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The Arts in Rodrigues

A Rodrigues, la musique traditionnelle est toujours bien ancrée dans la culture.

Malgré une tentative de la musique moderne de percer les moeurs rodriguais, la prise de conscience constante de la part de nos aînés musiciens, emmene de plus en plus de jeunes à apprendre avec engouement leur culture.

Cette musique c’est l’histoire de la rencontre entre trois cultures et traditions différentes ; celle de l’Europe, d’Afrique et de Madagascar. A l’origine, la tradition Européenne, est plutôt penchée vers la danse et la musique constituée essentiellement d’accordéon diatonique, alors que celles, africaine et malgache, se concentrent sur le séga-tambour, avec apport de percussions, danses et chants.

Une fois dans l’île, ces trois traditions s’amalgament et forment la danse traditionnelle rodriguaise, unique et originale.

A l’époque de l’esclavage, le séga-tambour était pratiqué pour traduire la souffrance des esclaves d’Afrique et de Madagascar. Le soir, moment de répit pour les esclaves, étaient l’occasion peur eux de se réunir et avec leur tambour chauffé au feu de bois, ceux-ci faisaient raisonner le rhythme de leurs pays perdus. Ils partageaient aussi des moments de joie ensemble. Mais, plus tard à Rodrigues, le séga tambour prend une autre tournure. Les aînés de l’île composaient, alors le sega tambour, en guise de chicanerie. C’est à dire, lorsque quelqu’un a fait du tort à son prochain, ce dernier, fâché réunit un groupe et chante une série de sega-tambour afin de se moquer de lui ou de le provoquer.

Des années après, elle prend le cachet promotionnel. Les artistes traditionnels la pratique dans le but de préserver leur culture pour mieux l’exporter. Elle était prisée, plus particulièrement par la population noire, qui venait dans les régions autres que Port Mathurin et Baie aux Huitres. Tant que cette musique leur était mal perçu. Mais, d’autres plus proches avec l’église considérait le séga-tambour comme étant malsain. Graduellement la perception sur la musique traditionnelle changea et partout à travers l’île on se laissa berçer par son rhythme. Elle favorise, cependant des rencontres intervillage ou intergroupe souvent dans le cadre de festivités culturelles.

Désormais, l’heure n’est plus aux chicaneries. Le séga tambour devient source de détente et synonyme de gaîté.

Régulièrement des bals ou soirées dansantes étaient organisées. Etaient à l’honneur danse de la cour et sega tambour. Les danses étaient très respectueuses. Le cavalier devait tenir sa cavalière à une distance respectable. Et au son de la musique, ils enchaînèrent avec kotis, mazok, mazok croisé, mazok carré, kotis galop, one step...., tandis que tambour, accordéon, triangle et autres instuments essayèrent de garder leur souffle jusqu’à 7 hrs du matin.

De nos jours, la musique traditionnelle a connu quelques petites alternances. On raconte dans l’île que ceux de la région de Port Mathurin dansent différemment aux autres. Néanmoins, elle demeure une culture que le peuple Rodriguais a su précieusement préserver, malgré l’affluence de la modernité. Aujourd’hui, la danse apporte une l’identé propre à l’île. Très prisée lors des spectacles et activités culturelles, la musique traditionnelle a permis de promouvoir Rodrigues dans la région, à La Réunion et aux Seychelles, en Europe (en France, en Angleterre, en Suède), ainsi qu’en Australie.

La danse

La danse traditionnelle, se pratique toujours dans le plus grand respect des deux partenaires. Pour ne pas salir les vêtements de sa sémez (semeuses ou danseuses, qui auparavant semer des graines d’haricot) de ses mains moites, et vis-versa, le cavalier ou la doit tenir un grand mouchoir à l’endroit où se repose sa main. Lorsque le rhythme bat son plein, avec beaucoup de retenu, les partenaires se laissent entrainer au pas du mazok(la danse mazurka), mazok croisé, mazok carré, kotisse (la danse scotish), le polka, la val (la valse).

Mais l’ambiance bonne enfant devait se changer quand vient le séga-tambour. Le principe du séga-tambour veut qu’une cavalière n’ait pas un cavalier fixe : tout le monde danse en même temps. Lorsqu’un danseur à eu une semeuse pour danser, un deuxième tente d’interrompre sa danse en esseyant de barrer ou couper un séga avec sa semeuse. Alors que l’intrus persiste, le cavalier doit finalement lui céder sa place. Il arrive, toutefois, que la semeuse ne décide d’esquiver pour aller rejoindre un troisième danseur. Parfois, il peut y avoir de la bousculade, mais qui ne déboucha fort heureusement sur aucun incident désagréable. Cette pratique, cependant se fait avec beaucoup de politesse et courtoisie.

