Mise à jour le 18 décembre
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Jeudi 26 d&ecute;cembre 2024 15:49 (Paris)

Campagne électorale : Manigat et Martelly s’affrontent déjà à distance

La constitutionnaliste oppose son style et sa réputation à ceux du chanteur de Compas qui, lui, accuse sa rivale d’être l’alliée de la plateforme présidentielle INITE, lors d’un déplacement électoral ayant mobilisé plusieurs milliers de personnes au Cap-Haïtien

Les deux candidats à la présidence, Mirlande Manigat et Michel Martelly, ont abordé les premières heures de la campagne du second tour en décochant à distance des flèches l’une contre l’autre sur un ton généralement poli avant les empoignades à venir.

Arrivée en tête du premier tour, la démocrate-chrétienne s’est employée à se montrer totalement différente de son rival lors d’une conférence de presse axée sur les priorités de son mandat en cas de victoire tandis que le chanteur tenait au Cap-Haïtien (274 km au nord de Port-au-Prince) un meeting devant plusieurs milliers de partisans.

"Nous ne nous ressemblons pas du tout, dans le style de vie, dans la carrière, nous ne nous ressemblons pas dans notre passé et dans notre réputation", a déclaré Mme Manigat à propos de "Sweet Micky" avec qui elle n’aurait en commun que la volonté de conduire le pays vers le changement. Cependant, là encore, les différences de vision et d’orientation sont notables prévient la candidate qui dit attendre toujours de prendre connaissance du programme de son adversaire.

"Ce deuxième tour est historique, c’est une première et il met en face deux personnes qui ne se ressemblent pas du tout. Lui (Martelly) sait chanter, moi je ne chante pas, mais, je sais faire beaucoup de choses qu’il ne sait pas faire, qu’il n’a pas faites ou qu’il n’a pas encore faites", a lancé avec une pointe de fierté Mirlande Manigat, en réponse à une question.

Elle considère comme une alliance entre deux chanteurs la décision de la star du hip-hop, Wyclef Jean, d’endosser la candidature de Martelly.

S’exprimant tour à tour en créole, en anglais et en espagnol, Mme Manigat s’est déclarée prête à s’engager sur un rythme enlevé dans la dernière ligne droite en identifiant comme priorités la lutte contre l’épidémie de choléra et son corollaire la mise en place d’une politique de distribution d’eau potable à la population ainsi que le relogement de 400.000 sinistrés du séisme destructeur de l’an dernier.

La dirigeante du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes, qui rêve de devenir la première Présidente élue de l’histoire d’Haïti, part à la recherche d’un mandat populaire clair et tente d’entraîner dans son sillage des dirigeants politiques de l’opposition et des candidats des plateformes Alternative et Inite, en ballottage au second tour des législatives.

En fonction de l’évolution des discussions, dans les prochains jours, dees leaders pourraient se rallier à sa candidature à travers la conclusion d’une alliance politique fondée sur des axes programmatiques partagés, a expliqué la professeure Manigat qui entend placer son éventuel quinquennat sous le signe du sérieux, de la compétence et de l’ouverture.

Soumise à des questions de la presse haïtienne et étrangère dans une salle de l’hôtel Montana, la candidate -assistée du responsable de communication de sa campagne, le journaliste sportif Patrice Dumont- a aussi évoqué ses rencontres cette semaine avec le Président dominicain Leonel Fernàndez, le Club de Madrid, la Commission intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH) et le comportement "inamical" des autorités jamaïcaines qui ont expulsé pour cause de malaria la sélection haïtienne U-17 de football.

Parallèlement aux premiers propos de campagne de sa rivale, Michel Martelly partait à l’offensive en l’accusant d’avoir scellé une "alliance" avec le parti au pouvoir. Il s’est défendu d’avoir lui-même un tel projet après avoir pourtant évoqué à Santo Domingo son intention de trouver une entente électorale avec Inite dont le candidat à la présidence, Jude Célestin, a été évincé.

Plusieurs milliers de personnes, en majorité des jeunes issus des quartiers populaires, ont chaudement applaudi le chanteur de Compas Direct qui a promis une lutte sans merci contre la corruption et la création d’emploi, lors d’un rassemblement sur la place de la cathédrale, au Cap-Haïtien.

L’accueil enthousiaste de ses partisans a paralysé certains secteurs d’activité dans la deuxième ville du pays.

Accompagné de Wyclef Jean et du chanteur de Djakout #1, Shaba, un transfuge de Inite, Sweet Micky s’est entretenu avec l’archevêque métropolitain, Louis Kébreau, qui s’est déclaré ouvert à tous les candidats.

Manigat et Martelly disposent exactement d’un mois pour exposer leurs idées à la population, convaincre les électeurs de leur capacité à diriger autrement, fixer les grands enjeux nationaux et restaurer, d’ici le 20 mars, la crédibilité d’un processus électoral dont la légitimité a été remise en cause suite au premier tour chaotique du 28 novembre.




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