Le journaliste et réalisateur : Charles Gervais met cap sur les rêves d’espoir en expression et en émotion des jeunes noirs d’origine africaine et créole Le réalisateur Charles Gervais sous le soleil tropical Le tournage du film en Haïti Quand la vie est un rêve Documentaire/Canada/moyen métrage de 52 minutes
Entrevue exclusive réalisée par Marie Flore Domond
En tant que Québécois, pourquoi avoir réalisé un documentaire sur Haïti parmi tant d’autres destinations ?
Durant mes études, j’ai côtoyé plusieurs copains d’origine Haïtienne. Après mes études Universitaires, j’ai voyagé en Amérique latine, ensuite, j’ai séjourné sept mois en Afrique de l’Ouest dans le cadre de la réalisation d’une série de documentaires. C’est là qu’a débuté ma curiosité sur la culture africaine. En ce qui concerne Haïti, j’entendais parler des bouleversements du pays. Étant donné que la plupart des haïtiens ne savaient pas exactement ce qui se passait, j’ai entrepris de creuser pour comprendre les enjeux, découvrir les besoins du peuple. Cela m’a pris un an pour réaliser le film.
On a observé que le titre du film est assorti d’une remarque d’un de vos personnages interviewés en Haïti. Quelle la raison de cet extrait ? Est-ce parce que vous pensez que cette citation reflète bien le documentaire en question ?
J’ai pensé que cela résumait bien le grand drame de la jeunesse haïtienne. Les conjonctures économiques sont si difficiles, qu’ils sont privés des simples besoins fondamentaux. Dans le cas de ces jeunes, la vie n’est pas réellement accessible. Alors, ils ne font que rêver à une vie meilleure. C’est une jeunesse sacrifiée ! C’est une lutte constante de survie. Dans le film, Ariel croit que la meilleure solution, c’est de voyager pour atteindre le rêve qu’il chérit tant. Il envisage de travailler, d’étudier, de fonder une famille. Je lui ai parlé tout récemment, il est heureux de quitter enfin le pays en quête de l’idéal qu’il veut à tout prix concrétiser.
Puisque vous avez été en Haïti pour être un témoin oculaire de la situation tant sociale qu’économique du pays, quelle est d’après vous, l’issue de cette faillite des dirigeants Haïtiens ?
De tous les intervenants, je pense que Prosper Avril a fourni la réponse qui correspond le mieux à la situation du peuple Haïtien. Il a dit qu’il faut d’abord créer des institutions qui fonctionnent adéquatement. Car sans institutions, on ne peut pas gouverner un pays.
Ne lui avez-vous pas rappelé qu’il a été au pouvoir ?
Justement, en répondant ainsi, il ne s’exclut pas du tout. Au contraire, en s’affirmant ainsi, il prétend que même lui ne pouvait pas échapper à la tournure des événements récurrents. C’est un climat de méfiance qui règne. Ceux qui ont la possibilité préfèrent remplir leur poche au lieu de laisser l’autre le faire.
Comment avez-vous été accueilli lors de votre séjour en Haïti ?
On a été relativement chanceux. C’était juste avant l’ouragan Jeanne. On a eu l’occasion de marcher dans les rues, de tourner sans trop de peine. Vous savez, les haïtiens sont des gens qui souffrent mais qui sont capables de partager. J’aime la culture de ce peuple. Les africains en général ont quelque chose de fondamentalement précieux.
Considérez-vous les haïtiens comme des africains ou des Antillais ?
L’africain d’origine garde encore sa souche. Cependant, de par l’histoire, l’haïtien est un africain déraciné.