Les instruments utilisés

La musique traditionnelle rodriguaise est accompagnée d’instruments artisanaux. L’instrument principal est le tambour fabriqué avec la peau de chèvre séchée que l’on colle sur un cadre circulaire fait de bois. Il doit être chauffer tout près du feu de bois pour apporter plus de poid à l’ambiance. Il est souvent accompagné de triangle (fabriqué à l’aide de deux pièces de métal, l’une pliée en forme de triangle et l’autre, une bar uniquement servant à le frapper). Lorsque le maréchal (marésal : celui qui dirige la troupe) ou la maréchale entonne les deux premiers syllabes, le tambour entre suivit peu après du triangle. Puis, le son du koko (deux nois de cocos séchées dans lesquelles ont a introduit des graines et le secoue pour faire l’harmonie avec la musique) ou frappement de mains ou de ‘mayos’ (mailloches : deux plaquettes de bois avec lesquelles on fait les mêmes gestes pour donner un son sec) ou deux boîtes de conserve vides. Pour apporter comme de la basse, on accorde du brobre (bom : arc que l’on fait résonner en le cognant avec un baton) à l’ensemble.

Les musiciens peuvent jouer ainsi jusqu’à ce que le tambours se refroidissent. Les ségas tambours se terminent généralement par un "madelon" (ô madelon, sé sa), avec éclats de rire et des exclamations de joie qui s’ensuivent.

Quelques paroles de sega tambour :

1. Sega la guerre

Femme là monté, desanne

Li all cherche so longaniste

Pou ensort Dymen

Dymen, mo ti li chien

Mo’ne dire toi pas content

Dymen, mo ti li chien

Les dents rouillés dans la gueule

Mo rempli mo balle zarico

Mo donne dans la main sié Hubert

Donne dans la main sié Hubert

Sié Hubert pas donne moi réponse

Mais alla Dorival arrivé

Mo demande nouvelles sié Hubert

Cotte sié Hubert ine allé

Sié Hubert, ine alle Bourbon

Mo mange enn bouchée

Cuillère la tombé

L’heure mo tappe ar toi, mo zézere

Le coeur faire mal

Martin casse la bouteille

La bouteille fini cassé

Martin casse la bouteille

La bouteille fini cassé

2. Sega Social

Mo zenfants pas chagrin

Quand même codé chante zotte

Codé enn chef pêcheur dehors

Coupeur la chaîne mo li chien

Ce monsieur, faire attention

Pangal- codé tiombo zotte

Mo li chien délicat tombé

Vomi sans cesse dans la cour

Court pas passé craché

Pou ce qui Timoumoune apé faire

Timoumoune madame pionnier

Garde so beau père avant l’heure

Ala femme la, femme la femme 1a

fine perdi so couteau

Fine perdi so couteau cote touffe bambou grand fond

Cote sa ? Cote touffe bambou grand fond

Roule, roule Marthésie content l’assassin

Tifi là li bien content

Pou li vini deux galants

Mo tane madame Elie Criyé bateau la pas pou rentré

Bateau la pas pou rentré

So le mat dans fond Grand Baie.

3. Sega historique

Le 8 février dormi

Nous tende tremblements dans Rodrigues

Tende tremblements dans Rodrigues

Céline 2 pé vine voir nous

Céline 2 pé vini voir nous

Céline 2 pé vini

Mais Céline 2 pé vine voir nous

Mais li amène delo pou nous boire

Li ti amene delo

Amene delo pou nous boire

Pas gagne du sic pou sicré

Pas gagne du sic pou sicré

Pas ti gagne du sic ô

Nou pas ti gagne du sic pou sicré

Les bals d’antan

Avant l’avènement des appareils électroniques dans le moeurs Rodriguais, les bals étaient organisés. Ils se prénommaient comme "bal souscrit" ou "bal rane zaricot ". Le bal souscrit fut très populaire à Rodrigues, car, c’était l’occasion pour de belles rencontres amoureuses entre filles et garçons. Les invitations se faisaient par envoie de carte à chaque famille. Ces bals étaient considérés comme digne et respectable, car, les familles qui était invitée était choisie en fonction de leur position sociale.

Le bal commençait vers 19hrs pour s’achever aux petites heures du matin. Les dames étaient très fardés étaient vêtues de robes longues ou avec beaucoup de dentelles (pleins volants) avec pour accessoire, un bouquet dans les cheveux. Pour les hommes, les costumes étaient de rigueur.

