s’il faut aimer sans aimer au pied des nuits d’hiver le citronnier des hespérides la frondaison des cerisiers la configuration des galaxies le sourire des sentinelles une hanche placée sous aucun signe la passion de l’anthère le poudroiement du rocou l’effritement des œuvres d’art (figurines ptérodactyles)
et
les attaches définitives de ma femme aux joues coiffées des pastels d’éternité
ainsi va pour la soute à mérous les ossements de poètes devant leurs prénoms le scarabée dans sa forme urbaine l’hippocampe et l’hippodrome Eberth ou le règne végétal
imaginons au milieu de ces chiffres à dorades les battements d’un tambour qui innove le vacarme le poète et sa femme aux alentours du vent deux mains légères où repose l’ocre apaisée
des chiffres sans cesse qui font la fenaison les délires des populations l’hégémonie des artères les pêches miraculeuses en l’ossuaire des nègres fous de Virgile
des chiffres et des pages où s’effrite le poème ainsi que les entrailles du verger qui se greffent jusqu’aux ongles de l’hiver
des chiffres et des phrases sans cri ni angoisse de l’aire définitive aux confettis qui enfantent le glyphe
glyphes des dieux innombrables qui habitent la Terre depuis la dernière guerre
céleste majesté des stèles et sables de la mer peints au pied du temps
palmes d’allégresse dédiées aux enfants des vivants et des hommes
serpenteau en joie ou de peine d’amour comme une femme insatisfaite
mince filet de paume qu’enfantent les cyclades sans membres
mollets d’athlète et cuisses de vierges démesurées au passage du lancelot
hanches fines attachées au rouet de l’huis mort
mes chiffres roux étalés par touffes de mots des poètes en larmes contre les solitudes
chiffres paresseux au nombril de l’ombre
des régisseurs d’écriture à la hauteur des attentes éternelles
mais que ferions-nous si nos chiffres renversent l’univers des marchés
si des gadgets masquent le guet du banquier en peine
si l’économie goutte à goutte fait éclater plus de mille rayons de lune
des voix le crépitement des cailloux des tambours au rythme des feuilles
pieds brutaux de robots anodins
parlez tambours
pour que la mer veille l’ancêtre au pied poudré
qu’eût aimé le myosotis
chantez mages et poètes
torses nues aux cheveux de mimosa
chantez à la dictée des poètes
mains levées sous la contemplation des étoiles
les fanaux les bambous
les lampes qu’il faut éteindre
de cette île amante et captive
totems aux cheveux bouclés d’un métissage d’excellence
d’une politesse soûle et sans sexe
les voilà seuls et sans syllabes chiffrés dans l’incompréhensible pardon des pages et bisons abattus
en mille rêves de triomphe
jusqu’aujourd’hui vers la Seine et le suicide
ailleurs jusqu’aux repères sans noms
le sacrifice et les dernières présences
le rappel à l’innocence
l’esprit rebelle
à l’esclavage
Laval, 15 juillet 2007