C’est ce mardi 30 novembre qu’a pris fin le deuxième forum d’investissement d’Haïti réalisé par la Banque interaméricaine de développement (BID), le Gouvernement d´Haïti et la Fondation Clinton au Karibe convention center. Cet événement, d’un caractère particulier, a réuni dans une même enceinte plus de 1,000 investisseurs, hommes d´affaires et représentants gouvernementaux venant de 29 pays et territoires des Amériques, d´Asie et d´Europe.
Cet événement économique d’envergure, qui a été l’occasion pour les participants d’ échanger sur des opportunités d´affaire dans divers domaines notamment dans l´industrie textile, le tourisme, l´agro‐business ou encore les projets d´infrastructures liés à la reconstruction et au développement à long terme du pays, a suscité une vague de contentements au sein de l’élite politico-économique du pays.
Pour le président Martelly, qui a fait de l’investissement et de la création d’emplois le cheval de bataille de sa campagne, ce forum montre l’intérêt qu’ont nos visiteurs pour les opportunités d’investissements en Haïti » tandis que le président de la BID, Luis Alberto Moreno, pense que l’organisation de ce deuxième forum permettra au pays de relever les plus grands défis de ce monde qui sont la croissance économique et la création d’emplois ». De son côté, le co-président de la CIRH, Bill Clinton, « pense que ce forum d´investissements souligne l´importance des financements du secteur privé dans la dynamique de la croissance du pays et montre au monde que le pays est de nouveau ouvert aux affaires ».
Accords annoncés pour Haïti
À l’issu de ce forum de nombreux accords ont été annoncés à Port-au-Prince. D’abord, en marge de ce forum le président haïtien, Michel Joseph Martelly a fait la promesse de générer un demi-million d’emplois sur une période de trois ans. « Je m’engage à prendre des mesures pour faire d’Haïti un endroit propice aux investissements » a fait savoir le locataire du palais national. Par ailleurs, le président Martelly n’a pas précisé les secteurs d’activités sur lesquelles il va agir ni la stratégie qu’il compte adopter pour procéder à la création de ces emplois. D’un autre côté, M. Martelly a surtout insisté sur la nécessité d’instaurer un climat de sécurité stable afin d’attirer les investisseurs à venir s’établir dans le pays.
De plus, un accord a été paraphé entre la Banque interaméricaine de développement (BID) et la Fédération colombienne des producteurs de café en vue de renforcer la production du café. L’objectif de cet accord est d’augmenter la production de café haïtien afin de réduire la pauvreté en Haïti. Entre autres, celui-ci vise aussi à un partage, entre les différents acteurs concernés, des meilleures pratiques de production de café, la reforestation et la sécurité des petits producteurs haïtiens.
Dans la foulée, le président de la BID, M. Luis Alberto Moreno, s’est dit rassuré des retombées positives qu’apportera cet accord notamment dans la promotion de ce produit. Le co-président de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH), M. Bill Clinton, a salué un tel accord qui rendra compétitif le café haïtien. Comme impact, le programme prévoit également l’amélioration du cadre de vie de 10 000 petits agriculteurs haïtiens dans les trois prochaines années.
Outre la construction de 173 chambres d’hôtels suite au partenariat conclu entre la Digicel et Marriott International et la construction du parc industriel de Caracole, le gouvernement haïtien a signé un accord avec Mardi LS Cable & Systems, l´un des plus grands fabricants de câbles électriques et de télécommunications au monde, pour promouvoir le développement d´infrastructures. LS Cable, qui fait partie du groupe industriel sud‐coréen LG Group, entend investir dans l´ouverture d´une usine dans le pays caribéen. Enfin, La BID a également annoncé son intention de joindre la Global Alliance for Clean Cook Stoves, laquelle travaille déjà en Amérique latine et dans la Caraïbe. En collaboration avec le Fonds pour Haïti Clinton-Bush, Arc Finance et Food Express, le MIF aide à la mise en place d´une plateforme devant permettre à la diaspora d´acheter et envoyer à leurs familles des réchauds plus propres et des dispositifs énergétiquement plus efficients.
Le premier forum d’investissement a été réalisé il y a deux ans au même endroit. Cependant, les bénéfices de celui-ci pour le pays, aux yeux de plus d’un, ont été en dessous des résultats escomptés. S’il est vrai que les investisseurs sont conscients de la potentialité des affaires qu’offre le pays, l’Etat haïtien devrait s’impliquer davantage dans le processus non seulement en créant un climat sécuritaire propice à l’investissement mais aussi en réduisant les coûts d’investissements en Haïti. Parallèlement, le gouvernement dans sa recherche de croissance devrait trouver la solution à l’accès au crédit qui a toujours été un handicap majeur au développement économique, de l’initiative privée et de l’investissement dans le pays.
Pierre Ricardo Placide
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