des jouets concoctés par liasse de tribus fidèles à l’envahisseur des affamés
du royaume de Bénin jusqu’en terre Yoruba
jusqu’à l’extinction de tous les pygmées et avares sans nom
du thé et des fruits secs pour la naissance de l’enfant procuré dans la satisfaction totale
des cerfs volants et des lanternes
des pluies d’étoiles et figurines sans appétit
des féviers bougainvilliers de mille siècles
une maison miniature aux simples traits de géomètre
minuscule enfant de la liberté d’un père ou simple membre de la tribu des révoltés
compagnon de peine aux mains fragiles et frêles
humble personnage aux doigts ouverts sur l’île des mille regrets
mon pays ton patelin
dans le néant des désirs inassouvis
vient-on à peine de te délivrer du fardeau de l’eau de vie du liquide amniotique
seul et nu dans la brutalité des vaguelettes de l’enfance et devant le cri de ta mère vis-à-vis de l’abîme retenu pour les humains offensés
tête renversée et le cordon autour du cou
minuscule aux yeux
des hommes inquiets de tant de mystères
je te soupçonne
inlassable petit homme
de partager mes gènes dans l’inventaire
des territoires assignés
figurine masquée d’une succession de promesses de mère ravagée par le souci d’un jour indiqué
le jour affalé de rumeurs fausses de fillettes frêles aux jambes écartées qui marchandaient la vasque somnolente aux gestes évasifs
ce pic-vert aux fesses de papier froissé que carillonnent les seins mi-fermés ses yeux évasés en larmes
amputée de tant d’ormes
la visiteuse mégère que regarda pataud ton père
crâne baissé parmi les feuilles d’un petit cahier de notes que concocta le poète par procuration dans sa lointaine jeunesse
minuscules encore ce matin tes petits bras qui m’accompagnent avec insistance - répétitive réplique – dans les haussements de l’éternel accouplement des âmes voire le pépiement de deux cœurs blessés battant la chamade
dois-je me contenter du peu de soleil braqué sur la terrasse de mes réminiscences abruties
dois-je me souvenir des centaines d’histoires anodines par le ramage de la femme bègue qui bée aux pieds plats et pâlots
voyages ordinaires autour de ta naissance qui dura deux minutes de prétexte dans un contexte de mère saccagée par les courriers du vide et de l’absence
voyages des mots et du poète balancé en terre cuite telle une énigme
mon petit homme immobile me regarde d’un œil certain
immenses ses yeux renversés dans la patience de l’hirondelle
ici et là
haut perché
dans la margelle de l’exil
patience de tout ordre
demain peut-être demain
Sainte-Thérèse (Québec), 07 septembre 2008