« No money, no love », c’est le nouveau slogan des jeunes de cette nouvelle génération. L’amour qui autrefois unissait nos grands parents et qui rendait le bonheur aux malheureux est aujourd’hui un sentiment des plus insignifiants pour beaucoup de jeunes. En effet, de nos jours, on pense pouvoir acheter et vendre l’amour parce que vivre d’amour et d’eau fraîche n’a jamais rien rapporté de bon. De ce fait, le Big Boss a bien son rôle à jouer.
Big Boss est le terme utilisé en Haïti pour désigner le « Sugar daddy » ou « pimp » en anglais et « souteneur », « maquereau », « proxénète » en français. Dans le dictionnaire Larousse ces trois derniers termes étant synonymes, désignent un "individu qui vit de la prostitution de femme qu’il prétend protéger". Mais en réalité, un Big Boss ne vit pas de la prostitution d’une femme, mais c’est plutôt la femme qui vit de sa prostitution envers son amant ou son mari. Car le Big Boss est en fait un amant qui soutient financièrement sa maîtresse. Une femme qui entretient des relations avec un homme non pas par amour mais dans l’unique but de lui soutirer de l’argent est une sorte de prostituée. On ne le dit pas à haute voix mais c’est ce qu’il en est en fin de compte. Au menu « au donnant, donnant » : donne moi ton argent et tu auras tout ce que tu veux.
Plus de cinq (5) filles sur dix (10), entre 18 et 25 ans, se marient ou entretiennent des relations de concubinage par besoin d’argent avec des hommes beaucoup plus âgés qu’elles, qui pourraient même être leurs pères. C’est le résultat d‘une petite enquête réalisée auprès d’une vingtaine de jeunes écolieres et universitaires
« Je ne pouvais pas payer mon école et ma famille ne pouvait pas m’aider. Et quand j’ai rencontré cet homme, j’ai tout de suite compris que c’était la seule chose à faire. Il m’a proposé d’être sa maîtresse et maintenant je vais dans une bonne école, j’aide mes parents à payer le loyer, et je peux me permettre un certain luxe. » Marielle, 21 ans
Dans cette société kote « afè pa bon », les parents étant dans l’impossibilité d’aider leurs enfants se trouvent donc incapables de les protéger des Big Boss. Ils ne peuvent même pas leur donner de quoi acheter un téléphone cellulaire ! Mais il y a des parents à qui ça fait du bien, surtout les mères maquerelles. Elles les obligent à se marier afin de sortir de la misère et avoir une belle maison, une jolie voiture, de beaux vêtements...
Tout un luxe auquel il n’est pas facile de dire « non ». Quitte à être la maîtresse d’un homme marié, d’un père de famille ou une femme battue, il n’y a aucun inconvénient si c’est la seule façon d’avoir ce qu’elles veulent, même si après, elles sont victimes de leurs propres ambitions. Bien des femmes, des jeunes filles retrouvent la mort en voulant rompre avec leur Big Boss. Celles qui ont de la chance d’être encore en vie se retrouvent appauvris. Mais il est rare de trouver une qui accepte de perdre tout ce qu’elle a juste pour sauver la face.
Aussi agréable que cela puisse paraître pour certaines, tout ne baigne pas toujours dans l’huile car il est fort difficile de trouver un Big Boss à la fois amoureux aimable et gentil. Amoureux, peut-être au début. Quant à être aimable et gentil, ça reste à espérer.