Erotomanie de ces ilotes battues par le vent le fer et l’acier dans la mansuétude des vierges et des collines à haute forme simiesque pour le sacre et l’Écrit des figurines et stèles des tombeaux de poètes aimés
partirai-je seul au loin caresser le rêve domestiqué par les dieux
pour ma part qui court dans la nuit atteint l’henné du voisin
ma mission sera-t-elle de siffler au temps la tristesse des bals de l’aurore
messalinisme de l’indicible Terrasse sur l’abîme de ma
Terre morveuse s’effaçant loin du paradis retrouvé
Mon cerveau parmi les longues buées qui montent de ses lampes
dois-je formuler mes amours sous la pluie à une femme perruquière stéatopyge des mansardes
beauté phtisique en bouquet de fleurs et d’ossements que l’on croirait rêver
ta langue qui dort sous ma semence Obscénité inventée par l’homme comme l’étoile entre les voyelles comme les mots entre les consonnes de peine
torrents de rêves bousculés par le pain la vie et nos morts trop compliqués
ne partirai-je plus seul seul au loin me glisser dans l’amour parmi les doigts psychiques des dieux silencieux du silence innommé
nymphomanie de la vie
sexe méconnu de ses proies Vierges folles entre les consonnes de cœur et de trèfle
Paroles d’osmose et de sang qui gémissent bées ou asthéniques entre deux saisons pour une poignée d’étoiles en lanternes suprêmes
euthanasie des rêves bleus sous les lits sales de l’Occident retenu pour le nirvana des âmes alarmées
torride réponse du poète en rage de rêver et de festoyer à l’adoration des mages des ancêtres
blessure vivante
nous nous nourrissons de l’eau du lac et de la mer
nous nous verrouillons
nos bouches pour entendre d’autres voix qui filent dans l’espace comme une étincelle à perdre haleine
je t’ai connu Miguel à San Pedro
tes oeillets en plein dans l’équivoque des cœurs de l’indienne Terre qui t’absorbe en fin d’oraison enfin berceuse des solitudes désordonnées
tu souriais faisais la sentinelle au trépas du soleil Une épaisse tâche de sang aux clavicules de ton être
fébrile fut la lassitude en relisant Nerval et Baudelaire ces deux fêlés du temps des retrouvailles d’Orphée
fémurs à la chaux vive qui assiègent les citadelles d’astres obscurs
poètes du vide infini mais chefs d‘écoles dans l’au-delà des nuits
infiniment belles de vue et de tendresse
ultrasexualité des fleurs hyperandroïdes des colombes atteintes de la maladie des sources infectées de la rapacité de l’homme assiégé en flagrant délit
complices de tout meurtre au reportage des étoiles
cadavres dans le lit des amours saintes d’obscurité par l’impossibilité des morts et des vivants
mathématiquement désordonnés
tous ces échos bien ordonnés superposés aux aisselles des vivants
vaqués à d’autres occupations au-delà des frontières anoblies par l’homme et ses séquelles soudés à une fissure sans écorcher le silence de l’oubli où passent en pieds bots le vent et ses chimères
dyspareunie des roses à l’intonation impropre du crime exorbité qui a franchi la frontière des hommes des femmes et des poètes
chansons de sang pour la vie ou la mort des vivants posés l’un bourru à face sévère sur l’autre galet à peine sorti des tavernes et de l’auberge des merveilles de l’amour ardent
deux bouches d’oiseaux à nourrir qui dévorent les crêtes du vent
bandes d’assassins que reconnaissent les fantômes de Tolède
d’enfants affamés et maltraités d’un geste en cul-de-sac dans le sang qui m’a aveuglé dans les couloirs de Sevilla
soir-essai Soir-Léon Soir-Ghana Soir-Rio aux hennissements des océans superbes consommateurs d’hommes et de femmes nues émérites de la vie à outrager nu-pieds aux ramassis des pierres
