Quartiers célébrés dans les rumeurs d’hiver
Ô quartiers d’amusés dans la rumeur des veuves et orphelins
de cette ville ignorée aux légers cœurs d’enfants retardés dans les coulisses du poème
Ô quartiers de rebelles aux gestes d’adolescents sombres d’épopées
plaines / pleines d’amours dégantées et de cœurs aux pieds nus
des cœurs torturés comme des barques à la dérive
des petites filles / mères de toutes les folies
sans soucis ni grâces d’un cœur qui bat
vers les hautes mers
célébrées ces voix dans la nuit pleines de mots / de joies crépusculaires la poussière des tombeaux sur le lit des croque-morts / gérants dans les moments de supplice que franchit l’aimante
retombées ces voix et ces fleurs que nul n’ignore dans le vagabondage des espaces de la chair / chère avant l’aube bienheureuse de l’orgasme d’hommes et de femmes nus entre mes mains / entre nos mains insolites comme s’il fallait pleurer
celle que j’ai aimée
Ô celle dont les yeux portaient les premières marées
de mes premières révoltes
celle qui n’avait pas froid aux yeux
qui disait l’horizon de l’amour
devant la montée de la moire naufragée
Ô celle que j’habitais dans l’évasion
totale de mes vieux souvenirs
nous habitions des mots vêtus de poèmes circulaires
graffitis de tous les matins à Saint-Michel
comté du grand désordre et de toutes les folles amours
insolites comme s’il fallait pleurer
pour ces tirs d’assaut dans la nuit
comme à la guerre dans les montagnes afghanes
entre le chaos et la mort d’hommes incompréhensibles
d’hommes à turban parmi les fleurs inanimées
d’hommes débonnaires qui ne savent pas où prier
dédoublés comme s’il fallait aimer
quartiers colorés dans les rumeurs d’enfants venus de nulle part
Ô quartiers d’amusés illuminés dans la détresse d’adolescents
aux mains de faussaire
quartiers de rebelles qui disent les vérités de l’immigré
quartiers de suppliciés et de noirs justiciers
aux mains habiles dès la naissance
et vous
hommes de veinelles et des hautes pistes
hommes que je cherche au grand sourire de l’initié
hommes de palme et d’herbage en hauts lieux
hommes tout court
et vous
femmes ou filles de patience
sans équivoques
femmes des rues aux fils transatlantiques
femmes vivantes dans la joie de nos villes
c’est de cette terre ignorée de cette lignée
dans le vent que renouvelle
de la plus vaste ruelle
de la plus large fissure
la liberté et l’amour
au pas des hommes de toutes les séquelles
Château Audoin (Montréal), journée d’Actions de Grâce, l’an 2006
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