Le philosophe Léo Strauss et l’écrivain Saint-John Kauss sont donc deux idéologues très différents et pourtant si proches dans la mesure où Strauss fait figure de diffuseur d’idées alors que Kauss agit en condensateur de mots. Leur point commun est la gestion du capital humain, du capital social, voire du capital émotionnel.
Le but de ce travail étant une étude sur les différentes sphères d’activités de l’écrivain Saint-John Kauss et leur incidence sur sa poésie, nous sommes forcés d’interrompre cette analyse comparative servant d’introduction. Cependant, ce rapprochement entre les deux entités était nécessaire afin d’encadrer le double sens du droit naturel et surtout la légitimité de l’usage botanique que fait le biologiste de formation à travers sa réflexion poétique.
Ainsi, voulions-nous justifier le droit naturel exercé par l’auteur afin d’innover dans le domaine poétique, à savoir sa performance autant sur le plan thématique, sémantique que du symbolisme littéraire.
La botanique du poème chez Saint-John Kauss
Nous avons constaté que l’écriture du poète est bien vivace. Examinons à présent la composition multiple de la sève dont le flux littéraire est organisé.
Ceux qui y prêtent attention apercevront que certains de ses poèmes sont érigés comme en plein cœur d’une flore amazonienne, vaste, mais bien apprivoisée dans laquelle le poète semble temporairement élire domicile tel un aumônier d’une gigantesque savane à qui on fait appel pour rendre un ultime hommage au pèlerin sans frontière réfugié dans le règne végétal pour y rendre son dernier souffle. C’est en profondeur et à profusion que le poète invoque l’identité des arbres et des plantes les plus discrets pour le plaisir du rite et l’accompagnement de l’âme au repos éternel. En ce lieu, le poète endosse le rôle du dernier survivant qui fait plaisir à l’humain en lui jetant un sourire aux lèvres avant la fin du battement définitif des paupières. Cependant le poète ne se veut pas un guérisseur, mais le consolateur agréé grâce à son « don de mots ».
(...) « je dis le cantique des cantiques du soulagement et des amitiés formelles jusqu’à la montée des voiles et des rendez-vous à solliciter
que n’ai-je point raconté jusqu’à la dernière chanson jusqu’au premier poème lu à la cité des cœurs le poids des saisons et la folie des hommes de ce pays et de cette île aux grands nuages qui n’arrête pas de boire à gorgées lentes les embruns salés du quotidien »
(Lieu de ma naissance, in Nomades, inédit)
La densité de l’enchantement du poème à travers le règne végétal n’est certainement pas négligeable. D’ailleurs, cette visite récurrente est signalée dans ses plus longs poèmes : Archipel des Antilles, Poème du pacifique, Ma terre sienne de ciel brûlée, Poème du grand Nord et Lieu de ma naissance ; la dernière citation et non la moindre. Point n’est besoin de se forcer pour trouver des motifs concernant ce choix. Le décompte des mots qui ont un rapport avec la botanique se chiffre, sur le plan quantitatif, à environ trente-six. La valeur qualitative, quant à elle, se mesure tantôt par l’aspect curatif ; d’autres fois, par la tournure aromatique ; et quelques fois, dans la perspective ornementale.
Le poème, Lieu de ma naissance, s’annonce ainsi :
« une larme entre deux fleurs sauvages déshabillant les orages / la moisson des terres cultivées la passion des mains appliquées au champ de cannes
si vaste que fut ton cri au profil aquilin le pli de la terre au filin des oiseaux funambule que fut le poète / le prophète / le poids des voiliers éparpillés entre les rives
(...)
bois d’orme / bois de cèdre et de saule sans nulle syllabe involontaire à leur écorce qui épouse comme une sangle dénaturée l’été / le printemps / l’automne et l’hiver des fosses communes
bois de chêne / bois de frêne et le merisier et le bouleau et l’acajou qui parlent de la femme communautaire qui font rêver l’homme de sève et de liberté
(...)
est-ce ce mot dans l’embrasement de ma folie / serments de mes désirs à fasciner la rose et ses corolles d’aubépines à en- cercler la vie dans sa marche d’écolière
(...)