Pour organiser ce genre de fêtes dans les familles, les places étaient souvent limitées, les maisons n’étant pas assez spacieuses à la l’intérieur. De ce fait, des salles vertes étaient construites : on couvrait les rondins avec un prélart ; pour le toit et le bas, était entouré de supports de sac de goni ou feuilles d’aloes. A l’intérieur, elles étaient ornées de feuilles de coco, palmistes, fougère, rose d’épine, ainsi que toute sorte de gerbes décoratives. L’entrée était gratuite. Néanmoins, chaque famille devait se souscrire. Le jour du bal chaque homme avait à contribuer petite somme d’argent pour permettre d’acheter les collations (la boisson ek gajacks). Les collations se composaient de boisson alcoolisées et de plats typiques. Les organisateurs servaient le vin"la cloche", baka, ou la liqueur. Parfois, ils servaient une autre boisson appelait "ti lanbik". Mais défendu, par la loi, le "ti lanbik" fut abandonné. Chaque heure, on servait les invités. Le matin, c’était une tasse de café qui était offerte. Lorsque le propriétaire tardait à servir, les invités chantaient :

"Dans To calebasse, Joseph,

Na péna di miel"

Les bals étaient l’occasion pour beaucoup de fredonner des romances, suivies d’une chanson à boire :

Il faut boire à sa santé

Il faut boire à sa santé

A sa santé

A boire , à boire, à boire

Nous quittons pas sans boire

Les Rodriguais sont pas si fous

De se quitter sans boire un coup

Le chanteur a bien chanté

Il faut boire à sa santé

A sa santé

A boire, à boire, à boire

Les italiens nous avons pas

Un bon créole n’est pas fou

De se quitter sans boire un coup"

Les bals séga tambour était aussi forts communs. Ils n’étaient pas réservés contrairement aux « bals souscrits ». L’entrée y était gratuite. Au cours de la soirée, le propriétaire, uniquement était permis de circuler des boissons alcoolisées que les gens achetaient.

Semblable à cela, le bal populaire était très pratiqué pendant un moment. Néanmoins, il devait cesser pour cause de bagarres entre les hommes enivrés.

Le bal ‘ ran zarico’ ou ‘ran lerwa’ refait surface aujourd’hui. Dans le passé un couple, appelait le roi et la reine, s’occupait de l’organisation de ce bal. C’était un genre de jeu, mais, auquel on accordait beaucoup d’importance. C’était le terrain pour la socialisation, le respectabilité et la mobilité des citoyens.Avant la danse, le couple avait à préparer un gâteau (pudding de maïs) dans lequel il devait dissimuler une graine de maïs ou de haricot. Le gâteau était, ensuite, coupé en tranche sans laisser paraître la graine à l’intérieur. Pendant que les couples dansaient en cercle, vers minuit, l’hôte distribua la part à chaque couple. En recevant la graine la cavalière était couronnée reine et son cavalier, roi. Mais, le plus important était qu’ils auraient l’honneur de recevoir des couples chez eux pour le prochain bal.

Ces activités favorisèrent la socialisation et la solidarité entre villageois. A l’occasion de chaque bal, d’autres personnes se concertèrent les actuels organisateurs afin de les aider à mettre au point l’organisation de cette activité. Une forme d’unité et de bonne entente faisait suite à cela. Le jour des bals permit également aux jeunes filles qui n’avaient pas l’habitude de sortir de rencontrer des prétendants. Car, les invités venaient toujours de diverses régions éloignées de l’île.

A l’heure du dîner, tous les invités recevaient à manger. Etaient servis : pattés, bu pain frit, poison frit, cari d’ourite. A minuit, on servait, un bol de soupe vermicelle poulet.

Au petites heures du matin, le bal se termina. Avant que les invités ne partaient, vers 6hrs, on servait la soupe à nouveau. Les sémez (semeuses) étaient offertes du pain et de la confiture (di pain compote). Les hommes buvèrent aussi un coup pour la route et cela s’appelait "Last for the road". Si le propriétaire tardait encore, les invités chantaient :

"Boire la santé pour tout le monde

Boire la santé verre à la main

Buvons, buvons et encore buvons

Et encore, pour la dernière

Donne encore enn ti verre divin

Donne encore enn ti verre divin

Pou nou mette en route

Enn verre, enn verre, donne encore enne verre

Donne enbcore enn verre

Pour la dernière"




BÔ KAY NOU


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