L’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier a été ovationné par plusieurs milliers de personnes mardi lors d’une visite à Léogâne (33 km au sud-ouest de Port-au-Prince) où il s’est recueilli sur la tombe de ses grands-parents, au lendemain du 25e anniversaire de sa chute, en 1986.
Accompagné de son épouse Véronique Roy, l’ex-Président à vie, rentré en Haïti depuis trois semaines, effectuait sa deuxième visite dans la ville natale de sa mère décédée, Simone Duvalier, alors qu’il est inculpé de corruption, détournements de fonds publics et association de malfaiteurs et accusé de crimes contre l’humanité.
"M. Duvalier va se recueillir sur la tombe de ses grands-parents enterrés dans cette ville qui a été détruite par le séisme de janvier 2010. Il va déposer des fleurs au cimetière", avait indiqué dans la matinée à l’AFP Véronique Roy.
Avant d’aller à Léogâne, "Baby Doc" s’était rendu sur la tombe de son père, l’ancien dictateur François Duvalier, au cimetière de Port-au-Prince.
Le 7 février 1986, lorsqu’une révolte populaire avait chassé Duvalier du pouvoir, mettant fin à une république héréditaire de 29 ans, la tombe de "Papa Doc" avait été vandalisée par des haïtiens déchaînés.
"Si vous (Duvalier) étiez là, la réalité du pays serait différente", ont scandé avec enthousiasme dans la Cité Anacaona plusieurs milliers d’adultes et de jeunes, nostalgiques pour certains, sans repères historiques pour d’autres.
L’accueil a été partout étonnamment délirant pour Jean-Claude Duvalier qui a visité tour à tour la chapelle Sainte-Rose et le lycée Anacaona avant de déposer une gerbe des fleurs devant une fosse commune où sont enterrées de nombreuses victimes du séisme destructeur de janvier 2010.
Par la suite, l’ancien tyran et ses proches, suivis de plusieurs centaines de personnes décidément infatigables, se sont rendus dans la localité de Citronnier (9e section communale de Léogâne) pour une cérémonie particulière sur une habitation familiale.
Rentré en Haïti à la surprise générale le 16 janvier dernier, après 25 ans d’exil en France, Jean-Claude Duvalier a confié lundi à une station de radio qu’il caressait le rêve d’une "réconciliation nationale" à laquelle serait associés "tous les anciens chefs d’Etat".
Récemment, le Président René Préval avait assuré en République Dominicaine qu’une assignation à résidence était imposée à l’ancien leader de la sinistre milice des "Tontons Macoutes" pourtant libre de se pavaner à travers la république.
Outre une gestion des affaires publiques marquée par le règne de la corruption et le maintien inébranlable de l’exclusion sociale, la dynastie des Duvalier père et fils a fait de 1957 à 1986 des dizaines de milliers de morts, de disparus, de prisonniers et d’exilés.