Mise à jour le 26 septembre
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Lundi 04 novembre 2024 07:56 (Paris)

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Poème de Saint-John Kauss

TOTEM

à Roland Barthes

« Nous n’aurons plus à nous tourmenter
De nos grandes fautes éblouies
Ni du vertige du vide
O Vide
 »

(Alain Grandbois)

Retage de Préfète Duffaut

le vide ô solitude
arche des gémeaux en transit sous les pas du pollen

vide de la liberté d’une main dans l’écrit ――― des deux dans les cassures du cri pendant l’amour
dans le rut des échos / des blessures par souffles de rumeurs

ô vide de l’amitié gagnée sous la léchée des gestes en otages de la joie
arche du capricorne ――― épaule nue de la blessure

le vide / la solitude du texte des écritures d’enfants en colonies d’apprentissage sur le chemin du globe

ô pirateries
des cinq points sur ma poitrine
métaphysique langage / l’iris de mon âme
cavalerie de signes et mots de ma main
codés dans les sous-sols / les fûts de ma source en brouillons de pupilles
ô grimoires que j’ai violés jusqu’au bout de mon plus petit doigt

écrits des forges / fous de la page
les marges au van des lanières de thyrses et d’anges
suée de belles fleurs pressées en grumeaux infinis
terres d’enfance en couples des cavernes au plus vaste de l’exil

le vide / l’exil
arche des mèches froides en chardons de voyelles

vide de la présence et de l’absence d’une main dans l’écrit jusqu’au sel de l’as de cœur
jusqu’au ceps de la prochaine victoire sur la langue

jusqu’à mon poème trébuchant au-delà de la folie des cors
jusqu’au chant suprême et jusqu’à l’haleine des yeux je m’installe
par lacis de rêves aux plus hautes tours de vos hanches
Ô femmes de nos veilles

entre trois pelletées de sable et le fou de l’oiseau
les pinçons qui sucent les mots et le sang des syllabes fatiguées des équations sans maîtres ――― lettres et alphabets des lettres jusqu’au faîte de la dernière victime

Villon / Rimbaud / Racine
grandes orgues du silence des archives et des métamorphoses brutes de l’écriture laminée sous le signe de la danse

par enjambées de rêves hirsutes nous lirons
Hugo / Baudelaire / Eluard / Mallarmé / René Char et Perse
poètes de la liberté du nu au grand désordre de l’humain ――― grands magiciens / envahisseurs chevauchant les mots pour l’écrit de la nuit

par l’écrit de l’ophrys / de l’opaque lierre des ratures de la giroflée / du pers et du fuchsias / de l’interdit merisier ――― orphées sans mors dans l’outrance des hautes feuilles
d’assauts de mots envisagés par ramées vers le chant

par l’écrit de l’orme du bouleau et du cèdre jusqu’au regard double du pin captif dans l’anse ancillaire de la débauche ――― je me promène dans la vallée des mots et des mésanges en grue sous la supervision formelle de l’homme dans l’écrit de chaque nuit

Montréal, août 2004




BÔ KAY NOU


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