Il s’agit d’une responsabilité que se donne La Gônave Economic Development Group, une organisation formée en 1997 à Chicago, Illinois, qui siège également en Floride et qui se déclare enfin prête à commencer l’exécution de ses projets avec le support de multiples compagnies haïtiennes, américaines et caribéennes. Cette organisation, enregistrée en Haïti et dont les statuts ont été publiés dans le journal officiel Le Moniteur en avril 1999, aurait d’ailleurs reçu un accueil favorable de la Présidence. La Gonave Economic Development Group reprend les pourparlers cette année, insistant sur l’urgente nécessité de transformer La Gonave en un arrondissement moderne tant au niveau de l’urbanisation que des services, une île éclairée à l’image de son histoire.
Cette terre qu’enviait l’Angleterre et qui a échappé à une vente semblable à celle de La Louisianne aux temps de Napoléon Bonaparte, se prépare à être découverte comme un nouveau monde, à mettre en valeur ses ressources illimitées et participer au développement d’Haïti tout entière, selon les dirigeants de l’organisation. À un moment où on ne pense qu’à gérer la poussière qui est synonyme de cette région, à un moment où on rêve localement d’adoquiner seulement 11 km de route, soit sept à Anse À Galets et quatre à Pointe à Raquette, comme aux temps anciens des projets de quartier, un groupe de jeunes et moins jeunes Haïtiens décide de passer aux choses sérieuses : transformer La Gonave en une immense mégapole, ni plus ni moins, pouvant rivaliser avec n’importe quelle île des Caraïbes !
Une nouvelle vie pour La Gonave
Selon les promoteurs du projet qui vivent entre Chicago, Haïti et la Floride, l’île de La Gonave actuellement souffre de tous les maux : on dirait un désert insulaire, prêt à une nouvelle vie, attendant des infrastructures dignes de ce nom. Imaginez 120,000 habitants sur une île et un seul médecin en santé publique pour ses onze sections communales et rurales ! Imaginez une île de 743 km carrés de superficie, s’étendant sur 60 km de longueur et 15 de largeur, avec trois centres de santé non équipés, l’un à Pointe à Raquette, l’autre uniquement à vocation hospitalière implanté à Anse À Galets et le dernier à Palma, sans structures non plus ! Imaginez cette grande île avec un port rudimentaire dénommé « Zetwa » au nord-ouest, ou celui de Anse À Galets mal pourvu également, une île sans universités, sans usine d’électricité, sans infrastructures de télécommunication, (pour lequel le Golfe semble avoir été conçu par la nature), sans habitats décents, sans rien d’autre que l’espoir un jour de sortir de sa misère ! La Gonave est pourtant une mine d’or, avec des ressources pétrolières qui n’ont jamais exploitées. Elle se situe entre le canal de St-Marc (le fleuve Artibonite se jette dans le Golfe de la Gonave) et le canal du Sud sur sa côte méridionale. On vit là-bas de la coupe des arbres et on attend des touristes qui ne viennent que rarement contempler les belles plages de l’ile, les grottes indiennes, et les multiples flamants roses de la zone.
Ne pas être une zone économique spéciale
Le projet de développement de La Gonave n’entend pas s’enfermer dans le concept de « Zone économique spéciale » qui enclaverait l’ile. Il importe avant tout de s’ouvrir, de créer des emplois, de mettre en place des infrastructures de toutes sortes, permettant l’amélioration des conditions de vie de la population et de faire un bond vers le monde moderne. La Gonave Economic Development Group ne croit pas à la formule de « déconnexion » de la Gonave du reste du pays sous prétexte de modernisation. Le groupe prône uniquement l’intégration économique de l’île aux nouveaux marchés économiques nationaux et mondiaux, à l’image des grandes régions internes des pays modernes qui n’ont pas eu à se déstructurer ni à se démembrer pour vivre en autarcie sous prétexte de développement autonome.
