Du bout des lèvres, leurs propos jaillissent souverainement sur vos sens et ont une résonance solennelle. Incluant ces effets psychologiques, les interprétations peuvent être multiples. Doit-on considérer ces verbes, comme de simples remarques anodine ?
Par expérience, certains se soumettent comme à une ordonnance, d’autres y voient une sorte de verdict menaçant, un avertissement, un genre de condamnation ou une alerte de « penser y bien ». Il n’en reste pas moins que ces fascinantes paroles véhiculent le plus souvent un cachet véridique. Invité d’honneur, à titre de Conférencier de l’événement annuel,
Le professeur Emmanuel Védrine est grammairien, Écrivain, poète et chercheur dans le Domaine linguistique Lors d’une conférence sur les PROVERBES CRÉOLES à l’occasion du mois de langue créole, édition 2002, le professeur Emmanuel Védrine, de E. W Védrine Projet Inc, Boston, Mas E.-U a accepté de partager généreusement le résultat de ses recherches avec une assemblée appliquée, diligente sans doute respectueuse de la tradition puisque la salle était comble. Il a laissé en héritage une tonne de références en plus de fournir des informations à profusion durant la séance.
A noter que le coordonnateur de l’organisme KEEPKA, monsieur Pierre Roland Bain se fera un plaisir de satisfaire votre curiosité en matière de ces références. Cette forme d’expression a expliqué le professeur Védrine « prend généralement origine dans la somme des expériences et vécus d’une communauté, d’une société, d’un peuple. L’usage des faits et vérités imagés étant répandu, au fil du temps, rentre dans la catégorie de la littérature orale ».
Cependant, à l’intérieur de ce schéma culturel il existe plusieurs variations comme : le maxime qui est la pensée spécifique d’un auteur de grande réputation ou une personne célèbre transmise par des adeptes, témoins ou admirateurs. A titre d’exemple puisé de la littérature française : « un seul être me manque et tout est dépeuplé » Alphonse De Lamartine, écrivain Français du 18e siècle prônant le romantisme.
Un saut express en direction d’une autre civilisation indique la même expérience. Dans les années 60, le charismatique Président des États-unis d’Amérique, John Kennedy eut à dire : « Au lieu dire ce que le pays peut faire pour vous, il faudrait se demander ce que vous pouvez faire pour le pays. » La pensée quant à elle, exprime une idée philosophique qui révèle d’un point de vue, d’une perception, un métaphore « Le bonheur est une jeune fille avec qui tout le monde aimerait avoir une idylle » auteur inconnu.
Pour en revenir à nos moutons, le dicton est une leçon de vie, une sentence passée : kabrit di sa ki nan vant ou se li ki pa ou. « il ne faut pas commettre l’erreur de remettre à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui ». « Ansam pa zanmi » « Enmi se repo » l’équivalent de la formule prononcée par Saint-François d’Assise : « Mon Dieu, protège-moi de mes amis, quant à mes ennemis, je m’en charge ! » « Repete fè kont ». « Gare à celui qui répète les propos que son interlocuteur n’avait pas entendu la première fois Le proverbe sous entend soit un avertissement, une mise en garde voire une menace voilée, une parabole par surcroît. Découvrez maintenant les intentions qui s’inscrivent dans la portée morale de la petite histoire des proverbes et autres adages créoles. Bat chen tann mèt li. « Tôt ou tard, il faut répondre de ses actes malveillants envers ses prochains par la main d’une force invisible » Kaka tankou chen pa di kont se tranble jam.
On peut bien observer ce que l’autre fait, mais l’imiter c’est une toute autre chose » Tou sa ki pa pou yon moun se pou mèt li. « On a beau ravir à quelqu’un ce qui ne nous appartient pas, on finira par le perdre honteusement ». Baton ki bat chen nwa li kap bat chen blan « ne fait pas à autrui ce qu’on ne voudrait pas qui nous arrive ».
Le critère fondamental sur lequel les chercheurs se basent pour déterminer le poids, la profondeur et la pertinence de ces citations proverbiales précise t-il, c’est le principe de la rhétorique : la manière la plus éloquente d’argumenter et d’exprimer sa pensée. Mais une chose est certaine toutes ces tangentes sont circonscrites dans la zone cognitive de l’assignation d’une maturité d’emblée.
Quand nos parents, nos grands-parents, un aîné quelconque nous inondent, nous imprègnent de ces couleurs folkloriques en rapport à nos écarts de conduite ou d’autres opportunités, même à dix mille lieux de notre pays d’origine, avouons que nous en sommes par moment impressionnés, si non terrifiés des conséquences.
Marie Flore D./CE