lipodystrophie de l’amour dans la fraîcheur de l’automne des abcès tristes de l’été pris en congé de lune
Obésité des étoiles archanges qui croient rêver du bonheur de rosée et d’autres parenthèses célèbres à chanter dans le silence de l’index
Lune grassouillette par asphyxie de la Terre indienne à chaque phase lutéinique et par tranchées inhumaines rendant hommage aux désastres folliculiniques
pauses perpendiculaires à l’arrivée des tilleuls domestiqués par le vent l’acier et les mégots souillés des vieillards qui ont traversé le temps de la vie des vivants et des morts bien assis sous les châles
nous lisons dans toutes les rubriques invocations populaires au défit des arcanes et voûtes des chansons éruptives
cérémonies vaudouesques en allées constamment taillées d’ambre et désertiques des premières lettres de l’alphabet de la mort
de l’indienne terre habillée de pourpre et de mandolines à regarder sinon les étoiles encloses dans le ciel sans verser une larme à terre
Ah ! je sais mon frère que ta vie est hantise au milieu d’un cadastre
au pied de chacune d’elles
héliothérapie de l’amour à l’affût de six baisers sonores
solennité religieuse de héliotropes affamés
vente coiffée d’indigo d’immenses filles à superviser
sonnets des grands fleuves qui charrient les passions inconnues
Croisades en carton de terres saintes au trafic d’acacias
Averses violentes constamment à l’affût des amarres de la liberté
au pied de chaque tronc d’homme de chaque goutte de poète
le pain la vie de Blake l’Écrit de lune de Gongora et d’Holderlin
les figurines de Novalis et de Nerval
brillants stèles aux départs d’extasés et impatients
au large de chaque peuple innommé qui bée -----------
Îles rebelles trop longtemps fantaisistes Silences gelés de l’amour au soleil de l’ivresse
Éloges cardinaux des minutes symboliques Filles cadettes à la lisière de mes songes inconnus
poésie mirifique d’un enfant du Tiers-Monde Rires mimiques d’un arc-en-ciel au passage des oiseaux envolés -------
Fécondité de la vie Surgissement de la mort affamée d’hommes et de femmes allongées
des hommes des femmes de tous âges des mains de soleil dans la nuit
Mon peuple mal famé (peuple souverain sans pardon dirait-on) s’abandonne aux grands ébats des orchidées
bottes de foin Bottes bretonnes
Ragoûts d’abats d’humains panés en cafards frais de printemps
poussée d’une mère impatiente de voir son galopin en ébats de corps
Peut-être une fille comme elle jetée dans l’atelier du poète
je me souviens encore de toi Miguel mon ami et mon frère fabriqué à la lumière du langage
Je me souviens anonyme de nos rêves d’hommes de Monterrey --------------
de Temuco le village du poète des poètes Neruda
bois de cèdre Bois de chêne Amours de l’Ungava Froidures des Appalaches
Légendes de l’Atlantique Sourires de l’Outaouais dans la poussière blasée et les rumeurs momentanées du Brésil
je me souviens de ces rires vagues sablés d’Acapulco Des cris d’ardoise et de peur
Ta chevelure aux sorciers
je me souviens de cette route de l’Histoire sillonnée dans cette page de l’horreur
rires des fissures de l’hippocampe qui m’emplissent la bouche jusqu’aux larmes Saisons de sang sans l’écharpe d’amour autour du cou
Fleurs qui s’ignorent dans le rond des salpètres musclés de liberté Métal qui se rompt dans la nuit des salamandres
saisons du sang qui s’effondrent par instinct d’une vasque fatiguée si petite
Éblouissements des enfants abandonnés au pas des portes Rires des fissures de la pierre à nous tendre la main
imaginons le silence
prisonnier de l’absence et du chiffre