L’île aspire à créer et étendre ses capitaux au reste d’Haïti comme modèle interne de développement, couvrant l’urbanisation les industries de pointe, le tourisme, l’agriculture, le commerce, l’immobilier, le foncier, les ports et aéroports, la création d’universités, d’ hôpitaux modernes, de « highways » (autoroutes rapides), de programmes de pêche à grande échelle, de multiples aires de reboisement naturel, et des services divers de qualité et de haut niveau.
Des études scientifiques
Ce projet pharaonique de la Gonave est soutenu par une importante étude océanographique de tout le Golfe de La Gonave et de l’ensemble de la baie de Port-au-Prince, qui servira d’appui aux recherches scientifiques marines, et au développement des télécommunications. Il entend, à partir de ces recherches, proposer des solutions aux problèmes de contamination de la mer par les déchets, transformer les déchets en électricité et gaz propane, aider également à trouver une solution au ruissellement des eaux usées et de boue qui se déversent dans le Golfe à partir de l’Ouest et de l’Artibonite en temps de pluie. Des navires de recherche aux bateaux de croisière touristique, en passant par une nouvelle gestion de la terre incluant la protection des forêts à créer, de nouvelles alternatives au charbon de bois, la lutte contre l’érosion, tout s’imbrique avec également une vision moderne du tourisme comme sur les îles des Caraïbes dévouées à ce secteur. Cela signifie aussi la construction de « Ressort » attirants, des hôtels qui ne nuisent pas à l’environnement, agréables à vivre face à des zones de plage étendues, favorisant le ski nautique et les sports de natation.
Les coûts d’investissement
Les coûts d’investissement d’un tel projet dépassent plusieurs milliards de dollars US. Les investissements seront financés par les fonds propres des entreprises qui veulent s’établir sur place , selon les responsables du projet, les autoroutes par des compagnies internationales qui en assureront la gestion et l’entretien sous supervision de l’État qui recevra mensuellement d’importants pourcentages sur les droits de péage perçus, selon ce que nous avons appris. La Gonave Economic Development Group encourage le système du monorail comme aux Îles Bermudes pour éviter la pollution. L’indépendance du pays sera maintenue et la promotion du capital respectera les normes du marché en termes de profits publics et privés, sans couper La Gonave du reste du territoire. En attendant d’aboutir à d’heureux résultats, le projet espère créer des ouvertures cohérentes pour de nouveaux habitats modernes au bénéfice des familles ou des zones de résidence décentes pour tous, tout en pourvoyant du travail au niveau hôtelier, agricole, éducatif ou sportif. Entre 250,000 et 1,500,000 emplois à générer. Parmi les secteurs envisagés :des supermarchés, l’Aéroport international de la Gonave, un complexe portuaire industriel et commercial, une aire de recherche et de stockage de produits pétroliers, des facilités bancaires, des offres de services de locations de bâtiments à caractère industriel, des compagnies d’électricité en support à l’EDH qui les supervisera, des usines de recyclage du plastique en vue de fabriquer des fibres textiles, un Centre de météorologie et Pré-désastre, etc. Sans oublier des jardins botaniques, un zoo et de multiples attractions culturelles comme à Disney World. La Gonave Economic Development Group entend faire de La Gonave le noyau du développement d’Haïti, lui permettant de produire plusieurs millions de dollars par jour, tout en conservant son statut de commune et son identité créole dans la géographie d’Haïti.
Les concepteurs du projet, entre autres Johnny Armand, Alain Placide, Gérard Carré, Pierre Michel Laguerre, Jean Louis Jean, Lesly A. Charles, Jean-Marie Binette, Sandra Jean-Baptiste, etc. estiment tous qu’aucun pays ne saurait se développer sans des idées, sans les efforts de chacun, sans un support collectif et un appui à l’État qui, en Haïti, est économiquement trop faible pour implémenter seul toutes les nouvelles infrastructures. Ils croient qu’avec l’appui de l’État haïtien comme partenaire direct, ils pourront réaliser ce projet de modernisation de La Gonave, de doter l’île de tout ce dont elle a besoin et de permettre ainsi de stimuler l’économie haïtienne tout entière. C’est seulement de cette manière que les Haïtiens pourront bâtir, affirment-ils, la nouvelle grande pyramide de la prospérité.