"Le bal est terminé" comme le titrait sur les ondes de la Radio Nationale un célèbre propagandiste de l’époque qui se réjouissait -au lendemain de la victoire du républicain Ronald Reagan à la présidentielle américaine- du sort peu enviable qui attendait des dizaines d’opposants dont beaucoup devaient être torturés et exilés.
Parmi les victimes de ce "vendredi noir" (28 novembre), citons les journalistes Anthony Pascal alias "Konpè Filo", Liliane Pierre-Paul, Michèle Montas, Harold Isaac, Marvel Dandin, Jacques Price Jean, Jacques Jean-Baptiste (Radio Haïti Inter) ; Marcus Garcia, Elsie Ethéart (Radio Métropole), Jean-Robert Hérard, Pierre Clitandre (Le Petit Samedi Soir) ; Dr Nicole Magloire ainsi que le sociologue Jean-Jacques Honorat.
Bien des années plus tard, après l’exil, d’autres disparaîtront, emportés par la mort violente (exécution, assassinat) ou la maladie : Richard Brisson (journaliste), Jean Dominique (journaliste), Jackson Pierre-Paul (journaliste), Yves Antoine Richard (syndicaliste), Dr Hennec Titus, Frantz Dossous dit "Toto" (technicien en agriculture).
Pendant six ans, la presse indépendante haïtienne incarnée par Radio Haïti Inter et l’opposition étaient réduites au silence jusqu’à la chute de Duvalier, le 7 février 1986.
Cette libération historique de tout un peuple devait être, hélas, précipitée par un autre 28 novembre macabre. En 1985, aux Gonaïves (Artibonite, nord), des "tontons macoutes" déchaînés assassinèrent trois écoliers, Jean-Robert Cius, Mackenson Michel et Daniel Israël, en pleine montée de la contestation sociale.
Indomptable, la révolte populaire allait triompher d’une tyrannie vieille de 29 ans et mettre en déroute un pouvoir intimement lié au sang et à l’oppression. spp/Radio Kiskeya