mais au pied de chaque tronc d’homme il y a pêle-mêle du présent sans frapper à la porte des besognes
ombre amie qui se cherche dans la nuit rivière --------------
à nos pieds
falaises qui caressent mes flancs après désir
je te salue Miguel à la source des soleils
zébrures plus-que-parfaites des soirées ligotées remémorées à la santé du Colon -------
à la danse des conquêtes Paupières à détruire dans les gales évasés
au mépris de la loi Soleil couchant mais bombé qu’on recherche au détour de tous ces hommes en fuite
coups de matraque dans le dos et l’ordre à l’immoral Cagoules du trappeur sans un mot à la vie
Bâillons de retraités sans feindre le volcan Testicules balafrés jusqu’aux canaux déférents Coccyx martelés jusqu’aux accès de frissons
la voilà perdue à tout jamais perdue l’indienne Terre maculée de regrets au sommet des vivants et des morts
rayons de lune aveugle Vibrance de l’air obèse
Mensonge du son acromégale
Et pulsation du sang des aphasiques
Rythmiques des rythmes du monde
Excès du temps de vierge incendiée
Parapluies d’amour
sous la chaleur de l’éclair des insensés
rut de ma mémoire qui danse comme une seule chair de mon silence
mon pays (et mon peuple) à genoux en haleine s’éteint au comble des tortures
visages demeurés vieux amis de l’impossible
vitaminose de l’amour à injecter à tous les Che du Tiers-Monde
nausée dans l’asphalte du soir et des avenues à guérir
desquamation de l’ombre en fumée dans le calme des cimetières
poètes qui écorchent ma poitrine dans l’oubli du terroir
pour demain au crible des contrats de morts ou vifs
je me plie à la vie qui bascule mes échanges d’enfant du soleil
au centre de chaque homme qui nourrit
les étoiles qui vomissent sur la ville des fragments de tristesse
Les poèmes infidèles aux visions sans feu
Les soleils qui se prolongent au soleil qui nous unit
maquereau étrange d’un étang à chanter Yeux des yeux qui brillent
comme une étoile pleine de souvenirs
Dorades qui nagent dans le silence de nos silences
Battements de cœur de mérous de la mer qui éclatent à la ruée de nos songes
Pierres à feu qui roulent fugaces à visiter l’aurore
Coélancanthes qui grandissent immémoriaux dans les bacs
Mon nouveau-né à aimer selon sa couleur plus qu’un martin-pêcheur
danses de pureté pour l’indienne Terre au creux de la flamme
Néons des illusions aux déchirures de l’amour des femmes au-dessous des pylônes
Phallus dans le ciel qui joue avec le vent
je dis Vous par trahison de nos brisures sous le soleil
sueurs aux tempes qui se tissent de naïves espérances
Arcs tendus en douceur à dix mille mètres d’altitude
Douleurs au ventre prisonnières de l’abdomen du désir
je m’efface sans espoir dans la vibrance des douleurs et des larmes à dissoudre
je me noie à l’horizon de vos songes éternels
dipsomanie de l’amour pour l’amitié des enfants endormis
Vagabonds venus de la fougue dans l’opaque des conquêtes
Chiens errants de suicidés autour de mes bras larges de tendresse
Grand craquement du tonnerre en chanson d’allégresse
Exaltation des frontières à la foulée des hêtres chargés de siècles à chaque goutte d’eau à chaque goutte d’homme
diplopie de la parole à prendre le risque mathématisé
diphtérie de la vie entre les doigts et les prétextes de la main entre quatre murs de l’inconscient fossilisé
j’ai pris congé de toi Miguel – les fleurs en sont témoins – un certain soir d’automne
Nos corps d’eau de cristal d’arc buvaient l’immensité des vers d’une minuscule vie
Mais puisque tu veux compter sans un verre les instants criblés de tonnerre
Puisque tu veux rester solidaire et te mêler à la lutte