j’écris pour être lu de ma sœur l’unique aimée qui vit là-bas en pleine ceinture des dieux pèlerins j’écris pour dire les vérités de la campanule »
(Lieu de ma naissance, in Nomades, inédit)
Une autre manifestation éloquente de la faune et de la flore utilisée par le poète :
« peut-être que je saurai un jour le nom de la femme que célébraient dans l’estime la hune et les guis / les vierges dans les haubans d’espoir que signalent mes filles lentes en immersion d’allégresse
peut- être que je saurai
pourquoi la rose est de couleur
d’icaque
pourquoi me souvenir de tant de règnes de l’enfance
ô souvenances
de terres brutes et mains nues
pourquoi me souvenir de tout ce qui foule aux pieds les fleurs et papillons
peut-être que je saurai pourquoi la rose mime la civette
pourquoi le cannelier attend toujours l’aube décente
et la rosée généreuse le goût amer des alizés
pourquoi l’ocelot a peur de la rivière / du sureau
et des statues d’ébène
peut-être que je saurai le secret de la genette
la magnificence de l’agressif saule
la fierté du bouleau sous le règne des venelles
peut-être que je saurai tout des dimanches des matelots des mendiants et des péripéties du pollen
j’aime encore cette femme qui me doit tant de rêves
tant de gestes silencieux la nuit
à oublier l’appel que fit grâce l’amande entre mes mains rudes de joie et d’action
j’aime encore la femme qui m’a rendu le visage pâle et le poème
à hauteur de l’étreinte
la femme qui mendie mes vers que jalousent des amis silencieux
j’aime encore cette femme au teint d’acajou
fabuleuse à dévorer
entre deux poèmes
qu’elle était belle
qu’elle était fière
que ma femme eut été belle et fière à supporter quand j’écrivais des poèmes que mes amis silencieux comprennent et jalousent
ô voiles
tardifs des dieux en fleurs
que la terre la salue
elle
princesse des fûts et de siguine
et je me dis encore qu’elle était belle
d’ardoise
qu’elle (me) fit oublier ma folie des campêches
des fleurs et des fables d’abondance »
(Archipel des Antilles, in Hautes Feuilles, inédit)
La sémantique du poème chez Saint-John Kauss
Nous abordons à présent une série de thèmes symboliques que le poète a soigneusement développés. Néanmoins, le créateur n’obéit pas strictement à l’incarnation conventionnelle de tous ses attributs. Certaines de ses représentations sont enveloppées dans d’autre compassion, d’autre doléance, d’autre penchant, d’autre tendance, en somme, d’autres intérêts que l’apparence présentée.
Le contenu du poème dénommé Pistes n’est pas plus indicatif que l’on pourrait le croire. Tout se dévoile effectivement, mais de manière très subjective. La pièce figure, par contre, parmi les plus courtes, les plus concises des inédites créations du poète. En notre sens, c’est donc une poésie portative majeure de son répertoire.
Dédicacé à son père, le poème Pistes révèle des éléments vitaux de son enfance. Comme il a été le cas dans Lettres d’exil (in Paroles d’homme libre, Humanitas, 2005, pp. 85-108) par une citation de Saint-Denys Garneau mise en épigraphe : « Souviens-toi de la mer qui t’a bercée ». La complainte des occasions manquées avec son père est sans équivoque dans l’ouvrage précité. Le poème Pistes, quant à lui, soutient un tout autre contexte. Le poète retrace les origines de sa complicité littéraire avec son père, l’ex major Luc Nelson. Car, il a longtemps tenu une précieuse correspondance avec son paternel ; épître dont le poète est très fier.
Lorsqu’on découvre un pan de l’histoire de la famille Nelson, on se rend compte que la connexion est frappante. Selon le témoignage du poète, on sait aujourd’hui que sa grand-mère paternelle, Léonie Nelson, avait choisi le prénom de « Luc » pour son fils en l’honneur de Saint Luc, l’un des quatre illustres évangélistes de la Sainte Bible. L’apôtre Luc eut à faire preuve de son remarquable don d’écriture à travers ses manuscrits. D’ailleurs, le poète-écrivain, Saint-John Kauss, est convaincu d’avoir été l’heureux héritier des doigtés de plumitif autant que littéraire de son géniteur. Il déplore que son père n’ait pas suivi la voie d’une telle vocation littéraire de façon plus assidue, bien qu’à l’origine de sa carrière militaire, ce dernier fût « secrétaire » en tant que jeune sous-officier de l’Armée d’Haïti. A ce titre, il assurait la correspondance écrite de ses supérieurs. Revivons des fragments du poème Pistes dédicacé à son père :
(...)
