Mise à jour le Février 2022
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Mardi 19 mars 2024 07:12 (Paris)

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Le récit de ses années d’infortune - Carine Michaud se met à nu pour faire le bilan

« J’ai peur de l’extravagance. Un trop grand sentiment d’humilité me poursuit et me détruit. »

« Je pense être habitée d’une entité négative destructrice qui me tape sur la tête à chaque fois que le bonheur s’annonce dans ma vie. »

Témoignage
Carine Michaud
Auteure de l’ouvrage
36 ans de pleurs
la petite Élise

Ils existent des enfants rois qui naissent dans un nid tout moelleux d’amour. Ils mènent une existence de pacha, ils sont protégés, dorlotés, gâtés à l’os par un parent ; parfois par les deux. D’autres se font dire tôt ou tard, qu’ils sont des indésirés en plus d’être maltraités ; quand ils ne sont pas abandonnés. Certains sont même supprimés après leur naissance. La plupart doivent supporter l’indifférence de leur géniteur toute leur vie. Quelle qu’en soit l’avenue, le fardeau est lourd à porter pour les mal aimés. Car on ne choisit pas ses parents. Le concept du respect parental étant toujours été un principe sacré, rares sont ceux qui osent dévoiler les agissements indignes de leurs parents qui démontrent clairement leur préférence à l’un ou à l’autre de leur enfant et conséquemment, divisent les membres d’une même famille. Autant qu’on retrouve des parents exemplaires et généreux, autant ils existent d’autres qui sont à plaindre de leur malveillance et de leur insouciance. Le stéréotype de l’enfant non accepté dans une famille existe bel et bien dans les foyers, indépendamment du comportement de « mouton noir » que certains exercent pour attirer l’attention des autres. Ces préjugés se manifestent sous diverses formes d’oppressions intra parentaux qui minent la vie de l’enfant jusqu’à l’âge adulte et lui anéantissent son estime de soi. L’exclusion sociétale n’est rien comparée à celle que peut infliger le réseau familial. Tous les coups sont permis, puisque les linges sales se lavent en famille n’est-ce pas ?

A mes yeux, la Vérité est une valeur tant fondamentale que sacrée qu’on ne devrait jamais renier. Dans certains cas, elle est incontournable. C’est pour cette raison que je me suis penchée sur le sujet de l’auteure Carine Michaud qui a eu la difficile tâche de briser le silence pour pouvoir faire la paix avec elle-même et avec les siens et ainsi saisir la seconde chance de vivre dans la sérénité.

Q. Avez-vous planifié l’écriture de votre ouvrage ? R. Pas précisément. L’idée de mettre sur papier la triste histoire de mon existence me hantait par moment, mais je n’en avais pas le courage. Et suite à mes multiples problèmes de santé, un médecin m’a fait la suggestion d’écrire les épisodes de ma vie sous forme de thérapie. J’ai suivi ses conseils. C’est de là qu’a commencé l’aventure.

Q. C’est à partir de cet instant que vous avez commencé à écrire ? Pas du tout. Depuis 7 ans, j’étais en attente d’une promotion à poste Canada. Je ne sais pas si c’est la peur de la réussite qui m’accablait de tous les maux. Je pense être habitée d’une entité négative destructrice qui me tape sur la tête à chaque fois que le bonheur s’annonce dans ma vie. En fait, 250 postes étaient disponibles et tout le monde voulait monter dans le bateau. Il existait une sorte de guerre froide entre les employés. Le boycottage était monnaie courante. De plus, je venais de vivre une rupture amoureuse, Et comme on dit qu’il n’y a que l’amour qui peut guérir l’amour, je me suis lancée rapidement dans une autre relation. Le prétendant s’est avéré être un gigolo qui voulait me faire le coup du portefeuille. Ce mélange de peur et d’espoir s’est dégénéré en maladie pulmonaire. En définitif, c’est mon naturopathe, Pierre Moreau qui m’a conseillé le premier d’écrire. Pour lui c’était une forme de thérapie qui pouvait m’aider à remonter la pente et surtout à remonter mon estime de moi. De file en aiguille, j’ai eu l’idée d’écrire l’histoire de ma vie.

