cette folle voyelle qui me redonne le monde
la piscine de mes allées et venues en tatoueur des hautes mers
ces mots de sollicitation qui fertilisent les champs de blé et élargissent le dû / l’ardoise de mes empreintes dans la boue des cœurs
l’accointement de mes promesses à la marelle de toutes femmes qui savent d’aplomb manipuler le lit des étoiles
et voilà : le pas noble sous l’étale des grands dons
aux flancs des hommes affairés sur les chantiers des pages jointes à la liberté et à la démesure des vivants
interrogeant la femme de basses hanches
et l’homme en litige avec les grandes aberrations de l’enfance
mon enfance qui fut une plaie de l’âge pour les galas de busaigles
cette courte voyelle qui ramasse le temps dans l’interruption de tout dû
du fou-aux-cailloux vieillissant
qui devine ce que la nuit dit à l’aube du matin dans l’oratoire sacré d’une première défaillance
elle est ma craie oubliée de vigie
une parcelle de mes poèmes de fétiches -------
irréfutable jusqu’à l’évocation de mes vieux os
mais voilà que le ton noble regagne le lin d’une femme seule / abandonnée au retable de l’innocence
de déchiffrer dans le minuit des poèmes l’arcane et l’urane des chiffres / des estuaires
et ces aventuriers à l’avant-garde des chanterelles
et ces confesseurs qui n’ont pour souci que la démarche de la belle qui prend ses aises
elle
dit mon long défilé de terres d’accueil et d’abandons clandestins au seuil des filles nouvelles
neuves comme le sable des siffloteurs
patientes comme le long baiser des bolets
à force d’épier ce peuplement de mots dans mon poème
ce peuple de mots que je confonds avec l’écorce / avec le fleuve
dans sa démesure rien que pour l’humain
sinon c’est d’elle qu’il s’agit
ma sœur à relais au furet des transfuges de sa naissance confondue avec le cri du métal
et voilà la peau noble qui retrace la vie comme une enfant sur le sable
de l’alliance
et te voilà aujourd’hui fille de bon goût et d’une silhouette avancée
femme en selle au tournant de cette avant-dernière page
haute fiche en marche vers quelques saisons nouvelles
la démarche noble sous les faix en esquilles de tendresse
et c’est la faux du poète que l’on nomme et bénit
brune voyelle que j’ignore
folle consonne que j’apprivoise dans une allée d’anses
et de palombes
mes poèmes sont légers et ma déchéance agréée en terres hautes
des fiançailles dans le lit des souvenirs et des amours
du moins aux sources libres des songes imprévisibles
mais toi qui es revenu au pas précipité du poète
contredis le vent et les mots de séquelles
Ô toi que j’interroge dans le brassage des peuples
de trois races et civilisations
langue du vent et de la mer bâtée
qui nous rejette sur l’autre continent
berge handicapée et assaillie des dieux
jusqu’à l’ongle / jusqu’à la sangle des humains
vivants de mauvaise mine applaudissant mes chroniques
de poète
Repentigny, printemps 2002