Mise à jour le 26 septembre
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Grégoire Aniocles - 3

Explorer la mine d’art de l’artiste

Grégoire Aniocles en images et en mots

par Marie Flore Domond

Dans le second chapitre de l’entrevue réalisée avec l’artiste peintre et sculpteur Grégoire Aniocles, nous voulons faire de plus amples connaissances avec l’homme. Car s’il décompose son environnement comme bon lui semble à travers son art, il est juste qu’il dédouane ses expériences dans le contexte familial autant que social.

Q La croyance populaire désigne la plupart des artistes comme des personnages terriblement capricieux, vivant souvent dans leur propre bulbe. Vous sentez-vous dans cette catégorie ?

R. Autre que mon désordre environnemental qui est d’ailleurs bien structuré, je me considère comme un artiste professionnel qui gagne sa vie à partir de son métier. Mais de façon générale, de nos jours, l’artiste devient plus rationnel, moins émotif.

Q. Comment définissez-vous un artiste professionnel d’un artiste tout court ?

R. L’artiste professionnel n’a pas le choix de planifier, de s’organiser pour pouvoir réaliser ses projets et faire vivre sa famille. Remarque qu’on peut avoir du talent et être un artiste professionnel. De même qu’on peut ne pas avoir de talent et être un artiste. Dans ce cas précis, on est doté d’un gros bons sens. Quoiqu’il en soit, il faut un minimum de compétence à quelqu’un pour évoluer dans son domaine.

Q. Autrement dit, un artiste professionnel n’aurait ni le temps, ni l’envie d’incommoder les autres avec ses caprices ?

R. Si vous insistez, je vous dirai qu’il a des Stars et des artistes. Personnellement, je n’impose rien. Je ne me complique pas la vie. Je la vie simplement et la plus agréablement avec les autres.

Q. Quel est le meilleur moyen que quelqu’un pourrait procéder pour interpréter vos œuvres ?

R. Je ne peux rien vous dire en ce qui concerne mes œuvres. Car, dès que mon nom est signé en dessous d’une pièce quelconque mon bouleau est terminé. J’efface tout de ma mémoire. Mon travail n’est pas d’expliquer. – Permettez-moi l’expression, vous vous moquez un peu du monde ! - Non, je ne plaisante pas. Le public prend la relève aussitôt que je fini le mien. C’est justement pour cette raison que mes œuvres sont très suggestives. D’ailleurs, je suis incapable d’exprimer l’évidence. Grâce aux spectateurs, je découvre mes œuvres. C’est à leur tour de développer, d’interpréter, de me transmettre quelque chose.

Q. Hormis la dimension de l’esthétique, à quoi sert un cadre dans la finition d’une pièce picturale ?

R. Le cadre est très important. Il apporte une uniformité à l’ensemble de l’œuvre.

Q. Quel est votre principal engagement entant que citoyen et artiste ?

R Ma plus grande préoccupation s’oriente vers les jeunes. Je voudrais qu’ils soient beaucoup plus responsables. Mais si je dois vous parler de ma conviction profonde, j’aimerais que mon pays, Haïti soit économiquement et politiquement stable. Je vis à l’étranger, et le fait de ne pas pouvoir participer à l’essor de mon pays me dérange. Le monde ne sera jamais parfait, je le sais. L’important c’est que chacun puisse mettre du sien afin de pouvoir avancer tranquillement.

En passant, je dois vous avouer que ma clientèle est étrangère. Jusqu’ici, je n’ai jamais vendu une toile ou une sculpture à un de mes concitoyens. C’est dire que « je ne suis pas prophète chez moi » ! (Rire)

Q. Quelle aide concrète pensez-vous pouvoir apporter à votre Nation monsieur Aniocles ?

R. Mon souhait le plus cher est de pouvoir partager mes connaissances avec les jeunes en Haïti.- Mais pour le moment, vous avez votre famille à guider en ce sens. N’avez-vous donc pas des enfants qui sont prêts à suivre votre trace ? – Ma fille de neuf ans s’intéresse pour le moment à la peinture. Rien n’est définitif. Qu’adviendra t-il plus tard. Je ne sais pas ! De toute façon, les enfants doivent être libres de décider. C’est important de les accompagner, de les guider, les conseiller, Cependant, je ne pourrais pas lui imposer un choix de vie.

Q. Que pensez-vous des années sabbatiques ou sympathiques que prennent les jeunes gens avant de décider le leur choix de carrière ?

R. Pour moi, ce sont des années perdues. L’option de l’Université de la vie, par contre, me plait bien. S’il s’agit de voyager, de travailler, fouiller, multiplier ses rencontres, faire du bénévolat, c’est plus qu’enrichissant pour des jeunes qui participent à ces activités.

Q. En parlant d’implication, j’espère ne pas vous avoir scandalisé en étalant au grand jour une transaction privée dans l’affaire de la PLACE DE L’UNITÉ. Avez-vous le regret d’avoir soumis sans protection ou brevet un tel projet ?

R. Honnêtement, non ! On ne peut pas travailler en permanence sans rien confier à personne, sans impliquer d’autres gens. Agir ainsi, c’est avoir la prétention de l’exclusivité des choses. Je n’ai jamais pensé avoir l’exclusivité sur un projet pour commémorer le bis centenaire d’Haïti.

Ce qui me dérange sérieusement, c’est qu’on n’a pas été cherché un artiste haïtien. Il s’agit là du projet d’une communauté, le nôtre. En ce sens, tous les artistes haïtiens son perdants, à mon avis. Tout le monde veut avoir la paternité. Le MOI prends toujours le dessus. Ce qui est surtout regrettable c’est notre mauvaise culture de récupérer les idées des autres en étant incapables de travailler ensemble. Je ne compte plus les fois où je me suis fait berné. Il y a eu le projet de Savana, celui d’Emmanuel Pierre Charles, puis le projet concernant Coupé Cloué et Martha Jean-Claude…

Avant la fin du présent entretien, j’aimerais que vous me promettiez de m’accorder une entrevue exclusive sur la sculpture.

R. Je serai à votre disposition n’importe quand, madame Domond.

Sur ce, je vous remercie monsieur Aniocles. Et j’en profite pour souhaiter une année productive et prospère.

Nouvelle collection de sculpture de l’artiste Aniocles




BÔ KAY NOU


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