« herbe folle au bond de l’orignal à plat ventre sur le mât des vergers
vasque aux cailloux de l’aïeul dans l’infrangible espoir d’être deux pour la renommer »
On comprend que le poète évoque dans cette strophe l’enjeu de la transmission du don familial, laquelle passation, qu’il espère, devrait se renouveler comme une sorte de patrimoine intellectuel notoriétal, voire mémorial pour la postérité. On conçoit que son estime envers son père aussi bien que ses ambitions à l’égard de ce dernier, ne sont guère ménagés.
Étant l’aîné de sa famille, le poète s’attendait, au moins, à un équitable héritage cérébral. Écoutons l’équilibre de sa requête illusoire :
(...)
« tambour des cinq pennes qui murmure le chant de l’Ancêtre
par
touffes sures / ramées de mots
parle du cassis et gui dans la langue de l’octave
au profit du plus jeune matin d’octobre »
Non, je ne l’accuse d’aucune fébrilité émotive. Il reconnaît lui-même divaguer un peu :
(...)
« au plus large de la mer
né d’immortelles molécules
rut de la chair ancestrale sollicitée dans l’atoll des grandes eaux en esquif d’une belle cicatrice ---- je déraisonne »
Sa complicité ou du moins sa dualité entre lui et son père semble se manifester comme une chimère, un défi à suivre, peut-être même à poursuivre. Tout n’est pas perdu. L’avenue de ses descendants demeure une porte de sortie.
(...)
« dit des mains de ma première fille et dans l’angle de sa peau
par fils et filles du soldat déchiré entre l’ergot et le pavot
épelle le nom de la dernière née du poète par grappes de lettres lâchées jusqu’aux étoiles
et cette autre griffée de l’enfance en incarnats d’échos prolongés sur tous textes anonymes
plaie / plaisir de rebondir jusqu’aux brouillons des pièges d’oiseaux ------ jusqu’au bout des échos de l’amande amère / de la fable et de la femme bipolaire dans l’aire et dans le vent »
Le monde des signes et des insignes dans la poésie de Saint-John Kauss
On ne s’attend pas à autant de surprises lorsqu’on visite pour la première fois une œuvre poétique de Saint-John Kauss. Le monde de la ponctuation semble inexistant alors que ce n’est qu’une fausse impression. Au contraire, les symboles se manifestent de façon plus complexe pour le lecteur. C’est tout un monde à apprivoiser. Mais pour parvenir à ce stade d’apprivoisement, il faut au lecteur un sérieux apprentissage. Car l’auteur, quant à lui, fait preuve d’une maîtrise de la matière à tous les niveaux structuraux, donc la sémantique même de son œuvre.
La renonciation de toutes lettres en majuscule est très significative. Cet acte justifie l’esprit d’égalité qui habite l’homme-poète. Dans son cycle de mots, il manifeste une sorte d’équité de l’unification de l’alphabet. Il utilise plusieurs langages, métaphysiques et symboliques, et ces codes ne sont guère gratuits. Grâce à ce traitement particulier, la liberté des mots prend un sens tout à fait singulier. Il s’agit jusque là du renouvellement de la poésie chez Saint-John Kauss puisque cette nouvelle méthode, sans antécédents dans l’univers poétique, n’a guère été appliquée de cette manière. A notre tour de signaler les fonctions les plus répétitives que l’on retrouve dans l’œuvre de l’auteur indiquant les traits de ses formations académiques et permettant du même coup de mesurer l’équilibre de son caractère méthodologique. Il transcrit, dans ses œuvres, sa formation multiple à travers une culture universelle, une lecture profonde, laquelle recherche personnelle mais intensifiée lui impose des schèmes de sélection. Conséquemment, il campe un barème très exigeant ; ce qui enveloppe ses concepts d’écriture réservés, du moins, à un lectorat élitiste.
