Mise à jour le 26 septembre
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Vendredi 13 d&ecute;cembre 2024 21:51 (Paris)

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Poème de Saint-John Kauss

BÉANCE

pour Guedlie Lafayette

« la douceur envolée n’a laissé derrière elle
qu’un long ruban de velours déchiré
 »

(Roland Giguère)

Partagé --- je presse la main de mon amante en pleine aire d’écarts et de regards d’encrier
de poèmes bruts récités en traînées de syllabes hybrides au galop de l’humain

langue du vent mesurant les débris de la chair
toute la chair nue sans nul souffle dans les velus de l’hymen

néance à l’angle des déboires et le crane de chaque femme
corps des mots qui rebaptise les fresques par duvets de neige --- retrace du doigt les poses mon épaule allongée les fûts de délire et le chaos d’odeurs hybrides par lacis de plaisirs

mes filles ont hérité d’elle (ma femme)
et qu’elles valent toutes les princesses de la terre en pauses d’arc-en-ciel
radicelles immatures que je bénis jusqu’à la sève de leur amour --- jusqu’à la gémellaire rosée du plus doux des matins

du rut de mon amour retrouvé pour rompre toute liaison notée à l’infinitif des cœurs qui parlent sans mots
formule réfractaire que je dénombre en tas de rêves arrachés au centaure

retrace du doigt --- ma lippe d’airelle mon nom à la verticale griffonnant le drap de nos sens
mes cicatrices à ras de la laine ouvrant la route au mâle et à la femelle qui s’offrent la liberté de l’orme héraldique

testamentaire ton haleine qui me redonne le monde et droit à ta cité perdue dans ce désir safrané que dilatait la hampe de tes yeux

lamellaires blessures d’où j’imagine mes péchés chevauchant
l’androgyne globule de ma femme / ombelle affolée aux attroupements des lobes de l’amour

dit au creux de tes cuisses mon poème --- du cru de ta chair dément le bout des syllabes que je peins de troènes aux ajouts de notre amour en cognées de tendresse

je te touche afin de rompre ton exil passager qui fait défaut aux fouets de mes lèvres --- redonner corps aux assauts de la langue
glands de terre et de plaisirs en tas de mots et de frissons au fil des salives

tu remplis ma main de sève dans le bûcher des corps et griffonnant ton cœur qui ne dit mots dans le moût des caresses
retrace-moi du doigt la mordée des jambes jusqu’aux laines en chantier --- l’arc du premier venu et le chaos des gestes anesthésiques par coups de sceptre … et sous les dagues du désir

je te voulais enfin --- remplie d’amours ramassées en syntaxes d’un langage sans mots et sans bords
pour le soleil de ta bouche dans l’archet des plaisirs
je t’imagine questionnant chaque instant des athlètes à réciter ce chant --- mon poème d’amour dans le brouillard du plus petit matin de ta vaine naissance

dois-je toujours parcourir la vie --- ta vie comme un athlète jusqu’à forger ce poème qui est tien
dois-je pleurer dans l’antre / jusqu’au bout de tes yeux en transhumance de tes gestes au verger qui se presse

père et mère que nous sommes
clandestins informels en quota d’enfants nés dans le bonheur d’être aimés
géniteurs absolus mâchant la nuit et l’innocence au bord des fleuves du cèdre et de la sueur qui filent hors des grandes routes de l’homme --- corps d’un saut vers le maquis pour la sourde résiliation des hautes passes

Montréal, 03 juin 2005

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