Des duvaliéristes ont brutalement interrompu jeudi la présentation d’un rapport d’Amnesty International sur les « crimes contre l’ humanité », commis sous la dictature des Duvalier, un bilan désastreux qui coïncidait avec le 54e anniversaire de l’accession au pouvoir de François Duvalier dit Papa Doc, le 22 septembre 1957.
Dans la salle de l’hôtel Le Plaza où se tenait la conférence de presse, des individus menaçants, accompagnés de Mes Osner Févry et Reynold Georges, et munis pour certains d’ouvrages du Dr Duvalier frappés du sinistre drapeau noir et rouge, s’en sont pris aux représentants de AI qu’ils ont verbalement agressés.
Le responsable du dossier d’Haïti au sein de l’organisation internationale de défense des droits humains, Gerardo Ducos, a tout de même eu le temps de dénoncer les graves violations des droits de la personne perpétrées contre des milliers de gens répertoriées entre 1970 et les années 80, allant des séances de torture aux Casernes Dessalines ou au Palais National à des disparitions en passant par des emprisonnements arbitraires.
Une centaine de plaintes ont été déposées par des victimes de la dictature ou leurs parents, a indiqué Ducos qui dit qu’Amnesty International s’inquiète de la conduite du processus judiciaire engagé au cabinet d’instruction à l’encontre de Baby Doc, revenu en janvier dernier de 25 ans d’exil en France.
En conséquence, l’Etat haïtien est invité à assumer ses responsabilités et le Président Michel Martelly à présenter des "excuses publiques au peuple haïtien" pour les atrocités de l’ancien régime. Ceci au nom des engagements internationaux auxquels Port-au-Prince a souscrit.
Défenseur intraitable de Jean-Claude Duvalier à l’instar des autres manifestants, Me Reynold Georges a accusé Amnesty International de vouloir plonger le pays dans la guerre civile avant de présenter son client comme « peut-être, le futur Président d’Haïti ».
N’y allant pas non plus de main morte, son collègue Osner Févry a traité de « malandrins » les représentants de l’organisation et leur a proposé de poursuivre de préférence en justice l’ex-Président américain Bill Clinton, responsable, selon lui, des plus grands malheurs d’Haïti.
"Nous considérons que c’est un attentat à la liberté de la presse, c’est dommage que les haïtiens n’aient pas eu l’occasion de nous interroger sur le rapport", a réagi Javier Zunica, conseiller spécial d’Amnesty International.
spp/Radio Kiskeya