esprits vodou respectent Dieu ! Ce n’est pas pour rien les esprits veulent que les humains se conforment à leurs enseignements à leur tour.
Q. Bien que vous soyez tenue par le secret professionnel, l’ambivalence de culte est courante. En faisant la lecture intime d’un visiteur dans la dimension divinatoire et que vous aperceviez que ce dernier est un fidèle d’une religion en opposition au vodou, lui feriez-vous la remarque de son écart de conduite ?
R. Les esprits le savent. Ce ne sont pas tous qui dénoncent certains croyants déguisés. Probablement qu’ils leur pardonnent de leur ignorance. Souvent les esprits les aident pour leur montrer leur compassion. Il arrive que les esprits les regardent avec pitié en disant qu’ils ont deux yeux et ils ne voient rien, ils ont deux oreilles ils n’entendent pas. Voilà, pourquoi les esprits appellent l’argent (Zye kreve).
Q. Pour se mettre à l’abri des mauvaises intentions que l’on prête au vodou, en règle générale, les pratiquants du vodou prétendent être sous la bannière du clan de la Guinée (Franc guinéen) alors que dans la plupart des cas, ce n’en est rien. Si la famille guinéenne forme la plus haute hiérarchie vodouesque bienveillante, en quoi reconnaît-on un franc Guinéen des imposteurs ?
R. Les francs guinéens ont une façon de parler qui est unique. Ils n’agissent pas et ne réagissent pas comme les autres. Leur rituel est différent des autres. Ce sont des sages. Tandis que les autres tiennent un discours violent, ils ont l’esprit vengeur.
Q. Le franc Guinéen est-il l’initié qui est sous contrôle des loas ou esprits maîtres de son initiation ?
R. Il prend ses instructions nulle part d’autres que des esprits protecteurs. Il est à l’écoute des autres. Il est très humain tout en sachant qu’il a une discipline à respecter.
Q. Selon plusieurs témoignages des personnes réclamées par les invisibles, leurs expériences sont souvent parsemées d’envie, de jalousie au sein de leur entourage par les membres de leur famille. Quelles sont les conditions qu’un humain doit remplir pour que les esprits le réclame ?
R. C’est très simple. C’est parce que l’esprit voit en cette personne un champ mystique et un dévouement en quelque sorte, une vocation. De plus, l’esprit choisit ses adeptes dans le sein maternel c’est-à-dire dès la conception. La jalousie dans les familles et entourages ou girons c’est à cause des pouvoirs que les esprits confèrent à cette dernière. Bien souvent ces envieux essaient par des moyens maléfiques d’écarter les esprits de leur servante en les dépaysant ou les bornant mystiquement.
Q. Pourquoi d’après vous dans la religion catholique les pratiquants qui se trouvent dans la condition de pauvreté adressent leur prière à la Providence en espérant améliorer leur sort sans plus attendre. Tandis qu’un pratiquant du vodou est jugé de gaspiller son temps inutilement à une veine prière si sa condition économique ne prend pas un essor phénoménal ? A ce niveau, la réussite d’un croyant réside t-elle dans la protection surnaturelle qu’il bénéficie, le pouvoir économique inexplicable dont il jouit ou les deux ?
R Beaucoup de personnes qui se disent être des vodouisants n’ont vraiment pas confiance dans la religion vodou. Car cette religion ne donne pas la richesse mais procure les moyens, des opportunités, des occasions d’atteindre la richesse. Toutefois, il faut savoir saisir ces occasions en étant attentif à toutes sortes d’approches. Celui qui pense qu’être vodouisant sans argent ne vaut pas la peine, c’est un faut croyant et des opportunistes.
Q. Comment expliquez-vous l’échappatoire ésotérique de ceux qui estiment être à « deux mains » ?
R. En réalité, l’échappatoire à deux mains n’existe pas. Soit on fait le bien ou on fait le mal. Les deux ne peuvent pas se marier. Les gens pour troubler les profanes disent toujours qu’ils sont à deux mains. C’est un moyen pour les malfaiteurs d’attirer la confiance des profanes.
Q. concernant la protection surnaturelle, les risques de persécutions sont très élevés. Souvent, une épreuve n’attend pas l’autre. Qu’est-ce qui explique ce phénomène d’attaques de tout bord tout côté ? Serait-ce pour sonder la force qui habite le bénéficiaire du don ?
R. Dans le rituel du vodou, les vodouisants n’ont pas le droit d’attaquer mystiquement un autre voudouïsant ni de le sonder, parce que le vrai adepte du voudou possède tous les moyens adéquat pour être efficace. Ceux qui n’ont pas été choisi se sont eux ont de la jalousie dans leur cœur et surtout de la curiosité face un authentique voudouïsant. Malgré tout, les élus sont souvent avisés par les esprits de la malice des autres.
Q. Lors qu’une prêtresse (mambo) ou un hougan exerce son pouvoir mystique et que celui-là s’avère inefficace, à quoi est dû le manquement ? Autrement dit, quels sont les facteurs d’échec ou de réussite à ce niveau ?
R. Normalement, un mambo ou un hougan ne devrait pas travailler dans le doute. Par contre, si le prêtre ou la prêtresse à un compte à rendre avec les esprits parce qu’il (elle) a commis une erreur antérieure et que ce dernier (cette dernière) a été avisé (e), et malgré tout, il (elle) n’a pas respecté les consignes des esprits, à ce moment, il (elle) travaille en vue d’un échec.
Q. Tous les prêtres du vodou ne sont pas animés de bonnes intensions. L’égoïsme de certains occasionne des nuisances à ceux qui sont appelé à devenir comme eux. Lorsque qu’un serviteur déroge aux principes de la de la transmission du pouvoir à un autre appelé, est-il exposé à un châtiment qui sera mis en branle au jugement dernier ? Ou il y a-t-il d’autres instances de jugements qui se rapportent à ce genre d’infraction ?
R. Un (houngnior) initié élu, qui a la vocation de devenir prêtre ou prêtresse du vodou et qui est guidé par les esprits auprès d’un prêtre ou une prêtresse donnée, ce dernier doit faire beaucoup attention avec cet houngnior. Car il arrive bien souvent que l’esprit principal (Mèt tèt) envoie des messages soit par le houngnior ou par le prêtre ou la prêtresse même. Dans la majorité des cas, la prêtresse ou le prêtre du vodou prend à tort l’initié à la légère. Pour cela, il ou elle marche dans l’erreur. Car dans le vodou il faut respecter même la parole d’un enfant parce que l’esprit peut manifester de n’importe quelle façon. Et si le prêtre ou la prêtresse a failli à ses obligations, cela peut lui coûter la vie ou devenir déjouer. Voilà l’ensemble des châtiment qu’ou hougan ou un manbo peut subir en ne respectant pas les consignes mystiques tels que dictés.
Madame, Montreuil, je vous remercie de m’avoir accordé un peu de votre temps.
Tout le plaisir est pour moi madame Domond.