je rends à ta noirceur les mille et une lunes empilées
j’anime au coin des rues ton ombre comme un enfant
alors tendons aux affamés les glands de l’amitié
hémiréduction de ces trophées de verveine que partagent tes larmes où l’oiseau fait halte entre Lucifer et le Ciel
je te vois Miguel - les ombres sous l’aisselle - qui chante et ordonne Et ces biopsies de l’épiderme de ceux qui entrent dans l’immortalité ces DCA ces baïonnettes au canon ce pont sur cette rivière morte (pourront-ils enfanter des soleils trop près des mousses et pissenlits de l’Histoire)
les roses d’un cabaret de ton village voyagent entre gratte-ciel et ces cœurs en chômage
je te sens bouger semble-t-il heurter ce mur du siècle ce mur de la présence et de l’absence
Entre l’arbre et l’écorce l’été qui suinte abandonne l’enfant au sadisme des militaires boliviens bottés de corps brûlés dans un bain de feuilles mortes
Absolution pour la mort Extrême option pour la vie
Chants de vie pour la mort
Chants de mort pour la vie
Yeux des yeux de la Seine à franchir selon les limites et le tracé des casernes de l’horreur
Mugissements séculaires au milieu de la braise
Passeports falsifiés partagés au bout des jours
Résidences secondaires au cœur des saisons
Départs sans visa aux empreintes d’un pouvoir
NOUS SOMMES FAMILIERS À CES OMBRES DU QUERCY
Sainte-Thérèse (Québec), 05 septembre 2008
Je suis pour une poésie d’homme qui brille aux flancs des cieux, forte comme une citadelle, souveraine comme tout peuple, costaud comme la vie, née du vécu et du sentir… faite de tension et de tendresse. Je suis pour une poésie gesticulant dans la réalité, qui vise les meilleurs lendemains. Je suis pour une parole-libération libératrice d’hommes. Parole humaine tendue aux carrefours de l’UNIVERSEL.
Forteresse d’images sur le soc même de la douleur. Paroles à douceur et de désespérance. Paroles vivantes. Paroles d’ombre et de sang. Parole-Intensité.
Poésie anti-suicide. Poésie du vécu dans les couloirs du Dernier Monde. Langage de cratère. Langage qui bouscule. Langage séduisant. Je tends vers une Poésie Solidaire en souvenir de demain.
Parole-Liberté. Parole-Survie face à la violence d’une vie macabre. Parole-Totale chargée comme un fusil. Je tends vers une Poésie vertigineuse à hauteur et aux dimensions de l’Être.
Comme un Mégalithe sous le soleil… Je suis pour une Poésie d’Homme-éclaireur de l’obscur, nécessaire à la vie et facile à conquérir.
L’auteur
COLLECTION DERNIER MONDE
ŒUVRES PARUES
Chants d’homme pour les nuits d’ombre (poèmes, mai 1979)
Autopsie d’un jour (poèmes, décembre 1979)
Hymne à la survie et deux poèmes en mission spéciale (poèmes, 1980)
OEUVRES INÉDITES
Chants d’un damné et un poème à la dérive (poèmes)
Poème du cri et un Psaume aux parias (poèmes, en collaboration)
Pile ou Face (poème)
Au filin des cœurs (poèmes)
Vertiges ou le règne animal (poème)
Zygoème ou chant d’amour dans le brouillard (poème)
Au cœur des ombres (poème)
Verset des Îles (poème)
Entre la parole et l’écriture (essai)
De la poésie et quelques poètes (cursive-critique)
Anthologie poétique d’une nouvelle décennie
Pendant que je vis : poésies 1973-1978 (tomes 1, 2, 3, 4)
Huit saisons dans ma vie de poète (journal intime)
BIBLIOGRAPHIE
Alix Damour, Saint-John Kauss ou les modulations d’une poésie majeure (essai-critique, inédit)
Andral Desrosiers, Saint-John Kauss ou l’Univers poétique d’un Prométhée (essai-critique, inédit)
Saint-Valentin Kauss, Saint-John Kauss et les Images (étude, inédit)
Collectif, Saint-John Kauss ou la Parole faite chair (critique, inédit)