Nous savons à présent que l’auteur développe une manœuvre non pas transversale, verticale, ni même longitudinale, mais expressément horizontale marquant la régularité, la conformité, l’uniformité, le nivelage et le balancement de sa conception de la Nature et des Êtres qu’il estime, vénère, célèbre. Autrement dit, il est en communion avec l’Univers ; il respecte le Cosmos.
En ce qui a trait aux éléments de la ponctuation identifiés dans ses œuvres poétiques, on y découvre des trouvailles d’ordre sémantique qui remplacent aisément les signes grammaticaux habituels tels les caractères spéciaux suivants : / − ‹ › [ ] ― ... qui sont en fait des sous-ensembles de présentation bien définis en modificateurs d’espace, en extensions, des signes d’association, des marques indicatrices et des blancs d’espace opérateurs.
La reconnaissance et la fraternité humaine dans la poésie de Saint-John Kauss
Civilité, politesse et le sens du festoiement, tels sont les remarquables éléments qui risquent d’impressionner le lectorat à travers les œuvres de Saint-John Kauss. Parents, famille, amis, connaissance et auteurs référents n’échappent pas à la souvenance douloureuse ou à une occasion d’allégresse. Son œuvre est féconde en matière de citations des écrivains parfaitement célèbres, parfois méconnus ou encore totalement inconnus. Au-delà de son immense culture, il maintient la volonté ferme de toujours conserver le flambeau du monde littéraire par une ardente braise.
On a toutes les raisons d’évoquer l’abondance de cette moisson que les lecteurs récoltent sous diverses formes de denrées. Perçons quelque peu le monde parabolique du poète sous le chapiteau des dédicaces adressées à ceux qui gouvernent son univers spirituel. Le recueil Paroles d’homme libre est en effet l’ouvrage qui témoigne les voies abstraites empruntées par le poète pour célébrer l’immatériel, honorer le symbolisme, le mysticisme, et pour confirmer sa foi religieuse. Liberté et occultisme sont les thèmes dominants de l’ouvrage prénommé. Il appuie ainsi les convictions de l’écrivain Oswald Wirth par l’énoncé suivant :
« Cet art forme des rois, c’est-à-dire des hommes soustraits à toute domination, donc libres, souverains, maîtres d’eux-mêmes. »
Trois magistraux poèmes-fleuves figurent dans cette seizième publication littéraire. Il faut le préciser. Car le polyvalent homme a également produit des œuvres scientifiques pour le compte médical.
Ce n’est pas sans raison qu’il a dédicacé le contenu du manuscrit, Paroles d’homme libre, à l’un de ses idoles du monde littéraire. L’illustre homme de lettres de la littérature haïtienne, René Philoctète, a été le premier juge de son premier recueil de poésie, alors que le jeune passionné, John Nelson, lui avait soumis le manuscrit pour avoir son avis. L’engouement fut tel qu’il dirigeât ce dernier sans tarder à un éditeur fort influent de l’époque, Christophe Charles. L’ouvrage, Chants d’homme pour les nuits d’ombre (1979), fut un coup d’essai, mais un coup de maître. On connaît le résultat. L’acclamation de l’œuvre a eu un effet bénéfique sur le jeune poète dont la source d’inspiration, depuis, devient intarissable. Les poèmes, Les clavicules de Salomon, Le livre d’Orphée et Lettres d’exil, rentrent, par contre, dans l’ordre d’une autre forme de reconnaissance spirituelle. Tous ceux qui précèdent ces poèmes font partie des gens qui, d’une manière ou d’une autre, ont servi de guide à la curiosité manifeste de l’auteur d’approfondir ses connaissances dans les domaines qui l’intéressent.
