En soulignant la présence remarquée de Pouchon, le personnage attachant qu’il incarne dans le film, le comédien a aussitôt manifesté son optimisme en s’exclamant : « J’ai tout simplement l’amour de l’Art. J’aime la vie autant que le théâtre. D’ailleurs, le théâtre, c’est la vie sur scène. Je fais du cinéma à présent tout en sachant que les deux ne sont pas de même envergure. »
Q. De quel côté le public devrait plus se pencher compte tenu du double thème dont le film traite : l’immigration ou l’amitié ?
R. Je dirai que c’est le côté trahison et traître qui domine. En fait, c’est une dénonciation à l’attitude égoïste dont fait souvent preuve certaines personnes. Je crois que le réalisateur a utilisé un moyen évident pour faire appel à la collaboration de nos compatriotes La leçon de moral là dedans, c’est de ne pas profiter d’une situation de fragilité au détriment des autres.
Q. Pouchon prend beaucoup de place et attire bien de la sympathie dans la salle, malgré qu’il ne soit pas la seule victime. Il est un amoureux passionné. L’êtes-vous également ?
R. Moi, je suis du genre passionné romantique. Alors que le personnage est un amoureux aveugle. Même lorsqu’on est amoureux éperdument, il faut conserver un petit côté rationnel pour faire l’équilibre.
Q. Le rapport entre les deux frères est carrément une relation de désaccord. Le plus vieux traite son cadet comme un rival, un adversaire. Il l’accable de reproches constamment. En somme, Pouchon n’est pas le frère idéal, n’est-ce pas ?
R. C’est vrai que le grand frère est un peu chialeur. – Un peu dite-vous ! Un peu beaucoup, je dirai. – Mais il faut saisir la dimension de la hiérarchie familiale. Il s’y prend, peut-être, maladroitement en manifestant son autorité. Cependant, il pense à protéger son petit frère.
Q. Ne pensez-vous pas que c’est une question de tempérament point barre ? Quand la situation s’est renversée, Le petit frère ne s’est-il pas montré plus conciliant ?
R. Vous le savez autant que moi, selon notre éducation et notre culture, dans la famille, le plus petit doit faire preuve d’obéissance et de tempérance.
Autoroute Décarie
Photo : Saint Armand, Photographe montréalais
Q. Je suis quelque peu déçue de l’environnement où se déroule le film. Le va-et-vient de maison en maison… Autant parler d’un dépouillement à ce niveau. Qu’en dites-vous ?
R. Le contexte économique en est pour beaucoup dans ce choix. En autant que l’histoire soit bonne et cohérente, je n’y vois pas d’inconvénient personnellement.
Q. Il y a de plus en plus de films qui se réalisent à Montréal. Direz-vous que le cinéma haïtien se porte bien ?
R. Le cinéma haïtien est encore au stade embryonnaire. Il nous manque des ressources financières et de l’expertise pour pouvoir imposer le marché du cinéma haïtien à Montréal.- Vous parlez seulement du marché ! A propos du cinéma québécois, on parle d’industrie… - Il faut procéder par étape. Quand le marché sera assez puissant, il pourra s’intégré dans le circuit de l’industrie. Mais avant, une réglementation dans le domaine est plus que nécessaire.
Station de métro : Square Victoria
Photo : Hervé Saint Armand
Q. En parlant de réglementation, que pensez-vous des droits d’auteur au sien du cinéma haïtien en général ?
R. Là encore, la réglementation est absente, et les droits d’auteur sont bafoués. - Pensez-vous qu’il y a des ententes entre les compositeurs et les réalisateurs quant à l’utilisation des pièces musicales dans les films ?- On pourrait à la limite utiliser les lois d’ici. Mais le processus de couverture légale n’est pas facile à implanter dans le réseau de piratage.
Q. La séquence de la fin laisse le public sur son appétit. Il y aurait-il une suite de l’histoire ?
R. Je pense que c’est le réalisateur qui devrait répondre à cette question.
Je pense que ça va être tout pour le moment monsieur Alexandre.
Cela a été un plaisir Marie Flore