Avant la première colonie française, les seuls moyens de transport qui existaient en Haïti furent les chevaux et les carrosses à cheval. C’est dans les années 1908, sous la présidence d’Antoine Simon qu’est arrivée la première automobile dans le pays. Ce n’étaient certes pas des voitures aussi sophistiquées comme celles qu’on possède aujourd’hui mais elles étaient en outre très fiables et solides. Maintenant nos moyens de transport terrestres les plus courant sont les camionnettes, les taxis et les bus couramment appelés tap-taps. Les tap-taps sont par définition les transports régionaux qui sillonnent les rues dont le parcours est limité par le chauffeur, selon la demande du passager.
Les moyens de transports les plus utilisés sont les camionnettes car elles sont plus nombreuses. Elles ont un style très particulier. Ceux sont des pick-up sur lesquels ont met une carrosserie en bois avec des fenêtres. Elles contiennent deux rangées de bancs parallèles, une de chaque côté située derrière la vitre qui sépare les passagers du chauffeur et peuvent contenir jusqu’a six (6) passagers par rangée. Ceux sont de véritables œuvres d’art multicolores qui véhiculent des messages similaires tant sur le plan spirituel, familial et amical. En effet, il est rare de croiser un de ces tableaux ambulants qui n’ait pas un dessin représentant la nature, les oiseaux, le ciel ou les avions.
Les minibus qui ne diffèrent des camionnettes que par leur grosseur affichent le plus souvent des portraits des stars comme le footballeur brésilien, Ronaldo, la chanteuse Céline Dion, l’acteur Will Smith, Arnold Swarzenegger, pour ne citer que ceux la, ainsi que certains musiciens du pays et parfois les portraits de leur famille au dos de leur bus. Les messages sont le plus souvent des citations et proverbes comme par exemple « l’oisiveté est la mère de tous les vices » ou « charité bien ordonnée commence par soi même », sans oublier leur appartenance religieuse et leur foi chrétienne qui prend souvent le dessus avec des messages comme « Merci Jésus », « Dieu soit loué », etc...
Mais ce qu’ils oublient, c’est qu’il ne suffit pas de croire en Dieu pour éviter les accidents de la route. Il faut aussi avoir un comportement exemplaire et prendre ses responsabilités, car avant tout, la vie des passagers est entre leurs mains. Les chauffeurs des tap-taps négligent les codes de la route. Ils mettent souvent en danger la vie de leurs passagers en ignorant les panneaux de signalisation, en dépassant la limite de vitesse autorisée et en s’arrêtant à n’importe quel carrefour pour déposer les passagers. Ils sont toujours pressés et parfois, vont jusqu’à abandonner les passagers en cours de route, ce qui n’est ni sécuritaire ni amusant pour ces derniers qui attendent parfois des heures au soleil avant de trouver un tap-tap les obligeant tous à se bousculer les uns les autres, en poussant même les vieillards et les enfants afin de trouver un siège libre. Certains restent debout durant tout le trajet, d’autres sont coincés, immobilisés, les jambes pliées, le dos courbé afin de faire de la place.
Et pour les distraire et leur faire oublier leur malaise et l’inconfort de leur siège ainsi que le danger qui les entoure, le conducteur met de la musique à bord des tap-taps. Un peu de compas, du zouk et du rap au son très élevé est parfois agréable mais cause de nombreux troubles d’auditions chez les passagers. Des bancs en bois mal polis et parfois en fer salissent et déchirent les vêtements de ces pauvres gens qui ne peuvent même pas se plaindre. De toute façons, les chauffeurs se moquent pas mal de ce qui pourrait bien arriver à quelqu’un à bord de leurs camionnettes. Tout ce qui leur importe c’est de faire de l’argent en transportant le maximum de gens possible, même si certains restent suspendus à l’arrière. Dans certaines zones, des passagers sont victimes des violences des chauffeurs qui n’hésitent pas à les frapper ou même à les tuer s’ils n’arrivent pas à payer complètement le voyage et vice versa.
La musique n’est pas la seule distraction de ces passagers. Certains ont tendance à s’endormir sous l’effet de la fatigue mais d’autres préfèreraient mourir au lieu de rester sans rien dire. Les tap-taps sont connus comme étant les plus populaires des forums qui existent en Haïti. C’est en fait un centre de ragots. A bord, tout est dévoilé : les activités de la voisine, le mari violent qui frappe sa femme, la servante qui dévoile les secrets de son patron, les expériences vécues de certains et tous les sujets de discussions politiques et sociales qui sont susceptibles d’attirer l’attention.
Les taxis d’Haïti, bien qu’ils soient différents des camionnettes peuvent être considérés comme des tap-taps. Ils n’ont pas de slogan, pas de dessin mais peuvent transporter plus d’une personne à la fois. Et leur destination ne dépasse pas en général 2 km. La plupart des taxis sont de très anciennes voitures qui ne peuvent pas servir à grand-chose. Certaines datent de plus de 20 ans. On peut remarquer des anciens modèles de Renault ou de Peugeot, comme le Peugeot 504, voir même le 404 des années 70, même s’il est très rare. Aussi anciens qu’ils puissent être, ils peuvent transporter jusqu’à 7 passagers par trajet, assis les uns sur les autres. Les chauffeurs de taxis ne conduisent pas mieux que les autres. Ils s’arrêtent dès qu’un client les arrête, peu importe l’endroit que ce soit à l’angle d’un carrefour ou dans une zone interdite. A part un volant et les pédales, ces voitures n’ont presque plus rien. Pas de phares, ni de klaxon, pas de feux clignotant, et certaines n’ont plus leurs freins à main. Mais ils sont quand même autorisés à circuler au point ou on se demande s’il y a vraiment un service de contrôle des véhicules dans ce pays.
Les haïtiens sont très courageux de nature car chaque jour on voit des milliers de gens monter à bord de ces tap-taps comme si de rien n’était. Ils se rendent même pas compte du danger qu’il courent et même s’ils s’en rendent comptent, ils préfèrent ne pas y penser puisqu’ils n’ont pas d’autres choix. Mais comme on dit, faute de grives, on mange des merles. Kwoke makout ou kote men’w ka rive. Mais ceux qui en ont, ont bien de la chance car leur vie est beaucoup moins exposée. Et surtout, leurs enfants ne risquent pas d’arriver à l’école fatigués et épuisés à force d’attendre.