« mais béni soit le noisetier sauvage / le Cercle et le rameau / l’eau bénite et le cierge pascal qui brûle de l’esprit de brandevin
bénie soit la grande clavicule de Salomon qui fait office d’étouffoir dans les lumineuses opérations de cabotage
de la pierre philosophale à rechercher
à découvrir la main de gloire qui donne au parchemin la gaieté cérémonielle des pentacles... »
(Les clavicules de Salomon, in Paroles d’homme libre, p 17)
Quoi de plus éloquent, pour le poète, de faire comparaître ou de citer à la barre un autre confrère pour lui prêter main forte dans sa quête spirituelle et métaphysique. Et l’auteur de citer Pindare :
« Ô mon âme, n’aspire pas à la vie immortelle, mais épuise le champ du possible »
(Pindare)
Le poète va jusqu’à une reconnaissance mystique de ses ancêtres :
« n’eût été l’ancêtre rebelle qui me rappela territoires de peines et de blessures
Congo Dahomey Guinée d’hommes fouettés par le temps / gestes explorateurs des fleurs océanes / mer écartelée dans sa forêt d’eau froide qui dit à la fleur virginale les affres des tribus sacerdotales »
(Le livre d’Orphée, in Paroles d’homme libre, p. 81)
Une autre doléance vive et approfondie du poète face à l’errance et à la misère des Peuples des premières Nations :
(...)
« vous venez de quelques royaumes
jusqu’en terre Yoruba / du Congo au Bénin
ô étrange race soumise à la plénitude telle l’oiselle captive / tranquille mais qui a soif d’éternité Vous venez de terres naïves qui séduisent
lieux dits de brèves accolades à Gorée Vous venez de quelques royaumes jusqu’en terre Dahomey aux épiphanies du rêve et de la démence
ô fils de misère aux rafles des poètes
je suis pour cette mosaïque de chair neuve / noire du sang de l’Afrique qui lape dégoûts et fleuves géants
peuple d’antiphonaires qui gît toujours dans la poussière comme une étoile immense en demi-pause
et sans espoirs
je suis pour cette race erratique / noire du premier des hommes primates immémoriaux qui ricanaient dans la nuit sauvage l’allogramme
fou de ce continent macabre qui dit la nuit et ses chimères
qui suffit aux mille lieues à parcourir dans la conquête mais dans la peine d’être homme du désespoir
Arawaks / Caraïbes / Taïnos / Ciboneys disparus hier dans l’océan
des rêves et de la ruée vers l’or des femmes hommes et enfants blancs comme la neige et le coton qui parlaient à la terre / à l’espace de la parole courbée en simulacres d’arc-en-ciel
ô peuples Sioux / Cheyennes / Apaches et Navajos
Ô peuples frères des grandes prairies habités de longues saisons totémiques
qui s’en vont encore nus et naufragés / têtes d’exil et de vaincus / visages pâles et ravagés par la sécheresse et les promesses »
(Archipel des Antilles, in Hautes Feuilles, inédit)
Le poète sait aussi faire appel à un « retour au pays natal » suite à une migrance de longue durée de la part de ses compatriotes.
(...)
« il faut plutôt revenir avec le garrot sous les bras
ni seul ni accompagné d’éclats de victoires ou de fausse identité
ô identité ma complice aux rires des herbes folles »
(Lettres d’exil, in Paroles d’homme libre, p.98)
Il en est de même pour Le manuscrit du dégel (2006) qui reflète sa grande considération, son admiration pour certains de ses confrères. Parmi lesquels, on peut citer les écrivains Roland Morisseau, Serge Legagneur, Guy Maheux, Gilbert Langevin, Gérard Étienne, Jean-Richard Laforest, Anthony Phelps, Réginald Crosley et l’enseignante en science botanique, Francesca Palli, pour qui le poète témoigne un grand respect.
Conclusion
À la lumière de l’analyse des concepts universels qu’aborde le poète-écrivain Saint-John Kauss, c’est au microscope que les éléments précités se révèlent. Pour la petite histoire de la littérature, le lecteur ne sentira sans doute pas coupable de découvrir les mines du raffinement des métaux du créateur. Mais avons-nous été forcés d’exercer le voyeurisme dans certains cas aussi bien qu’une sorte d’invasion de domicile, chez cet auteur, dans d’autres situations ... ?
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Ce texte est un extrait de BIENFAITS DE LA CHOSE ÉCRITE (étude critique, à paraître) de Marie Flore Domond.
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