On a déjà vu des jeunes proclamer « le Rap ou la mort »...comme pour faire un pied de nez à une société qui ne prend pas assez en compte leurs rêves d’intégration.
Une marée rouge et blanche a défilé, la semaine dernière, dans les rues avec toute la fourgue d’une jeunesse qui affirme vouloir lutter pour ce qu’elle croit, aspirée tout de même par un vide idéologique et politique qu’elle cherche désespérément à combler à travers quelques chansons cultes et le rêve d’un ailleurs... « Bayo visa »est un slogan révélateur, entendu lors de la longue marche de jeudi dernier, et qui accuse la panne du projet social haïtien.
Mais toute cette débauche d’énergie et cette mobilisation qui a fait fantasmer plus d’un politicien attend d’être canalisée pour de grands projets régénérateurs du pays haïtien. La jeunesse est impatiente de pouvoir travailler et de s’engager dans des actions civiques pour changer l’avenir.
Il y a des sujets vitaux qui touchent au prochain budget, aux questions sécuritaires, au renchérissement de la vie lié au troisième choc pétrolier déjà à nos portes qui devront être abordés en priorité par tout nouveau gouvernement.
Le choix d’un nouveau Premier ministre répondant aux critères d’éligibilité « constitutionnelle » et politique est une urgence à laquelle la désignation de Madame Michèle Duvivier Pierre-louis semble répondre.
Mais dans ce cas comme dans d’autres, il faut rester prudent en espérant que « pour le pays et pour nos pères » nous saurons montrer un sens du dépassement de nos intérêts partisans pour avancer sur le terrain de la construction de la nation.
Et répondre ainsi à ces experts réunis aux Etats-Unis, il y a quelques semaines, autour du thème : « Can Haïti be gouvern ? » ; « yes we can ».
Il y va de notre intérêt national malmené depuis deux cent ans de sortir de la logique d’Etat failli. Si des étrangers exagèrent parfois à dessein notre situation, nous avons tendance à faire l’inverse.
Comme ce monsieur bien intentionné qui comparait nos difficultés à former un gouvernement à la situation qui a prévalue en Belgique récemment. Sauf que la détresse sociale n’est pas pareille.
Nous pouvons encore tout de même tirer partie de ce long processus, si bientôt émerge un nouveau gouvernement pleinement imbu de ses responsabilités avec un chef de gouvernement ayant une longue expérience des questions sociales et surtout conscient de la déchirure qui n’a pas fini de rendre ce peuple exsangue.
Un Parlement puissant mais non vindicatif et un exécutif qui délivre et engage le dialogue permanent avec toutes les composantes sociales, bref, un pays libéré des vieux démons de l’immobilisme.
Voilà ce que je nous souhaite.