Le discours de madame Clinton a révélé qu’elle était une grande dame de la politique américaine en dépit de son formidable ego qui inquiétait plus d’un partisan de l’unité du Parti. Après avoir rappelé le moment historique que constituaient sa candidature et celle du sénateur Obama, Madame Clinton a appelé ses partisans à ne pas regarder en arrière et à ne pas s’abandonner à la passion négative qui leur ferait voter Républicain par dépit.
Elle a mentionné qu’en quarante ans, l’Amérique n’a connue que trois présidents Démocrates et que les Républicains sont restés vingt huit années au pouvoir. Manière pour elle de sous-entendre que les enjeux de novembre prochain dépassent donc ses ambitions personnelles et regardent plutôt l’avenir des Etats-Unis qui ont à gérer une guerre de « cent ans » puisque le retrait des troupes n’est pas pour demain selon John Mc Cain, un troisième choc pétrolier et qui sait une « OPEP du riz » au train ou vont les choses sur le terrain de l’alimentation.
Le monde est donc saisi d’une nouvelle énergie comme l’affirmait le sénateur Obama. Il y a dans ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis un phénomène qui passionne les chercheurs en sciences sociales et les universitaires du monde entier. La cote des Sciences Politiques risque de remonter sensiblement dans les choix des cours qui se prendront sur les campus cet été, les sciences sociales et politiques avaient été délaissées en raison de la forte influence d’un positivisme post-moderne.
Dans les familles et dans les écoles, c’est un sujet de conversation stimulant pour les jeunes et qui peut susciter plein de vocations nouvelles. Mais il y a aussi le risque à ne pas sous-estimer de la radicalisation de certaines franges réactionnaires de la société américaine.
Un journaliste français mi-admiratif mi-nostalgique affirme que définitivement l’Amérique est le pays ou le cœur de la planète va plus vite. C’est peut-être pour cela que « nous adorons détester ce pays qui nous surprend toujours d’une longueur d’avance » poursuit-il. « Obamus Papam » titrait un tabloïd dans l’hexagone faisant un jeu de mots avec le fameux « Habemus Papam » qui annonce l’élection d’un nouveau pape à la curie romaine.
La vérité c’est que mordu jusqu’aux os par une récession qu’on a pris du temps à diagnostiquer, beaucoup aux Etats-Unis rêvent d’un new deal. Un nouveau pacte social qui réconcilierait ce puissant pays avec ses valeurs et le reste de la planète en lieu et place d’une doctrine de la forteresse assiégée.
Le désormais candidat officiel du Parti Démocrate à l’élection présidentielle pourra-t-il conduire ce new deal et renouveler le rêve américain ?
Pour nombre d’observateurs, quelque soit le scénario présidentiel de novembre, Obama a déjà fait beaucoup pour l’amélioration des rapports interraciaux dans son pays. En Afrique, les éditorialistes unanimes saluent ce fils du continent dont la grand-mère vit encore modestement sur les rives du lac Victoria.
Quant à Hillary Clinton, on pourra noter qu’elle n’a pas abandonné la course mais suspendue sa campagne, une manière de se positionner comme arbitre du reste de la compétition. Verra-t-on bientôt les deux cote à cote sur les planches ?