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Haïti : l’aide américaine à la reconstruction ne profite pas aux entreprises locales

Les États-Unis ont promis des centaines de millions de dollars pour reconstruire Haïti après le terrible séisme du 12 janvier, mais les entreprises haïtiennes n’en voient pas la couleur : la plupart des contrats sont attribués à des sociétés américaines.

Sur 100 dollars (75 euros) dépensés actuellement pour la reconstruction, les entreprises haïtiennes n’en perçoivent que 1,60 (1,20), a calculé l’Associated Press en examinant les contrats attribués par les autorités américaines depuis le séisme. Ce ratio s’explique par plusieurs facteurs.

L’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), qui a l’habitude de travailler avec certaines entreprises américaines, a attribué des contrats sans appel d’offre pour gagner du temps. Il y a également la crainte de la corruption, répandue en Haïti. De leur côté, les Haïtiens sont peu familiers des pratiques de l’administration américaine.

L’attribution à des entreprises locales de contrats financés par l’aide internationale est pourtant essentielle, souligne Clare Lockhart, directrice de l’ONG américaine Institut pour l’efficacité de l’Etat. "Il faut passer des contrats avec les entreprises pour que leurs gérants et propriétaires puissent participer au système juridique et à l’Etat de droit et à terme au succès du système politique et de l’économie", dit-elle.

"Si on ne peut pas remporter de contrats nous-mêmes, nous devenons totalement dépendants de l’aide étrangère et des ONG et il n’y a pas beaucoup d’espoir dans cette situation", souligne de son côté Patrick Brun, propriétaire de Chabuma, entreprise haïtienne de matériaux de construction.

M. Brun vend des fournitures à des sociétés internationales mais souhaite jouer un rôle plus important dans la reconstruction de son pays. C’est pourquoi, il a postulé -jusqu’ici sans succès- à des contrats américains, explique-t-il.

Sur 1.583 contrats passés par les Etats-Unis, d’un montant total de 267 millions de dollars (201 millions d’euros), seulement 20, d’une valeur combinée de 4,3 millions de dollars (3,2 millions d’euros), ont été attribués à des entreprises haïtiennes. Autre constat : plus de 70% des fonds octroyés aux deux plus importants contractants américains ont servi à acheter du matériel et les deux firmes n’employaient en juin que 8.000 Haïtiens par jour au lieu des 25.000 prévus, selon l’inspecteur général d’USAID.

USAID assure vouloir augmenter la part des contrats allant aux entreprises haïtiennes. L’attribution de contrats aux entreprises locales crée des emplois et favorise le développement du secteur privé, soulignent les économistes.

Les répercussions vont au-delà de la reconstruction elle-même, explique Eric Werker, de l’Ecole de commerce de Harvard. "Certaines sont évidentes comme les salaires et les bénéfices qui restent dans l’économie locale, mais il est aussi possible d’augmenter la capacité des entreprises locales en leur donnant progressivement des contrats plus gros", précise-t-il.

De nombreux obstacles compliquent la signature de contrats avec les entreprises haïtiennes. Tout d’abord, 25% des contrats ont été directement alloués à des entreprises américaines sans appel d’offre, parfois pour des questions d’urgence.

En outre, certaines offres du gouvernement américain sont rédigées uniquement en anglais et non en créole, une barrière linguistique pour de nombreux Haïtiens. Lors d’une catastrophe, il peut aussi être plus facile de faire appel à une société réputée plutôt qu’à une entreprise locale inconnue. Passer contrat avec une entreprise locale est également plus difficile dans un pays rongé par la corruption comme Haïti.

La communauté internationale a promis 9 milliards de dollars (6,7 milliards d’euros) pour la reconstruction du pays, mais moins de 10% de la somme ont été débloqués jusqu’ici. Principal donateur, les Etats-Unis ont dépensé 1,1 milliard de dollars (829 millions d’euros) dans l’aide humanitaire après le séisme et promis un montant équivalent pour la reconstruction.



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