Q. À partir du moment où vous avez entamé l’initiative de narrer un pan d’histoire de votre vie, l’avez-vous écrit d’un seul jet ou a-t-il eu des périodes creuses ? R. Cela a pris un an. Je peinais au début et je trouvais ça dur. J’avais réussi à pondre seulement cinq pages. À son tour, mon psychologue m’avait référé à une autre personne ressource, Marie Rose Lefranc qui m’était d’une aide précieuse. Je lisais et elle m’écoutait. J’ai débuté en février 2003. Le premier mois, j’ai écrit trois chapitres. Par la suite, j’ai eu une période creuse de dix mois. Je n’avais ni la concentration, ni l’inspiration. Mon psy m’a fait comprendre que c’est peut-être la peur de la réaction de la famille qui me bloquait ainsi. Car jusque là, le projet demeurait clandestin. J’ai donc pris la décision d’écrire à mon père pour le mettre au courant de mon initiative. Sans le froisser, je lui ai fait le bilan de mes 36 ans en faisant état de mes frustrations. J’ai eu sa bénédiction. Et c’est de là que j’ai commencé à vaincre mes blocages.

Q. C’est très intéressant. Voulez-vous nous parler des autres étapes ? R. Comme je vous le confie, 10 mois ce sont écoulés, après les trois premiers chapitres, rien ne sortait. Au onzième mois, je pensais encore à mon affaire. Or, je m’étais lancée un défi de sortir le livre pour mon anniversaire de naissance le 4 février 2004. J’avais planifié 14 chapitres pour le livre. Du 13 au 30 janvier 2004, j’avais ajouté six chapitres au manuscrit. Il me restait cinq chapitres. C’est là qu’a commencé le compte à rebours. J’ai été au Complexe Christina pour réserver une salle. J’ai placé des publicités de la vente signature pour le 28 février 2004 à la station de radio CPAM et à l’Écho évangélique. Les médias étaient au courant que le lancement serait prévu cette date alors qu’il me restait encore des chapitres à terminer.

Q. Non, Vous me faites marcher madame Michaud ! Qu’avez-vous fait par la suite madame Michaud pour vous sortir de ce bourbier ? R. Je vous assure que c’est la vérité. J’ai agi ainsi par la foi. Le pire c’est que l’éditeur m’avait prévenu que cela prendrait environ trois mois pour finaliser l’ouvrage. Quand je suis allée le voir à nouveau, il m’a réclamé le manuscrit en me mettant en garde que si le manuscrit ne lui convenait pas, il ne publierait pas l’ouvrage. Je lui ai demandé c’est quoi un bon livre pour lui. Il m’a répondu : « Un bon livre c’est comme un film qui se déroule devant soi. Dès la première page, l’histoire doit être captivante. » Il a saisi le document et a commencé à lire. A peine qu’il tournait la seconde page. Je lui ai tenu la main pour interrompre sa lecture en lui disant on signe le contrat. Vous avez fait signe de tourner la page c’est que l’histoire vous intéresse. Mais je vous avoue qu’il me reste cinq chapitres à ajouter. Ainsi, j’ai terminé les derniers chapitres de l’ouvrage en trois semaines.

Q. La plupart de vos personnages sont entêtés, condescendants, égoïstes excentriques, prétentieux. N’avez-vous pas exagéré pour donner le ton, le corps, bref une forme plus vivante à votre œuvre ? R. Je peux vous assurer que seuls les noms sont fictifs, tout le reste tient de la réalité familiale et personnelle. Les personnages principaux sont exactement comme je les décris. Je me suis même retenue pour ne pas révéler certaines choses. Par contre, quatre d’entre eux sont aveuglés par trois points qui représentent leurs points d’honneur. Le rang social - l’aisance financière et les préjugés de couleur.

Q, Pour terminer madame Michaud, pourquoi selon vous les lecteurs devraient lire votre ouvrage ? R. Ils devaient le lire parce que l’histoire est vraie et je suis convaincue que beaucoup de gens pourront se reconnaître à travers les intriques familiaux et à travers moi. Et également, en signe de solidarité à une femme qui lutte pour rétablir sa dignité.

Je vous remercie madame Michaud.




BÔ KAY NOU


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