La Métropole montréalaise exposée aux charmes d’une pléiade de ses vigiles d’émois. Une Ville comme vous l’avez encore jamais imaginée, point perçue, nullement ressentie, un territoire, une Île, choyée ornée de mille et petits rien, armée de toutes les vertus, soudain se dilue dans nos veines. Le murmure des voix pénétrantes amorce le festoiement de la splendeur des quatre saisons de la Ville de Montréal. Interpellé au moyen de tous les accents : Montréal, Jean-Guy Pilon (Comme eau retenue, Typo 1995. L’Hexagone), Montréal en jupon volant, Fayolle Jean (Complice des voyelles, Éditions, Cimage Québec, 2005), Montréal au mois d’aimer, Frantz Benjamin (Chants de mémoire, Société Paroles, 2003), Montréal, je te tutoie, Henri Robert Durandisse, dit par Sadia, Montréal tout oval, Marie Estrella Lopez, dit par Yanick Dutelly. Rodney Saint-Éloi annonce cependant Montréal de façon impersonnelle, sans doute en raison de l’agitation de « sa fatigue des vents ». Pourtant, il nous fait vivre son attachement presqu’ absolu à cette ville. Dans : Les villes sont d’étranges bateaux, (Extrait)
(...)
« Il y a une ville et une légende
Il y a une terre et un ciel
Il y a un fleuve et une histoire
Montréal, ville entre toutes
Montréal, ville soleil
Gueule de bois
Montréal, rire plus blanc que la vérité
Montréal, mon Amérique bègue... »
Tout est orchestré en mélodie et en verve pour que l’auditeur soit paralysé d’étonnement. Cette douce piqûre d’abeille dont l’effet envahissant épouse sans délai la chair jusqu’à l’engourdir complètement, car dès la deuxième trame, Oswald Durant Jr fait déjà rage de la version instrumentale (Minis Azaka, musique traditionnelle haïtienne, Oswald Durant Jr) comme pour forcer les mélomanes à obéir aux lois d’Orphée et de Morphée.
Alors, on se laisse emporter par des bourrasques de mots, de sublimes allégories qui flattent, dorlotent, remuent et ressuscitent l’Âme du patrimoine d’accueil, de souche. Le coin de terre semble tout à coup, indispensable, paradisiaque en rendant une sereine joie longuement extirpée dans la douleur au quotidien.
Des plages de poésie compilées sur CD : une nouvelle tendance littéraire qui gagne du terrain et les petits plaisirs incontournables
Un hommage du coeur accompli en chœur, grâce à la complicité de dix-sept poètes de diverses origines, la distinction vocale de sept artistes dont quatre séduisantes voix parmi celles les plus convoitées de la communauté haïtienne, et je cite : Fayolle Jean, Marie Michelle A. Volcy, Yanick Dutelly et Sadia, la protégée du chanteur Philippe Toto Laraque.
Au total, on retrouve sur l’album, dix auteurs de migrance d’origine Haïtienne. Les sept autres collaborateurs proviennent notamment du Liban, de Cuba, de Montréal, de Québec, d’Italie et de la Grèce.
Attente en berne
D’après la classification des participants répartie sous le gîte d’auteur, comédien et musicien, il semblerait que seuls les comédiens avaient le privilège d’exercer leur talent vocal respectif comme passeurs de mots. Toutefois, cette harmonie n’est pas sans nuage, puisque la voix de Frantz Benjamin n’a pas été répertoriée dans cette fonction, alors qu’il aurait pu prêter sa singulière élocution, sans doute avec succès, à ce récital collectif.
Un second souffle pour réanimer un genre littéraire : une anthologie enregistrée sur la résonance audio
Il fallait y penser ! Transborder les horizons de la poésie, une des plus anciennes expressions littéraires signalées depuis le début de l’humanité, puisqu’ Adam était poète rapporte-t-on.
MONTRÉAL VU PAR LES POÈTES est une anthologie principalement accessible réalisée par l’organisme culturelle SOCIÉTÉ PAROLES qui semble comprendre et se plie à la réalité de la société actuelle. Nous parlons ici d’une sélection de poètes référents d’ici et d’ailleurs. Les illustres créateurs et hommes de lettres tels : Gaston Miron, Jean Guy Pilon, Léonard Cohen, Claude Beausoleil, Nadine Ltaif et tous les autres ; sans compter les talentueux comédiens, particulièrement Gabriel Gascon. Voilà un mixage d’artisans concertés qui nous miroitent les épisodes d’instants magiques de notre univers quotidien méconnu. N’est-ce pas « décrire son espérance en lettres mortes ».