Le Sénat haïtien, contrôlé par la majorité présidentielle Lespwa, a adopté tôt vendredi une motion de censure controversée contre la Première ministre Michèle Duvivier Pierre-Louis par 18 voix pour, 0 contre et une abstention, à l’issue d’une séance marathon marquée par des débats intenses et houleux entre partisans et adversaires de l’interpellation. Sans surprise, les Sénateurs de Lespwa et alliés ont renvoyé Mme Pierre-Louis et son gouvernement qui ne s’étaient pas présentés au Parlement arguant que les motifs de l’interpellation n’étaient pas précisés alors que l’issue du vote était connue à l’avance. Seul le Sénateur Jean William Jeanty (Konba/Nippes, sud-ouest) a fait abstention.
Le vote s’est déroulé peu après minuit (00h34 locales et 05h34 GMT) en l’absence de six Sénateurs qui avaient auparavant dénoncé l’inconstitutionnalité de la séance en s’appuyant notamment sur les articles 107 et 107.1 de la constitution relatifs à la limitation des pouvoirs du corps législatif (Chambre des Députés et Sénat) en session extraordinaire, comme c’est le cas actuellement.
Youri Latortue (AAA/Artibonite, nord), Rudy Hérivaux (Lavalas/Ouest), Evallière Beauplan (Pont/Nord-Ouest), Andris Riché (OPL/Grand’Anse, sud-ouest), Edmonde Supplice Beauzile (Fusion/Centre) ont abandonné la salle de séance au terme d’un réquisitoire solidement argumenté qui risque de jeter le doute sur la légitimité de ce vote de censure. Non contents d’avoir souvent pris le dessus dans les débats sur des membres d’une majorité restés pour la plupart sans réaction et accusés , les leaders de l’opposition au Sénat ont d’ailleurs annoncé leur intention de poursuivre leur croisade contre l’illégalité du vote qui s’est déroulé sur deux jours. A cet effet, une lettre sera adressée à la Première ministre Michèle Pierre-Louis pour lui demander de continuer à exercer ses fonctions en ignorant la motion de censure.
Pour leur part, les représentants de la majorité au pouvoir ont approuvé une résolution en trois points selon laquelle le bureau de la Chambre haute doit signifier sa destitution à Michèle Pierre-Louis et inviter le chef de l’Etat, René Préval, à engager des consultations en vue de désigner un nouveau Premier ministre.